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Halte à l’indécence
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 14 juillet 2006

Les impératifs du bouclage des hebdomadaires ne permettent, certes pas, d’être toujours en mesure de coller à l’actualité. Mais, cela ne dispense pas d’une certaine retenue. Ainsi, en l’absence de Claude Imbert, l’éditorialiste habituel du newsmagazine Le Point, généralement mieux inspiré, Patrick Besson nous semble avoir quelque peu dérapé, dans le numéro du 13 juillet.

Libre à ce polémiste de talent d’être indisposé par la litanie de certains thèmes qui reviennent, régulièrement, dans les médias et, à ce titre, d’imaginer « Une journée sans » : sans tabac, sans auto et sans Chirac-Sarkozy-Villepin ».

Mais, là où nous pensons que Patrick Besson frise les limites de l’indécence, c’est lorsqu’il manifeste, en quelque sorte, son allergie à la place prise par le conflit israélo-palestinien dans les médias.

Nous aurions, certes, pu admettre - car il aurait manifestement eu raison - qu’il considère que les médias pourraient, en quelque sorte, oublier la communauté juive de France, à laquelle sont régulièrement consacrés, trop souvent, des couvertures, des reportages ou des critiques d’ouvrages aux titres accrocheurs.

Mais de là à manifester, en évoquant - on ne sait pourquoi - Saint Louis, une certaine indigestion du fait que « cinquante huit ans que ceux-ci (les médias) sont pleins de la castagne.....entre Juifs et Arabes », nous paraît témoigner d’une certaine indécence.

Indépendamment de la tournure prise par les événements, juste avant le bouclage du périodique, la gravité de la situation - que l ’éditorialiste ne pouvait pas ignorer - du seul fait de l’enlèvement, en territoire israélien, du caporal Shalit, aurait dû le conduire à peser ses mots.

On ne peut être que révolté par l’affirmation selon laquelle « pas vingt-quatre heures, depuis 1948, sans qu’on ait le récit détaillé des misères que s’infligent ces deux petits peuples (7 millions d’Israéliens, 3 millions de Palestiniens- (souligné par nous).

C’est faire injure, ne serait-ce qu’aux seuls milliers d’Israéliens morts entre la déclaration d’indépendance et la guerre de 6 jours, en 1967, au lendemain de laquelle on a entendu, pour la première fois, parler d’un peuple palestinien revendiquant un Etat.

Comme bon nombre de journalistes ignares Patrick Besson oublie que les habitants non-juifs du territoire sous mandat britannique avaient refusé, en 1947, la coexistence de deux Etats : l’un juif, l’autre arabe.

On n’a pas le droit d’écrire - car l’humour n’est pas permis dans certaines circonstances - « ce qui serait sympa, c’est qu’ils s’arrêtent. Une journée, au moins ».

Que Patrick Besson s’adresse aux terroristes qui s’en prennent volontairement aux civils ou qui, déguisés en paisibles bergers, par exemple, (v. ici même le 13 juillet) enlèvent des militaires.

Mais de grâce qu’il ne mette pas - lui aussi - sur le même plan les agresseurs et les victimes.

C’est tellement facile et cela donne bonne conscience de ne pas vouloir regarder la réalité en face.

Et quand l’éditorialiste de remplacement du Point se croit spirituel en évoquant la crise qui résulterait d’un arrêt des hostilités, du fait que les journalistes, les premiers surpris (et les familles israéliennes alors ?) « ne sauraient pas sur quoi écrire », on a envie de lui crier : Trop c’est trop....

Pour lui, « c’est devenu tellement mécanique, le conflit israélo-palestinien, qu’on peut faire l’article en pensant à autre chose. Nos prochaines vacances, notre nouvelle voiture ».

Il est vrai qu’il pense - à tort, la preuve - que « comme personne ne lit ces textes puisque ce sont les mêmes depuis cinquante-huit ans, on a un confort total ».

S’il est vrai que Patrick Besson est - pourrait-on dire - « à l’aise dans ses baskets », nous, nous souffrons

Alors qu’il n’a pas eu un mot pour les victimes innocentes qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes, il voudrait pousser « un ouf de soulagement ».

Le pauvre, en tant que journaliste : « Il n’en peut plus, lui non plus, du conflit israélo-palestinien ».

Pourtant cela alimente ses piges....

Tandis que, chaque matin, des familles entières appréhendent les 24 heures qui vont se dérouler, Patrick Besson se plaît, en conclusion de son éditorial, à rêver d’une journée sans un article de lui.

Nous aussi, d’ailleurs.



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