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Histoires Hassidiques pour Kippour
Le Rabbin Daniel Gottlieb
Article mis en ligne le 11 octobre 2005
Histoires Hassidiques

«La vraie prière »   

Mr Le Rabbin Daniel GOTTLIEB

Tout le monde connaît sans doute l'histoire attribuée à Rabbi Lévy Itshak de Berditchev :

C'était un jour de Kippour. Un jeune garçon gardait les oies qu'on lui avait confiées.
Tandis qu'il s'adonnait à sa tâche, il récitait à haute voix les lettres de l'alphabet hébraïque.
Et il ajoutait :
"Ô, mon Dieu, Tu sais que je ne sais pas lire parce que je ne suis pas allé à l'école. Je ne sais pas prier.

Tout ce que je peux faire, en guise de prière, c'est lancer vers toi les lettres qui forment les mots de la prière, et je suis convaincu que Toi, Ô mon Dieu, Tu sauras les mettre dans le bon ordre et former les mots qui expriment les souhaits qui emplissent mon cœur ; je suis convaincu aussi que Toi, Ô mon Dieu, Tu sais mieux que moi ce que je désire.
Puisses- tu m'accorder, Ô mon Dieu, ce qui sera bon pour moi, pour ma famille, pour me communauté, et pour tout Israël.".

Et il ajoutait : "Tout ce que je sais faire, c'est garder des oies. Si Toi, Ô mon Dieu, Tu avais des oies à garder, je serais honoré de pouvoir te témoigner mon amour en Te les gardant … et je serais tellement heureux de le faire que je le ferais sans demander à être payé.".

Rabbi Lévy Itshak de Berditchev présentait la prière de cet enfant comme la prière idéale dans sa sincérité.

En son temps, il est vrai que les conditions économiques et sociales ne permettaient pas à la plupart des familles d'envoyer leurs enfants à l'école. Le génie du hassidisme des premiers temps a été de montrer à ces familles défavorisées qu'elles avaient leur place au sein de la communauté, et qu'elles pouvaient exprimer leur élan religieux par la manifestation sincère de l'élan qui, dans leur cœur, les poussait vers Dieu.

Aujourd'hui, tous les enfants ont le privilège d'aller à l'école et même d'y apprendre des langues étrangères. Il serait regrettable que, sur la base de cette histoire, un enfant de notre temps se sente dispensé d'apprendre l'hébreu et n'en retienne, au mieux, que les lettres de l'alphabet.

C'est la raison pour laquelle il serait préférable de retenir cette autre histoire, également attribuée à Rabbi Itshak de Berditchev.

C'était un jour de Kippour. Au milieu de l'office, Rabbi Lévy Itshak interrompt la prière publique en disant qu'il sent que les prières récitées dans son oratoire ne montent pas jusqu'au ciel. Il propose à ses fidèles d'aller chez le tailleur dont la prière est la seule qui parvienne jusqu'au ciel. Ses disciples sont surpris, car le tailleur est le seul membre de la communauté à ne s'être pas rendu à la synagogue pour la journée de Kippour ; ils suivent cependant leur Maître, et sont étonnés par le spectacle qui s'offre à eux :

Le tailleur lit à haute voix les pages d'un gros livre, et on l'entend dire :
'Le 30 février, je devais livrer un costume avec une doublure en soie, et le costume que j'ai fournit avait une doublure en lin ;
le lendemain, un client m'a donné, en guise de payement, un billet de 100, et je lui ai rendu de la monnaie comme si il m'avait donné un billet de 50 ;
le lendemain je devais livrer un costume, mais quand le client est venu le chercher, le travail n'était pas terminé, j'ai donc fait perdre un temps précieux à mon client à qui j'ai dit de revenir deux jours plus tard ; etc. …"

 Les fidèles du Rabbi regardent et écoutent le tailleur égrener les 365 pages de son livre de bilan personnel en se battant la coulpe à chaque page :  il y avait inscrit chaque soir les fautes dont il avait conscience de s'être rendu coupable.
Quand il eut terminé la lecture de ce gros livre, il le rangea sur un rayon de sa bibliothèque, et il en retira un autre, plus volumineux encore. Et il recommença à lire :
'Le 30 février, Toi, Dieu, Tu as permis qu'un incendie ravage la maison de la pauvre veuve ;
le lendemain, Toi Dieu tu as permis qu'un cheval fou blesse d'une violente ruade un nourrisson impuissant ;
le lendemain, Toi Dieu tu as permis qu'un pogrome…, etc. …"'

Les fidèles du Rabbi regardent et écoutent le tailleur égrener les 365 pages du livre dans lequel il avait inscrit ce qu'il considérait comme des injustice de l'Histoire, des "fautes de Dieu", si l'on peut s'exprimer ainsi.

Quand il eut terminé la lecture de ce livre, il le rangea sur le rayon de la bibliothèque à côté de celui qu'il avait rangé auparavant, et se tournant vers Dieu, il dit :
"Ô mon Dieu, je Te propose un marché : Tu me pardonnes mes fautes et je ne Te tiens pas rigueur pour les Tiennes". Et le tailleur d'ajouter :"Tu fais une bonne affaire, parce que Ton livre est plus gros que le mien".

La vraie prière, c'est effectivement celle qui correspond à un dialogue sincère avec Dieu. Qui est capable de prier, sans être prisonnier de son rituel, comme le tailleur, et d'inclure dans cette prière une réflexion théologique profonde et grave ?
 
 
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