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Par Jean Tsadik © Metula News Agency
jeudi 18 août 2005
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...des actes terroristes pratiqués sur base idéologique. Une idéologie issue de ladite société. Qui existe. En notre sein. Que c’est préoccupant !
55.000 soldats pour noyer toute opposition dans un show à laméricaine
Au moment de lancer cet article, une unité de Tsahal, en colonne par deux, est en train de dresser un cordon de sécurité humain autour de la synagogue de Névé Dekalim. Dans le bâtiment et sur le parvis de celui-ci, en deux groupes distincts, 1'000 activistes ultra religieux de sexe mâle, infiltrés illégalement dans limplantation, et 1'000 militantes de même nature. Dans quelques instants, les forces dintervention de larmée et de la police, dont les véhicules viennent de franchir le portail du bourg, vont faire mouvement pour arrêter puis expulser ces jeunes gens âgés de 16 à 25 ans.
Vers 13 heures, les infiltrés avaient pourtant passé un accord avec les autorités militaires : il sagissait de les laisser terminer leur prière durant une heure, contre la promesse de leur part de quitter les lieux sans faire de problèmes, dès quils auraient rempli leurs obligations religieuses. La prière se prolongea, bien au-delà des termes du compromis longuement négocié. Cest la raison pour laquelle les forces de sécurité sapprêtent à les expulser par la contrainte.
Tout se déroulait mieux que prévu lors de limmense opération de désengagement de Gaza. Ce matin, à Névé Dekalim, la plus grande implantation juive du Goush Katif, des milliers de soldats et de policiers six pour chaque militant investissaient limplantation. Progression impeccable, des deux côtés de la chaussée. Le regard fixe et décidé, mais sans hargne, sans quil fut possible dy déceler la moindre volonté den découdre, le plus infime signe de provocation.
Le moyen choisi : la dissuasion par le nombre, la démonstration de lordre et de la force. Ilan Tsadik, qui observait la parade des militaires, assis dans lherbe, brancha son MP3 sur une ouverture de Wagner, de fait, il avait limpression dassister à une superproduction hollywoodienne. Cétait effectivement leffet recherché par les stratèges en charge de lopération. Et le stratagème fonctionna ; je veux dire que la présence massive de larmée parvint à imposer lidée que le désengagement constituait désormais un fait accompli. Il ny avait plus quà réaliser techniquement le fait accompli, le reste nétait plus que des actions darrière-garde de la part des jeunes zélotes. Des actions qui se poursuivent à lheure où jécris.
Même le Hamas et le Jihad se gardaient de déranger lévacuation. Pas la moindre infraction de la Houdna à remarquer depuis laube : on allait passer les douze heures les plus paisibles depuis le début de lIntifada. Et les partisans de lopposition au désengagement, 30% de la population israélienne, qui avaient paralysé la vie économique du pays à plusieurs reprises et qui promettaient des manifestations terribles pour la journée, sont passés totalement inaperçus. Jen étais à me demander ce qui pourrait déranger, mettre en danger ou retarder même le nettoyage des implantations ?
On navait peut-être pas suffisamment pris en compte lamertume des plus extrémistes parmi les membres du courant national religieux. Leur drame semblait amoindri. Le gouvernement avait prévu des affrontements très durs pouvant sétendre sur une période dun mois et voilà quau bout dune seule journée dopération, pas moins de 70% des habitants juifs de Gaza et de leurs renforts infiltrés ont déjà été exclus de la bande de Gaza.
La tuile
Alors, est-ce cette amertume, ce sentiment dinimportance, dimpuissance, qui a poussé un nouveau terroriste juif pratiquant, Asher Weissgan, 40 ans, à assassiner trois journaliers palestiniens employés dans limplantation de Shilo en Samarie et à en blesser deux autres ?
Weissgan, membre de limplantation de Rachel Shevout, est chauffeur de minibus affectés au transport douvriers. Comme à laccoutumée, il a embarqué des travailleurs du village palestinien de Tourmous lun des plus calmes de tous les territoires occupés, un tiers des habitants y sont détenteurs dun passeport américain ; parvenu au poste de contrôle de Shilo, Weissgan a arraché le fusil-mitrailleur dun garde sous la menace dun couteau et a abattu froidement deux ouvriers. Il a ensuite embarqué un autre Palestinien, quil a exécuté dans la zone industrielle de limplantation.
Deux blessés de la première salve ont été transportés par hélicoptère vers les hôpitaux de Jérusalem, lassassin a été appréhendé par la police sans opposer de résistance. Il a simplement déclaré à ceux qui lont arrêté : "jai fait cela pour mettre fin au désengagement !"
Linformation de cet assassinat-collectif juif a été connue il y a une demi-heure. Depuis, Ariel Sharon assiège Mahmoud Abbas de coups de téléphone afin quil fasse tout ce qui est nécessaire pour que les organisations terroristes palestiniennes ne puissent pas venger le crime de Weissgan en lançant des Qassam et des obus de mortier sur les implantations de Gaza en voie dévacuation. Avec tous les personnels qui sy trouvent, les 3'000 intrus qui arpentent les rues et les habitants qui déménagent, un faisceau de Qassam pourrait avoir des conséquences désastreuses. De tels tirs entraîneraient à coup sûr une riposte musclée de Tsahal et lobjectif déclaré du terroriste il nest bien entendu pas question de le présenter comme un "militant dun groupe radical israélien, auteur dun attentat !", selon le glossaire de lAFP pourrait être atteint.
Au faîte de la tension
Les hélicos dassaut Apaches survolent les régions doù les terroristes islamistes tirent leurs projectiles. Mahmoud Abbas et les Egyptiens ont induit un dialogue serré avec les chefs du Hamas et du Jihad afin quils ne rompent pas la trêve. Sami El Soudi à Gaza et Ilan Tsadik à Névé Dekalim scrutent le ciel, questionnent les chefs politiques et observent les mouvements dhommes.
Cette nuit sera critique pour la suite du désengagement. Ilan avait préparé un rapport des péripéties de cette première journée dévacuation : rien durgent, son billet attendra. Les soldats qui encerclaient tout à lheure la synagogue sont remontés dans leurs cars, leurs chefs ayant décidé de ne pas intervenir dans la pénombre qui vient de tomber. Ce nest que partie remise à demain.
Une chose encore. Une constatation et pas des moindres : le doute nest plus permis, lassassinat de Shilo nest pas lacte isolé dun individu dérangé. Il sagit du second assassinat-collectif perpétré par un terroriste juif pratiquant en lespace de deux semaines. Il existe désormais un terrorisme juif, qui tente dinfluer sur les décisions politiques en massacrant des civils innocents de lautre bord. Des actes non représentatifs de la société israélienne ni de sa portion religieuse, mais des actes terroristes pratiqués sur base idéologique. Une idéologie issue de ladite société. Qui existe. En notre sein. Que cest préoccupant !