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Paris - Texas
Par Guy Millière © Metula News Agency
Article mis en ligne le 23 août 2005

(...) le Président des Etats-Unis le plus favorable à Israël depuis la fondation d’Israël (...)

C’est du Texas que j’ai suivi l’actualité concernant le monde et, en particulier, celle concernant le Proche-Orient. J’ai pu rencontrer chaque jour des gens qui comprennent fort bien dans quelle situation se trouve le monde et qui discernent dans l’islam militant une nouvelle forme de totalitarisme, tout aussi dangereux que le communisme et le nazisme pour les sociétés ouvertes et la liberté de penser.

 

Ces mêmes gens comprennent aussi très bien le conflit israélo-arabe et les périls auxquels Israël se trouve confrontée. Ils sont très rarement juifs (il y a peu de juifs au Texas), et savent fort peu de choses concernant le judaïsme et le sionisme, mais ils comprennent que la société américaine est fondamentalement judéo-chrétienne. Ils comprennent que les juifs sont leurs frères et les raisons pour lesquelles les Etats-Unis doivent se tenir indéfectiblement aux côtés d’Israël. Tout cela, je dois le dire, constitue pour moi un ensemble de bonnes nouvelles. Ceux qui, en Europe ou en Israël, en raison de telle ou telle rumeur, doutaient de la solidité de l’alliance israélo-américaine peuvent s'en trouver rassurés.


J’ai aussi suivi attentivement les nouvelles et les débats concernant le Proche-Orient et les attentats islamistes à Londres en lisant la presse et en regardant la télévision américaines. Sans que cela me surprenne, dès lors que je séjourne très souvent aux Etats-Unis depuis presque trente ans, tant les nouvelles que les débats m’ont semblé équilibrés. Même sur des grands networks tels ABC ou CBS, des journalistes confrontés à un homme politique syrien ou à un dirigeant palestinien n’hésitent pas à poser les questions qui dérangent. Et si leur interlocuteur tente de tergiverser, les interviewers exercent leur droit de suite. Même sur ces grands networks, si un débat contradictoire est organisé, il s’agit réellement d’un débat contradictoire, et un « défenseur de la cause palestinienne » sera confronté à un défenseur d’Israël, qui n’aura pas à utiliser de périphrases pour défendre Israël.

 

Tout cela constitue un autre ensemble réconfortant. Je n’entends pas dire par là que la population américaine est informée exhaustivement mais je prétends qu’elle est informée de manière suffisante et équitable. L’action, l’écrit et la parole d’hommes courageux, tels que David Horowitz, Daniel Pipes ou Norman Podhoretz, demeurent plus que jamais indispensables, mais ces hommes ne sont pas dans une situation de parias ou de dissidents au sein de la société américaine. De plus, il est évident que leurs voix se font entendre jusqu’à la Maison Blanche. A Washington, où siège George Walker Bush, qui est sans conteste le Président des Etats-Unis le plus favorable à Israël depuis la fondation d’Israël.

Je suis revenu à Paris quelques jours au milieu du mois d’août. Sans que cela ne me surprenne là encore, je me suis retrouvé face à un traitement de l’information très différent, et que je trouve plus que jamais inadapté aux besoins d’un pays occidental affirmant respecter la liberté de parole et de la presse. Un mois s’était écoulé depuis les attentats de Londres, et ceux-ci semblaient déjà ne plus relever de l’actualité pour la quasi totalité des journalistes français (la fabrication du fromage de chèvre dans le bas Berry est assurément bien plus importante !) : l’idée qu’il puisse y avoir un danger global incarné par l’islam radical n’est pas évoquée une seule seconde dans quelque média que ce soit. Londres, c’est Londres, semble-t-on nous dire, et Paris, c’est autre chose. La notion de guerre contre le terrorisme n’est pas énoncée, sinon pour ironiser sur l’administration américaine ou sur Tony Blair. Faut-il le dire, le désengagement de Gaza n’est traité nulle part (je dis bien nulle part) de manière sérieuse et posée ?  Les mots utilisés sont soigneusement sélectionnés : « fanatique », « raciste », « d’extrême droite » sont des qualificatifs réservés aux juifs israéliens, le mot « colonies » est systématiquement substitué au mot « implantations » et permet donc de faire des variations sémantiques sur les « colons israéliens » (avec, en arrière-fond, tous les clins d’œil possibles au passé colonial français refoulé). Les Palestiniens sont systématiquement présentés comme des victimes, et les plus assoiffés de sang, les miliciens et les terroristes du Hamas et du Jihad, sont obstinément définis comme des « activistes ».

