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Souleiman et Moubarak : les bonimenteurs
Par Sami El Soudi © Metula News Agency
Article mis en ligne le 26 octobre 2005

A propos d’Omar Souleiman. Le chef du renseignement de Moubarak avait absolument raison mais cet axiome vaut tout autant pour son pays. Un pays qui a eu, depuis les pharaons, largement le temps de s’organiser pour se conduire comme un véritable Etat.

Aujourd'hui le ministre israélien de la Défense se rend au Caire pour y rencontrer Hosni Moubarak et Omar Souleiman. Shaul Mofaz vient discuter des formalités de passage et de douane entre Gaza et l'Egypte. Les Israéliens voudraient parvenir à un accord au plus vite afin de compléter leur désengagement aux yeux de la communauté et de la législation internationales.

 

C'est là un sujet important, certes, mais sûrement pas le plus important de ceux dont l'Etat hébreu devrait discuter avec celui du Nil. La participation de l'Egypte au processus de paix est en effet catastrophique sur tous les plans.

 

La seule interprétation qui me vienne à l'esprit quant aux raisons qui font qu'Israël ne frappe pas du poing sur la table du président Moubarak tient à l'intérêt de Jérusalem de ne pas se fâcher avec les rares interlocuteurs qu'elle possède dans la région. Ou bien de ne pas enfoncer encore un peu plus le fragile régime égyptien, craignant qu'il ne soit remplacé par un pouvoir intégriste. Ou bien, encore, consciente que l'Etat de Moubarak ne peut strictement tenir aucun de ses engagements, Jérusalem pourrait avoir choisi de faire de cet état de choses le moins mauvais usage possible. Un peu comme si Sharon avait décidé de s'engager dans une très longue partie de bridge dans laquelle Moubarak jouerait le rôle du mort à chaque donne.

 

Pour tout vous dire, je n'ai guère été surpris par le contenu de l'article de Masri Feki d'il y a deux jours à propos des émeutes anti-chrétiennes à Alexandrie et ailleurs. Tout ce qui aurait pu surprendre, c'est l'absence presque totale de couverture médiatique pour des événements aussi graves. Il semble que les media occidentaux restreignent leurs critiques face à Moubarak pour les mêmes raisons que les Israéliens ; à moins que ce ne soit pour ménager l'islam et prévenir des réactions anti-musulmanes dans leurs communautés. Ce qui est certain, c'est que cette espèce de filtrage n'est pas de l'information et qu'il n'aide pas non plus ceux qui, à l'intérieur du monde arabo-musulman, tentent, souvent au péril de leur vie, de faire barrage à l'intégrisme. De fait, cette politique de sélection médiatique est appliquée pour conserver la paix civile à l'Ouest, au risque de nous laisser nous étouffer en Orient.

 

Mais le problème médiatique, ne nous méprenons pas, tout préoccupant qu'il soit, n'en demeure pas moins un problème accessoire, dont l'interaction avec les évènements d'actualité n'est que partielle. Ce qui compte, dans le cas de l'Egypte, par exemple, c'est que son gouvernement se montre absolument incapable de protéger ses minorités religieuses, les touristes qui visitent ses hôtels, tout comme elle est impuissante à respecter le moindre paragraphe des accords tout frais qu'elle a signés avec Israël.

 

Cela me rappelle les grosses colères que se permettait le général Omar Souleiman à la Moukata de Ramallah. Durant celles auxquelles j'ai assisté, il balançait à nos ministres : "l'Autorité Palestinienne sans la sécurité, ce n'est qu'une image de synthèse, en d'autres termes : rien !". Le chef du renseignement de Moubarak avait absolument raison mais cet axiome vaut tout autant pour son pays. Un pays qui a eu, depuis les pharaons, largement le temps de s'organiser pour se conduire comme un véritable Etat.

 

Ce qui est enrageant, c'est que le Caire, qui veut passer partout pour le grand frère des Palestiniens, nous enfonce, par ses actes, chaque jour davantage dans notre mélasse. J'en veux pour preuve l'incapacité des Egyptiens à empêcher le trafic d'armes en direction du Hamas entre El-Arish et Gaza. Un accord international a pourtant été signé et le parlement hébreu a autorisé 750 soldats venus d'outre-canal à assumer à la place de son armée l'herméticité de la frontière. Sur le terrain, c'est fiasco et compagnie : dès le jour où Tsahal est parti, les armes, les experts en explosifs, les travailleurs étrangers, les prostituées et même les esclaves traversent presque sans encombres la frontière.

 

Ce qui m'importe, ce n'est évidemment pas que l'Egypte commette ainsi un suicide en public, condamnant à la ruine tous ses hôtels de la péninsule du Sinaï. Ni qu'elle mette en danger la sécurité d'Israël, persuadé que je suis que les Israéliens sauront prendre les mesures adéquates pour la préserver. Ce qui inquiète, c'est que depuis le désengagement, à force de recevoir des renforts venus d'Egypte, les groupes de miliciens-terroristes (c'est le nouveau terme adopté par la Ména, le plus précis en l'occurrence) intégristes ont quasiment atteint le point d'équilibre militaire avec les forces de l'AP à Gaza, Sécurité Préventive de Dahlan comprise.

