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Le footballeur ghanéen qui a brandi le drapeau d’Israël
Extrait de L’Arche n° 579-580, juillet-août 2006
Article mis en ligne le 6 juillet 2006

Peut-être avez-vous vu la chose d’un œil distrait, en regardant à la télévision un match de la Coupe du monde de football. Un but est marqué, qui assure au Ghana sa présence dans la suite de la compétition. Les joueurs exultent. Soudain, on voit un morceau d’étoffe bleu et blanc voler au-dessus de la pelouse verte. C’est le défenseur ghanéen John Paintsil qui a déployé le drapeau d’Israël.

Les commentateurs français, sur le coup, ne comprennent rien et n’accusent même pas le coup. La presse, toute prise par les problèmes des « Bleus », n’en parlera guère. C’est pourtant un petit drame qui vient de se dérouler. Retour sur image.

Le 17 juin, donc, au stade de Cologne, à la 82e minute du match opposant le Ghana à la République tchèque, le Ghana marque son deuxième but (il l’emportera finalement par deux buts à zéro). Les joueurs s’embrassent, comme de coutume. John Paintsil sort alors un grand drapeau israélien, qu’il avait gardé dans une de ses chaussettes, et le brandit fièrement. Les caméras de télévision enregistrent cette scène incongrue, aussitôt diffusée dans le monde entier.

Si la chose passe inaperçue dans certains pays, il n’en va de même dans les pays directement concernés. À commencer par les pays arabes. Le commentateur de la chaîne arabe câblée qui diffuse la rencontre s’arrête tout net dans son commentaire : « Qu’est-ce que tu fais ? », dit-il soudain, s’adressant au joueur ghanéen.

Ce qu’il a fait, John Paintsil l’explique dès son retour aux vestiaires : il a voulu remercier les supporters israéliens qui l’ont toujours soutenu lorsqu’il évolue dans son club, le Hapoël Tel-Aviv. « Je suis heureux, et je suis content de vous avoir rendus heureux », déclare-t-il à un portail internet israélien spécialisé dans le sport. « J’aime les supporters en Israël. C’est pourquoi j’ai décidé de sortir ce drapeau. Les supporters de Tel-Aviv m’ont toujours rendu heureux, et j’ai voulu le leur rendre. »

Le ministre israélien des sports, Ophir Pinès-Paz, est sensible à cette attention : « Le geste de Paintsil nous a fait chaud au cœur. » Quant au club de Paintsil, Hapoël Tel-Aviv, il publie un communiqué où on lit : « Le club est fier de son joueur John Paintsil, qui en brandissant le drapeau bleu et blanc à la Coupe du monde a exprimé les liens chaleureux qui l’unissent au club et à notre pays. »

John Paintsil, âgé aujourd’hui de 25 ans, a fait ses débuts de footballeur dans son pays natal. En 2001, il faisait partie de l’équipe du Ghana lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans qui s’est disputée en Argentine (les Ghanéens ont été battus par les Argentins en finale). Depuis 2002 il réside en Israël, où il a joué d’abord au Maccabi Tel-Aviv puis, depuis 2005, au Hapoël Tel-Aviv. Paintsil n’est d’ailleurs pas le seul membre de l’équipe nationale du Ghana à jouer en Israël : c’est également le cas du gardien, Sammy Adjei (qui joue à Ashdod), et d’un autre défenseur, Emmanuel Addoquaye Pappoe (qui joue à Hapoël Kfar Saba).

Interviewé après la rencontre par le journal ghanéen The Chronicle, le jeune homme a donné une explication complémentaire à son geste. Avant d’entrer sur la pelouse, il avait fait une prière passionnée (Paintsil est un chrétien pratiquant, et il prie toujours avant ses matches), et la victoire remportée par son équipe lui est apparue comme une réponse à cette prière. « J’ai regardé le drapeau et j’ai prié Dieu en lui demandant la victoire. C’est vraiment Dieu qui l’a fait. J’ai donc voulu remercier Dieu et les supporters en Israël. »

Les journalistes sportifs israéliens font observer, par ailleurs, que ce déploiement du drapeau n’est pas une chose nouvelle chez John Paintsil. Il lui est déjà arrivé de sortir à la fois un drapeau israélien et un drapeau ghanéen ; la dernière fois, c’était lorsque son équipe, Hapoël Tel-Aviv, a remporté la Coupe d’Israël.

En Allemagne, l’initiative de Paintsil suscite peu de commentaires de la part des responsables de la Coupe du monde. Un porte-parole de la Fédération international de football (FIFA), Markus Siegler, se contente de dire que cela ne pose aucun problème particulier à la FIFA.

Les responsables de la Fédération ghanéenne de football veulent eux aussi minimiser l’incident. S’exprimant devant des journalistes couvrant la Coupe du monde, un porte-parole de la fédération, Randy Abbey, déplore la « naïveté » de Paintsil et présente ses excuses « à toutes les personnes qui ont pu en être offensées ». Il ajoute : « Nous ne faisons pas de politique. Nous ne soutenons ni Israël ni les pays arabes. Il est regrettable que le joueur n’ait pas été conscient de la situation politique. Cependant, il nous a présenté des excuses et il faut s’en tenir là. »

À Accra, capitale du Ghana, l’inquiétude est plus grande. En effet, des ambassades ghanéennes dans certains pays arabes ont reçu des appels téléphoniques menaçants. Nana Akaffo Addo, ministre des Affaires étrangères, doit s’adresser à la presse afin de présenter des excuses aux pays arabes : « Nous avons pris contact avec les diplomates du monde arabe, et nous leur avons expliqué que ce qu’avait fait Paintsil n’a rien d’officiel. Nous espérons que ces excuses les calmeront. »

Dans le monde arabe, en effet, l’affaire a fait des vagues. Nous avons évoqué plus haut la réaction stupéfaite du commentateur de la télévision qui a retransmis en direct, à tous les spectateurs arabes, la scène du drapeau. Mais c’est en Égypte que les réactions ont été les plus virulentes. Le quotidien Al-Akhbar décrit Paintsil comme « ignorant et stupide ». Un autre quotidien, Al-Masry al-Yom, affirme dans son titre : « Les Égyptiens ont soutenu l’équipe du Ghana jusqu’à la 82e minute, et ils l’ont regretté après le drapeau israélien ».

Pourquoi Paintsil a-t-il fait cela ? Les explications données par l’intéressé n’ont pas convaincu les journalistes arabes. Il a été payé par Israël, a-t-on pu lire. C’est un agent du Mossad, disent d’autres.

Mais la palme revient à un nommé Hassan el-Mestekawi, commentateur sportif du grand quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram. Voici, selon Al-Ahram, la vérité que l’on nous a si longtemps cachée. De nombreux footballeurs ghanéens ont été éduqués dans des centres de formation créés par un entraîneur israélien qui « a découvert des réserves de talents en Afrique, et a exploité la pauvreté des enfants du continent ». Cet homme - authentique Fagin du football contemporain, esclavagiste des temps modernes - a mis sur pied des centres où il forme des jeunes Ghanéens qu’il vend ensuite, au meilleur prix, à des clubs européens. Or, révèle Hassan el-Mestekawi, « le programme d’entraînement de ces enfants commence, chaque matin, par un salut au drapeau israélien ».

Enfin, tout s’explique.



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