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Nouvel émir qatari, ex-député de la Knesset et fugitif Azmi Bishara, rédacteur-en-chef d’Al-Quods al-Arabi débarqué, rumeurs sur Qaradawi, et théorie d’un complot israélo-américain
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 15 juillet 2013

Parmi les turbulences moyen-orientales on retrouve un ex-député arabe israélien ayant dû fuir Israël pour intelligence avec l’ennemi, le Hezbollah terroriste libanais, en l’occurrence, devenu conseiller du nouvel émir du Qatar, Cheikh Tamim, propulsé au pouvoir par la démission de son père. Azmi Bishara qui semble avoir obtenu la tête du rédacteur-en-chef du quotidien Al Qods Al Arabi, racheté par un Qatari. Pendant que selon des rumeurs démenties le prédicateur antisémite Qaradawi, star d’Al-Jazeera, aurait été prié de regagner son Égypte natale. Certains veulent y voir, contre toute vraisemblance, la preuve d’un complot américano-sioniste.

Le sacre d’Azmi Bishara, ex-député de la Knesset ayant du fuir Israël car accusé d’intelligence avec l’ennemi

Le 11 juillet un article de R.Mahmoudi concernant Azmi Bishara, qualifié de « maître à penser du nouvel émir du Qatar », était publié par Algérie patriotique. On y lit que cet ancien député arabe israélien, qui avait dû fuir Israël en 2007 pour se soustraire à l’enquête lancée contre lui concernant l’aide qu’il aurait apportée au mouvement terroriste du Hezbollah libanais lors de la deuxième guerre du Liban, affaire qui avait fait d’autant plus scandale qu’il avait continué à percevoir son salaire de député pendant des années « vient d’être nommé conseiller politique et médiatique du prince du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad ». Il aurait d’ailleurs obtenu la nationalité qatarie en 2007.

Éviction d’Abdelbari Atwan de la tête d’ Al Quds Al Arabi

Se basant sur « des sources fiables, » R.Mahmoudi, affirme que « Azmi Bishara serait à l’origine de l’éviction de son concitoyen Abdelbari Atwan de la tête du journal Al Quds Al Arabi. Créé en 1989, avec le soutien de l’OLP, puis de l’Irak de Saddam Husseïn, ce quotidien paraissant à Londres a réussi à faire concurrence aux deux grands titres à capitaux saoudiens, Al Charq Al Awsat et Al Hayat, tout en sauvegardant une certaine indépendance d’opinion et son sens critique ». Le journal venant d’être racheté par », « un bailleur de fonds qatari, proche de la famille princière ». On peut, bien sûr s’interroger sur l’indépendance et le sens critique dont aurait pu faire preuve ce média avec de tels sponsors... Ce journal affiche d’ailleurs la couleur étant donné que son titre signifie « Jérusalem arabe » avait à sa tête Abdelbari Atwan qui prenait congé de ses lecteurs le 10 juillet dernier dans un dernier éditorial, annonçant qu’il avait dû quitter son poste de rédacteur-en-chef, sans donner de précision, mais qu’il resterait en contact avec son lectorat par le biais de son site Internet, Twitter et Facebook.

Abdelbari Atwan dans la ligne de mire du « lobby sioniste » mais pas seulement...

Abdelbari Atwan résumait ainsi sa carrière de plus d’un quart de siècle : « nous nous sommes tenus dans les tranchées aux côtés de notre nation arabe et de notre foi, nous avons livré de féroces batailles contre l’occupation et la domination étrangère, nous avons défié des dictatures répressives et des régimes corrompus, nous avons soutenu les opprimés et les persécutés”. Evoquant les menaces qu’il dit avoir reçues de “services de sécurité arabes, occidentaux et israéliens”, il poursuit ainsi : “Le lobby sioniste en Europe et aux États-Unis a mené une bataille acharnée contre moi et maintenant je ne peux me rendre aux États-Unis. Ce lobby a travaillé dur pour me diffamer et me faire taire en m’empêchant d’apparaître à la télévision et que mes paroles soient publiées dans des chroniques en Grande-Bretagne. Mes interventions et conférences dans des universités de renommée mondiale ont été prises pour cibles par des propagandistes et parfois n’ont pu avoir lieu ».

