Je crois que je suis atterrée.

Et que je dois me hâter de ne plus l’être, afin de devenir efficace aux côtés de ceux qui voient le danger dévorer nos sérénités méritées.

Distorsion est un mot qui recouvre une bien dangereuse notion ; distorsion de la vérité, distorsion du bien et du mal, exigences pernicieuses qui ne correspondent en rien à une réalité raciste, de nouveau tournée vers la destruction du Juif, simplement parce qu’il est juif.

Et pourtant c’est à des propos tenus par un Juif que je réagis aujourd’hui (lire) ; un Juif plein de bonne volonté qui nous demande d’être indulgents pour les émeutiers de banlieue, les pauvres démunis que nous autres, Juifs nantis vivant dans les quartiers huppés, ne pouvons comprendre. Alors là, trop c’est trop !

J’en ai marre de lire que les Juifs dirigent le monde et vivent au pied de la Tour Eiffel !

Nous, nous sommes arrivés en 1957 dans un village de la France profonde, nous avons dormi sur de la paille la première nuit (c’est d’actualité avec Noël !) mes parents achetaient une baguette de pain et une boîte de sardines ; les sardines, c’était pour mon frère et moi...

Après mille démarches épuisantes, nous avons obtenu le luxe merveilleux d’une HLM au bord d’un lac, certes, mais sans chauffage ; l’humidité ruisselait sur les murs de ma chambre...

Quand un an plus tard, un accident a fait de moi une brûlée au troisième degré, nos voisins ont cru dur comme acier que c’était ainsi chez les Juifs, qu’ils étaient méchants avec leurs enfants et leur faisaient subir d’horribles punitions...

Autour de la table familiale cependant, on nous disait que, si nos ancêtres n’étaient pas gaulois, en revanche notre avenir était radieusement français, et la France une mère pour nous, une mère que mon père s’en était allé défendre, 15 ans plus tôt, face aux monstrueux délires teutons...

Une France dont il ne fallait pas condamner les faiblesses, mais participer activement à les faire disparaître pour l’amélioration de la vie de tous. Je dis bien de tous. TOUS !

J’ai rendu au centuple à la France ses bons soins en instruisant trente ans de générations pas souvent avides d’apprendre.

Alors là, franchement, j’en ai marre, marre d’avoir à demander la permission qu’on me supporte !

Qu’on me fiche enfin la paix !

C’est que j’ai des tas de choses à faire, moi ! Des enfants à guider, des livres à écrire, un pays à honorer, un autre à surveiller de loin, une humanité à faire progresser, et j’en passe !

Je ne m’appelle peut-être pas Margot, mais j’ai droit à mes coups de gueule aussi, non ?