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A propos de bon sens : à chacun son métier
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 3 juillet 2006

Sur le site de Proche-Orient.Infos, un universitaire israélien n’hésite pas, le 3 juillet 2006, à écrire sous le titre « Un peu de bon sens , qu’« Israël fait erreur en liant le problème de l’enlèvement du soldat et celui des missiles qui pleuvent sur Sdérot ».

N’étant pas politologue comme notre collègue et surtout n’étant que Français, je me suis toujours gardé de critiquer publiquement le gouvernement israélien.

En revanche, nous n’avons jamais hésité à déplorer certaines déclarations publiques de responsables politiques israéliens, même ministres, dont les thèses nous paraissant « excessives », étaient de nature à décrédibiliser les positions officielles du gouvernement israélien, sur la scène internationale.

Nous persistons à penser que l’esprit démocratique qui anime la société israélienne devrait cependant conduire à une certaine réserve, un self restraint, comme diraient les Anglo-saxons.

Et, là, nous pensons que notre collègue va trop loin, apportant de l’eau au moulin de ceux qui trouvent, toujours, à critiquer Israël : ou bien on reproche aux dirigeants israéliens d’en faire trop ou on leur reproche de ne rien faire....

Nous avons, ici même (v. 1er juillet 2006), expliqué pour quelles raisons, l’opération « Pluie d’été » ne violait pas le droit international.

Sans méconnaître les conséquences fâcheuses pour la population palestinienne de certaines destructions provoquées par cette opération, nous n’en considérons pas moins que le gouvernement israélien était en droit, de l’entreprendre, au nom de la légitime défense.

Rien ne s’opposait, au regard du droit, dès lors que la légitime défense était, effectivement, menacée à la fois par l’enlèvement d’un citoyen israélien - fut-il militaire - et par les lancements incessants de roquettes Qassam, que l’armée israélienne poursuive un double objectif.

Retrouver Guilad Shalit et entraver les déplacements des lanceurs de ces roquettes nous paraissent constituer des objectifs légaux et légitimes.

Il nous semble d’ailleurs qu’il relève de la compétence de la Knesset, et non de celle d’un politologue, même talentueux, de critiquer, publiquement, les initiatives prises par le gouvernement israélien.

Le journal Le Monde a - le fait mérite d’être signalé - tenu à citer, le même jour, la déclaration faite par le Premier ministre israélien, selon laquelle « Nous ne permettrons pas une crise humanitaire. Nous ferons tout notre possible en la matière, car nous ne combattons pas le peuple palestinien et ne permettrons pas qu’il soit meurtri ».

Et le grand quotidien du soir d’indiquer l’ouverture, dimanche du terminal de Karni, pour permettre l’acheminement de vivres et de produits pétroliers.

Il est vrai que, comme antidote à cette présentation de faits non défavorables à Israël, un envoyé spécial à Gaza donnait la parole à un Palestinien, dont le fils avait été arrêté, il y a quelques années, alors que, porteur d’une ceinture d’explosifs, il s’apprêtait à commettre un attentat-suicide et avait été condamné à 26 ans de prison pour cela.

Ce Palestinien, indigné, n’hésitait pas à déclarer, fort justement, que « la convention de Genève s’applique à tout le monde ».

Encore fallait-il que les faits reprochés aux Israéliens soient effectivement condamnables.

Or, il accusait les Israéliens de violer, notamment, les articles 114 et 190 de la 4ème convention de Genève sur la protection des personnes civiles.

L’article 114 reconnaît, effectivement, le droit aux « internés » (cette appellation peut, toutefois, difficilement s’appliquer à une personne condamnée pour avoir, ostensiblement, préparé un carnage) de bénéficier de « facilités » en vue de gérer leurs biens : ils pourraient même demander à être autorisés à sortir du lieu d’internement, dans les cas urgents, et si les circonstances le permettent ».

Cet assassin en puissance avait 20 ans à l’époque des faits......

Quant à l’article 190 il n’existe pas, la convention ne comportant que 159 articles....

En revanche, le père de cette victime d’Israël aurait pu se souvenir de l’article 42 de ladite convention qui autorise l’internement « si la sécurité de la Puissance au pouvoir de laquelle ces personnes se trouvent le rend absolument nécessaire ».

On peut difficilement contester qu’un homme porteur d’une ceinture d’explosifs qu’il est prêt à actionner ne constitue pas une menace à la sécurité....

Mais, le père de cette victime reproche, aussi, de n’avoir pu rendre visite à son fils Moussa, depuis son arrestation.

On apprend que des « raisons sécuritaires » lui ont été opposées, mais que.....sa mère et son jeune frère sont autorisés à le voir.

Le journaliste décrivant le bureau d’Ahmed Moussa nous signale que son bureau, qui abrite l’Amicale des familles de prisonniers de la bande de Gaza, est « tapissé de posters à la gloire des martyrs palestiniens ».

Et l’interview de se terminer par cette constatation désabusée : « la communauté internationale ignore ses (il s’agit d’Israël) violations du droit international. En revanche, quand des combattants palestiniens s’emparent d’un soldat, au cours d’une opération de nature strictement militaire, le monde entier s’indigne. C’est un cas flagrant de deux poids, deux mesures » (souligné par nous).

Tant le politilogue israélien que le père palestinien devraient s’en tenir au domaine de leurs compétences.

Comme le disait, déjà, au 18ème siècle, un petit-neveu de Voltaire : « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées ».



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