Il ajoutait que « l’un des attachés de presse israéliens s’est même vanté une fois dans une interview avec le Jewish Chronicle que l’une de ses principales réussites à Londres a été de réduire mes interventions en tant qu’un expert sur les affaires du Moyen-Orient sur des chaînes célèbres telles que CNN, la BBC et Sky News. C’est la seul distinction honorifique que j’ai reçue de ma vie ».
On notera, par ailleurs, que bien qu’interdit en Arabie saoudite, en Syrie ou à Bahreïn, sous la houlette de ce rédacteur-en-chef aujourd’hui débarqué, Al Qods Al Arabi est devenu « le journal arabe en ligne le plus lu et le plus influent » . Répandant donc très largement une propagande de toute évidence anti-occidentale et anti-israélienne.

Pourquoi vouloir sa tête et l’obtenir...une nouvelle orientation pour le Qatar ?

Les raisons qui auraient poussé Azmi Bishara à vouloir la tête d’Abdelbari Atwan restent assez obscures pour l’heure. Selon Algérie Patriotique « les décisions qui ont déjà été prises depuis l’arrivée de Cheikh Tamim laissent croire à une nouvelle orientation plutôt optimiste de la nouvelle politique du Qatar. Un premier indice positif : Azmi Bishara va se substituer, dans l’imaginaire collectif, à l’image du prédicateur Youssef Al-Qaradawi, renvoyé dans son pays après plus de 15 ans de service et après avoir été déchu de sa nationalité qatarie ». Une « information » beaucoup entendue mais qui n’a pas été confirmée. L’intéressé l’ayant d’ailleurs démentie formellement, y voyant une rumeur répandue par « les partisans du régime syrien »

On a d’une part un prédicateur vedette de la chaîne qatarie Al Jazeera en perte de vitesse pour avoir soutenu les Frères musulmans et les rebelles contre le régime de Basahr al-Assad et qui vient de lancer une fatwa de soutien au Président égyptien déposé Morsi, autre Frère musulman, d’autre part un Arabe israélien, partisan du Hezbollah pro-Assad et très engagé sur le terrain...Toujours en place dans la capitale qatarie où règne un nouvel émir, successeur de son père qui vient d’abdiquer...

Un « complot américano-qatari-sioniste » ne tenant pas debout...

Quelle que soit la réalité et l’issue de ce qui se trame aujourd’hui à Doha, certains persistent à y voir un complot américano-sioniste. Ainsi, le site Tunisie Secret, qui reprend l’article de R.Mahmoudi, ajoute ce titre et ce commentaire : « Azmi Bishara, le mercenaire qatari qui voulait devenir le roitelet de Palestine
Dans son plan diabolique inspiré par Israël et expiré par les Etats-Unis, l’émir déchu du Qatar voulait faire de ce mercenaire le chef incontesté des Palestiniens après le dopage du Hamas et la marginalisation totale de l’OLP. Azmi Bishara répondait parfaitement aux critères israélo-qataris : il est chrétien de confession et islamiste d’idéologie, il a été membre à la Knesset, il aime l’argent. Mais la résistance syrienne et la résurgence égyptienne ont fait capoter ce projet. Azmi Bishara ne sera pas le président des Palestiniens mais le sous-fifre du nouvel émir, un poste qui lui permet d’éponger quelques basses vengeances. L’une de ses premières victimes est son compatriote Abdelbari Atwan, qui avait cru au « printemps arabe » avant de revenir de ses illusions. Parce que le journal qu’il dirigeait, Al Quds, est financé par le Qatar, on l’a récemment poussé à la démission au profit de Sana Alloul, l’épouse d’Abdelwahab Badr-Kahn, qui devient la rédactrice en chef de ce journal »

Ce qui laisse quelque peu perplexe. Comment imaginer, en effet, qu’Israël aurait comploté avec qui que ce soit pour mettre à la tête des Palestiniens un ancien député arabe israélien ayant dû fuir son pays pour échapper à des poursuites pour intelligence avec l’ennemi et pas n’importe lequel....Cette utilisation du mythe d’un tel « complot »n’a d’ailleurs rien de nouveau et cela reste très porteur...



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