Ces mots, soigneusement sélectionnés, je ne les ai jamais ou presque jamais rencontrés de l’autre côté de l’Atlantique où on semble faire davantage attention au poids et aux conséquences de son vocabulaire. Comme la Ména l’a dévoilé en en faisant la démonstration sémantique et politique, ces expressions ne sont employées en France ni de manière fortuite ni de manière innocente. Et ceux des amis d’Israël qui chercheraient de vraies raisons de s’inquiéter tiennent là un authentique sujet d'appréhension : la France médiatique n’est peut-être pas globalement antisémite, mais sa façon d’informer, c’est évident pour quiconque vient d’un pays où l’on est vigilant concernant l’antisémitisme, apparaît pour le moins perverse et biaisée, au point qu’on peut légitimement s’interroger sur les intentions de ceux qui recourent systématiquement à cette perversion et à ces déformations.

 
« Tout se passe en diverses contrées d’Europe comme si on voulait accoutumer les populations à la possibilité d’une seconde Shoah », notait Daniel Pipes dans un article voici quelques mois. Tout se passe en tous cas comme s’il fallait que les Français détestent Israël et pensent qu’il s’agit d’un pays aussi répugnant que l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid. L’indignation de tant de bien pensants après la condamnation d’Edgar Morin est sur ce point significative : les dérives d’Edgar Morin et de ses acolytes relèvent de la haine ordinaire, normalisée, intégrée, à l’égard d’Israël. Haine qui règne dans l’intelligentsia politico-médiatique de ce pays, qu’elle dissémine autour d’elle, sans remords et sans se poser de questions. Si Israël devait compter essentiellement sur la France pour assurer sa survie, Israël disparaîtrait très vite de la carte du monde. Que la France en soit arrivée là, soixante ans après le pétainisme et la collaboration, me semble effroyable et me donne la nausée. Que je ne puisse écrire ce que j’écris en ce moment que pour un média israélien ou américain, que j’aie des difficultés à publier mes prochains livres en langue française, ne fait que renforcer les raisons de ma nausée.

 

Certains ont pensé que la visite de Sharon en France marquait un réchauffement des relations entre les deux pays. Il n’en est rien : Sharon a su, avec intelligence, utiliser l’état de faiblesse politique de Jacques Chirac. Chirac, lui, a accepté, voire souhaité, cette visite qui lui a redonné un semblant d’existence internationale ; lui que la presse américaine appelle ironiquement « dead man walking », l’homme mort qui marche encore [1]. Mais rien n’a changé dans le fond de la détestation française à l’encontre d’Israël, je le dis parce que je le constate. Et rien ne changera dans le proche avenir. La haine, en France, est trop… installée.

J’ai aussi eu à déplorer le geste sanglant d’un  jeune  israélien. Un individu immédiatement qualifié de « terroriste » et de « raciste » en France, et j’ai vu les reportages abonder soudainement. Un juif israélien tue quatre arabes israéliens, c’est un « terroriste » et un « raciste », certes. Mais mille arabes palestiniens fanatisés tuant des centaines de civils juifs israéliens, ce sont des « activistes », seulement des activistes, vous assurent les médias français. Tirez-en les conclusions que vous voulez ! Pour moi, et pour tous les rédacteurs de la Ména sans exception, un terroriste est un terroriste [2] et j’en ai personnellement assez du « deux poids deux mesures » et du détournement de l’information à la française.

 

Je retourne au Texas, là où, vous diraient tant de journalistes français, on ne sait rien et on ne comprend rien, mais où on sait encore et au moins distinguer le bien du mal. Je n’y rencontrerai pas de traces de l’intelligence à la française, mais quelques jours supplémentaires de cette intelligence si particulière me semblent, pour l’heure, totalement insupportables.

 

Notes :

 

[1] "Dead man walking" est l’expression usuelle utilisée par les personnels des pénitenciers américains pour annoncer un condamné à mort en marche vers son supplice.

 

[2] Note et axiome de la rédaction : Il n’y a que les actes des individus qui définissent leur état et lesdits actes, sans qu’aucune considération concernant leur cause, leur race, leur religion ou leur nationalité ne doive être retenue lors de leur qualification. Toute autre forme de considération de la part d’un media tient du racisme élémentaire et non de l’information. Toute théorisation visant à proscrire systématiquement l’emploi des termes terroriste et terrorisme pour qualifier les actes terroristes lorsqu’ils sont perpétrés par les membres d’une cause, d’une race, d’une religion ou d’une nationalité contre les membres d’une autre cause, race, religion ou nationalité, relève de principes racistes en tous points assimilables aux thèses goebbelsiennes.  



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