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Les questions insidieuses lors du point de presse du Quai d’Orsay
David Ruzié, professeur émérite des univeristés, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 27 juin 2006
dernière modification le 28 juin 2006

Le dernier thème abordé, lors du Point de presse du 27 juin du porte-parole du Quai d’Orsay, concernait le Proche-Orient : La première question se présentait ainsi : « Après l’enlèvement d’un soldat, y a-t-il une coordination entre l’ambassade de France à Tel-Aviv et les autorités israéliennes et palestiniennes ? Si oui, avez-vous des garanties de la part des Israéliens, si les Palestiniens libèrent le soldat franco-israélien, qu’il n’y aura pas d’attaque contre Gaza ?

La réponse prudente du diplomate français indiquant que « la France rappelle que la solution au conflit israélo-palestinien ne peut être que politique » et qu’ « elle en appelle à toutes les parties pour faire les gestes nécessaires afin d’éviter la détérioration de la situation et afin de permettre la reprise du processus politique » n’a, apparemment, pas convaincu le « journaliste ».

D’où cette « récidive » : « Si, par exemple, les Palestiniens acceptent de libérer le soldat franco-israélien, la France a-t-elle des garanties de la part du gouvernement israélien qu’il n’y aura pas d’attaque contre les Palestiniens à Gaza ou en Cisjordanie ? »

Et cette réponse du porte-parole : « Nous appelons....... les parties à faire les gestes nécessaires et à faire preuve de retenue. Je crois que cela répond aussi à votre question »

Mais l’interlocuteur, dont on ignore la nationalité et l’organe de presse qu’il représente, est « coriace » : « Mme Condoleezza Rice a demandé, ce matin, aux Israéliens de ne pas compliquer la situation. Elle a choisi la négociation. La France ne s’est pas exprimée aussi clairement. Je n’ai pas lu de déclaration concrète de votre part. L’ambassadeur de France à Tel-Aviv, qui était passé voir la famille du soldat, n’a rien dit ».

Et le porte-parole de se répéter lui aussi : « Encore une fois, pour nous, la solution ne peut être que politique. Nous appelons à la retenue les parties concernées. Cela vaut pour les Israéliens et les Palestiniens. Nous appelons les parties à faire les gestes nécessaires pour éviter une détérioration de la situation. Je crois que cela répond assez bien à ce que vous venez de dire à l’instant ».

C’est alors que le « journaliste » montre le « bout de l’oreille » : « Est-ce que la France est entrée dans une entreprise de médiation pour des échanges entre les prisonniers palestiniens et le soldat israélien ? »

Le porte- parole semble quelque peu gêné : « Je ne crois pas que nous ayons employé le terme de médiation. La France contribue, avec d’autres pays, à essayer d’obtenir la libération de ce soldat. Nous sommes en contact pour cela avec les différentes parties. Nous nous exprimons, nous essayons d’user de notre influence, mais je ne crois pas que nous ayons utilisé le terme de médiation ».

Rappelons que la médiation est un mode de règlement diplomatique des différends par lequel, de leur propre initiative et avec l’accord des parties ou à la demande de celles-ci, un ou plusieurs tiers (Etats ou organisme international) s’entremettent entre les parties à un différend afin de les amener à entamer des négociations sur la base de « propositions de règlement fondées sur la conciliation des intérêts en cause » (v. Dictionnaire de droit international public, sous la direction de J. Salmon, Bruylant, Bruxelles, 2001).

Et le diplomate français de préciser sa pensée : « Je ne crois pas, pour répondre à votre question, qu’il y ait des tractations de l’ordre de celle que vous venez de mentionner à l’instant » (souligné par nous).

Mais, le « journaliste » n’est pas encore satisfait : « Par la même occasion, est-ce que la France, comme d’habitude, réclame la libération des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes ? » (souligné par nous).

Le porte-parole qui n’oublie pas qu’il est diplomate de répondre : « Il y a nos positions constantes, traditionnelles, sur un certain nombre de sujets et nous n’allons pas revenir dessus. ».

Tout le monde aura compris......

Vient alors une question pour le moins surprenante, émanant, en principe, d’un journaliste, au fait des événements en cause : « Au regard du droit international, le soldat se trouvait dans un territoire occupé ou en Israël ? »

Très « courageusement », le porte-parole répondra : « Je n’ai pas à me prononcer là-dessus. L’objectif est de libérer ce soldat, pour des raisons humanitaires évidentes, mais aussi pour éviter une escalade que nous avons tous en tête et qui aurait des conséquences dévastatrices sur le processus de paix. C’est un objectif assez simple à énoncer, plus compliqué à réaliser. Je ne crois pas que votre question présente un intérêt immédiat ».

Si l’on peut partager la fin de la réponse, en revanche, on ne comprend pas pourquoi le diplomate français ne répond pas que jusqu’à présent, il n’a pas été mis en doute que le poste israélien était situé en Israël.

Le « journaliste », décidément « insatiable » de poursuivre : « Qu’est-ce que vous faites concrètement ? Vous avez dit que vous aviez des contacts. Pouvez-vous en dire plus ? »

Mais, le diplomate français ne peut que répondre : « Non, dans ce type de situation, chacun fait jouer son influence, les contacts qu’il peut avoir, mais il n’est pas de tradition de mentionner publiquement le détail de ces contacts ».

Son interlocuteur ne « désarme » pas pour autant : « Vous pouvez expliquer quel type de contacts ? Est-ce qu’il y a des contacts entre l’ambassadeur de France à Gaza et la présidence palestinienne et le gouvernement palestinien ? La France a-t-elle établi des contacts avec des ministres ou surtout avec M. Haniyeh, le Premier ministre ? »

Quelle curiosité ! Mais le porte-parole, tout aussi opiniâtrement, de répéter : « Il n’est pas de tradition de rentrer dans le détail de ce genre de choses. Je crois que le ministre a mentionné les contacts avec M. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Le ministre a rappelé, par ailleurs, que, pour ce qui est des contacts avec le Hamas, la ligne française était bien connue et que nous allions nous en tenir à cette ligne ».

Comme il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, le « journaliste » de remonter au créneau : « Ce n’est pas le Hamas. Je parle du Premier ministre ».

Toutefois, le porte-parole est, lui aussi, loin d’être un idiot : « Je sais bien. Mais cela vaut aussi pour les membres Hamas du gouvernement ».

Et l’échange à « fleuret moucheté » se terminera par cette question : « Est-ce que la visite de M. Philippe Douste-Blazy dans les Territoires occupés est remise en cause ? »

La dernière réplique sera digne de la langue de bois diplomatique : « Non, tout simplement parce qu’elle n’avait pas été fixée. Nous ne vous avons pas annoncé de visite du ministre dans la région. Pour l’instant, nous sommes en train d’évaluer la situation et de voir quand une visite pourrait avoir lieu. Je n’ai pas de précision là-dessus pour l’instant. ».

Comme on le voit, il y a toujours de l’ambiance lors du Point de presse quotidien au Quai d’Orsay (v. précédemment, ici même le 2 février 2006).



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