 

Et que dans cette conjoncture, il est décidément facile de comprendre les propos du président Bush, lorsqu'il déclare à Mahmoud Abbas ne pas pouvoir l'assurer qu'un Etat palestinien verra le jour avant la fin de son mandat.

 

Mais pas seulement !

 

Le Hamas et ses complices ont transformé Gaza en un gigantesque arsenal. Ils y ont certes stocké des mortiers, des missiles antichars, des Qassam - de courte ET de longue portée - ainsi que, mais je n'en ai pas la preuve, des missiles antiaériens. Mais ces moyens restent dérisoires tant sur le plan tactique que stratégique, ils ne sont pas à même de déranger la sécurité globale d'Israël - pas même un peu ! - ni de défendre la moindre parcelle de notre territoire en cas de conflit. Les mouvements miliciens-terroristes palestiniens font ainsi, aux dépens de leurs frères, la démonstration d'un nouvel axiome militaire que je propose :

 

Faire la guerre à un ennemi que l'on n'a aucune chance de vaincre constitue un crime de guerre. Contre son propre peuple !

 

En face, en Israël, ils font tout ce qu'il faut intelligemment faire pour pouvoir se désintéresser des fâcheuses transformations qui s'opèrent chez nous. Ce que d'aucuns n'ont pas réalisé, c'est que le désengagement se poursuit. Faute d'avoir en Abbas un partenaire capable d'instaurer l'ordre chez lui, les Israéliens terminent la construction de leurs barrières de désengagement avec nous. Déjà, toute la bande de Gaza est séparée d'Israël et sous peu, ce sera au tour de la Cisjordanie. Et cette palissade - appelez-la comme vous voudrez, cela ne revêt pas la moindre importance - est diablement efficace. Observez le nombre d'attentats-suicides perpétrés en Israël depuis le retrait de Gaza : aucun !

 

Désormais, pour provoquer les Israéliens, les terroristes doivent tirer des projectiles par-dessus le mur, créant chaque fois un casus belli beaucoup mieux identifiable comme tel par la communauté internationale que les guets-apens perpétrés à l'intérieur des Territoires.  Les répliques israéliennes en deviennent de plus en plus légitimes, au grand dam de ceux des Palestiniens qui affirmaient à tue-tête que le désengagement et la construction des murs n'amélioreraient pas la situation sécuritaire de nos voisins.

 

Et lorsque d'aventure le Hamas décidera de tirer une salve de Qassam sur Ashdod ou Ashkelon, au pire, ils atteindront deux ou trois civils, mais cela attirera des représailles aussi imposantes que justifiées contre Gaza. Des représailles qui seront légitimées de Paris à Washington, en passant par Londres et Moscou. Puis, leur nettoyage effectué, les soldats s'en iront, nous laissant seuls aux mains des fanatiques, et c'est cela le plus grand drame vers lequel nous nous dirigeons. Faute de pouvoir vivre en paix avec nous, les Hébreux sont en voie de se séparer de nous, de s'isoler de nous, et cela, c'est terrible.

 

Terrible, parce que cela nous prive de perspectives, tout simplement. Par la faute des Egyptiens et de l'inconsistance absolue des forces de sécurité de l'AP, Gaza est donc devenu un immense arsenal, sorte de terrain de manœuvres pour tous les illuminés islamistes de la planète. Dans ces conditions, les Juifs se montreraient insensés de nous permettre d'ouvrir un corridor protégé entre Gaza et la Cisjordanie. Il suffirait d'un seul missile, même totalement désuet, tiré depuis notre territoire, pour abattre un appareil civil à l'atterrissage sur l'aéroport Ben-Gourion (territoire distant de 5 km du début de l'approche de la piste no.30 Ndlr.).

 

Les Israéliens n'étant pas fous, ils n'autoriseront pas l'ouverture de cette voie autonome entre Gaza et Ramallah. C'est tout. Suffisant pour repousser à de nouvelles calendes grecques la création de notre Etat.

 

Nous ne disposons que de deux façons d'intéresser le monde : en laissant aux terroristes le contrôle de notre destin ou en construisant notre démocratie. Sinon que représentons-nous ?

 

La pire option consiste à céder le contrôle du terrain aux terroristes, à ce qu'ils ne parviennent pas à infliger de dégâts significatifs à nos voisins, à ce que que nous subissions ses représailles justifiées et que, bien évidemment, n'ayant pas rempli les provisions préliminaires de la Carte Routière, le processus de paix négociée demeure au point mort.

 

On est déjà dans cette logique du pire, depuis laquelle on ne peut que regarder, les yeux embués de larmes de désespoir, de rage et de tristesse, Israël développer des robots mûs par des intelligences artificielles, alors que nous nous montrons démunis du moindre échantillon d'intelligence naturelle. Comme la plus grande partie du monde arabe d'ailleurs, avec ses gouvernements de semi dictateurs, incapables de faire appliquer la moindre de leurs décisions. Une image de synthèse qui nous opprime, nous déshonore et qui nous tue.

 

 



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