Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Les pièces des puzzles israélien et palestinien ne s’emboîteront jamais les unes dans les autres
Article mis en ligne le 9 juin 2013

Le 5 juin 2013, le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou a appelé le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, à donner « une chance à la paix » et à entamer des négociations sans conditions préalables. De son côté, le Président Palestinien continue d’exiger, avant toute négociation, le gel des constructions dans les implantations, le retour aux « frontières (dites) de 1967 », la reconnaissance de Jérusalem comme capitale palestinienne, la libération des prisonniers, le retour en Israël des réfugiés palestiniens dispersés dans le monde depuis 1948...

C’est un peu comme si les deux responsables politiques construisaient, chacun de leur côté, un puzzle de la situation géopolitique, tentaient de le réaliser et le présentaient comme correspondant à une image commune, alors que leur projection du devenir régional n’est en rien identique dans les deux cas.

Pour Israël, l’image du puzzle se construit à partir d’une situation contemporaine et tend à se rapprocher de la projection idéale visée dans la Bible. En revanche, dans le monde arabo musulman, l’image du puzzle correspond à la représentation Coranique de la Palestine qui ne fait nullement référence à une présence juive. Israël reste donc un occupant sans droit ni titre dans cette région du monde, et doit se retirer de Jérusalem, dans un premier temps, et des terres de Palestine dans un second. C’est ce qui ressort encore des commentaires palestiniens concernant la marche de Jérusalem, organisée le 7 juin 2013.

Le 6 juin 2013, la Fondation Internationale d’Al Qods (Jérusalem) avait appelé les membres de la nation arabe et islamique à témoigner leur solidarité avec la Palestine à l’occasion du 46ème anniversaire de « l’occupation de Jérusalem » (suite à la guerre des 6 jours de juin 1967), dans une « marche mondiale de Jérusalem » à laquelle étaient conviés « les individus, les associations, les institutions, les partis et les militants soucieux de soutenir le peuple palestinien et de défendre la ville d’Al qods », pour dénoncer les « violations et crimes de l’occupant israélien et la judaïsation de la ville ».

Pas moins de 60 pays ont donc été invités à participer à cette marche vers le point frontalier le plus proche de Jérusalem en scandant le slogan : « les peuples du monde veulent libérer Al Qods. Nous la protégerons ensemble et nous la libérerons ensemble (dans un grand mouvement populaire international), des griffes de l’occupation israélienne ». Nous condamnons « les pratiques, les agressions et les crimes sionistes commis contre la ville sainte et sa population palestinienne », de sorte qu’Al Qods « soit au sommet de l’ordre du jour des forces populaires du monde arabo-islamique et dans le reste du monde ». Le message ne saurait être plus clair : la libération de la Palestine et de Jérusalem reste l’objectif à terme.

La marche s’est ainsi déroulée en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie (où les manifestants se sont rendus dans la vallée du Jourdain), en Egypte (avec des manifestations qui ont débuté au Caire près du monument du Soldat Inconnu et se sont dirigées vers le Stade International), en Tunisie (où le déplacement s’est opéré des mosquées de la capitale vers l’avenue Habib Bourguiba) pendant que des marches simultanées étaient organisées en Mauritanie, au Maroc, en Malaisie, en Indonésie, en Turquie, au Pakistan et dans des dizaines de places publiques dans les capitales et d’autres villes dans le monde. En Europe et aux Etats-Unis, des manifestations se sont tenues devant les ambassades israéliennes et des manifestations ont été organisées à Istanbul, Ankara et Londres, Moscou, Oslo, Berlin, Aix-la-Chapelle, Stuttgart, New York et Vancouver…

Ainsi, pendant que Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas tentent de négocier les conditions d’une paix, les populations musulmanes restent majoritairement convaincues de l’usurpation des terres par Israël et son obligation d’en partir.

Bien que sommé par les Etats Unis d’être un tantinet plus pragmatique, Mahmud Abbas ne peut faire l’impasse sur cette projection géopolitique de la Palestine par le monde musulman. Il faut donc se rendre à l’évidence : le Puzzle musulman de la Palestine n’a rien à voir avec l’image que s’en font les juifs. Pour Benjamin Netanyahu, le point de départ des négociations se situe en 2013, alors que pour les palestiniens, il faut reprendre la situation qui prévalait en 1948, c’est-à-dire avant la naissance de l’Etat d’Israël.

D’ailleurs, dans le monde musulman, peu importe de savoir si c’est par la guerre que Jérusalem sera reprise. L’option a été clairement annoncée par les organisateurs de la marche de Jérusalem : « il s’agit d’un message d’avertissement des peuples du monde entier, à l’État de l’occupation, et une expression de la colère populaire vers les pratiques continues et les crimes incessants du racisme israélien, en particulier les raids perpétuels contre la Mosquée bénie d’el-Aqsa, la menace de la diviser, les tentatives de la détruire, ainsi que la menace quotidienne pour tous les lieux saints islamiques et chrétiens, et les campagnes de nettoyage ethnique contre le peuple de Jérusalem »….

Plus précisément, « l’ennemi occupant israélien se trouve face à la réalité de sa disparition et les lieux saints islamiques seront évidemment libérés, le printemps arabe va réellement toucher un jour les territoires palestiniens occupés, et libèrera la Palestine, notamment la ville sainte d’el-Qods occupée et sa mosquée bénie d’el-Aqsa ». Les organisateurs palestiniens ont même exhorté les régimes arabo-islamique à se motiver et soutenir leurs peuples pour la libération de la Palestine et ses lieux saints avec un message triple : « la libération prochaine de Jérusalem, le soutien aux Jérusalémites et l’appel au soutien des régimes arabes pour protéger Jérusalem des attaques israéliennes ».

A titre de comparaison, attendre un résultat des négociations entre le Premier Ministre israélien et le Président Palestinien, c’est un peu comme s’il avait suffit de négocier avec Adolf Hitler pour que les choses rentrent dans l’ordre pendant la période de l’Allemagne nazie. Lorsque le sang de la haine est déversé dans le cœur des populations, c’est l’idéologie qu’il faut détruire pour réveiller la conscience des populations, non se perdre en palabre. Le monde de l’Islam reste convaincu de la destruction de l’entité sioniste à plus ou moins brève échéance, telle une étape dialectique, alors que pour l’Etat hébreu, la terre d’Israël, est le cœur du foyer juif, son devenir et sa finalité. Cette contradiction est insurmontable.

Mahmud Abbas peut donc toujours négocier (dans le vent) avec Benjamin Netanyahu, il ne pourra jamais aller à l’encontre des projections que se fait de Jérusalem, le monde de l’Islam. Il faut donc arrêter de se leurrer en pensant qu’un peu de bonne volonté de part et d’autre, suffit pour y arriver. Les pièces du puzzle israélien et palestinien ne font pas partie du même ensemble. Elles ne pourront jamais s’emboîter les unes dans les autres puisque leurs dimensions, leurs formes et leurs courbures, ne le permettent pas. Il n’existe définitivement aucun moyen d’encastrer les pièces palestiniennes et israéliennes, les unes dans les autres, puisque les jeux ne correspondant pas.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH