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Abbas fait appel à la Sécurité Préventive
Par Sami El Soudi © Metula News Agency
Article mis en ligne le 9 août 2005
dernière modification le 11 août 2005

Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont commencé à réagir énergiquement, dans la bande de Gaza mais également en Cisjordanie, face aux tentatives de déstabilisation des opposants à Mahmoud Abbas.

A plusieurs reprises, on a vu des membres de la « Sécurité préventive » intervenir face aux fauteurs de troubles. La « Sécurité préventive » constitue l’unité d’élite de l’Autorité ; elle reste largement subordonnée aux ordres de son ancien chef, Mohammed Dahlan, même si ce dernier n’en assure plus le commandement depuis de nombreux mois, étant, officiellement à tout le moins, cantonné à ses prérogatives de ministre de la Sécurité Intérieure. Jusqu’à maintenant, cette unité, forte de 1’500 hommes, entraînée et correctement dotée en moyens par l’intermédiaire de la CIA, était demeurée en retrait et ne participait que rarement aux opérations militaires. Au plus fort de l’Intifada, son quartier général avait été volontairement épargné par l’armée israélienne. En retour, les hommes de Dahlan avaient chassé de leurs murs les terroristes de diverses organisations qui avaient tenté de trouver refuge dans le périmètre de leurs bases.

Ce qui a occasionné la sortie de sa réserve de la « Sécurité Préventive » résulte de la dangereuse tentative de Farouk Kaddoumi d’implanter une nouvelle milice à sa solde dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza. En fait, nous assistons ni plus ni moins à une démarche de la part de Kaddoumi, depuis les lieux d’exil à l’étranger dans lesquels il campe, de récupérer les Brigades des Martyrs d’El-Aqsa, brièvement rebaptisées « Brigades Yasser Arafat » à la mort de l’ancien raïs. Cette organisation terroriste, créée par Arafat, fait encore structurellement partie du Fatah, même si, dans les faits, ce qu’il en reste est désormais en rébellion presque ouverte contre l’Autorité Palestinienne. Plus précisément encore, ceux de ses éléments que l’Autorité a jugé « récupérables » ont été intégrés aux forces régulières, alors que les autres ont été privés de tout support et sommés de cesser leurs activités.

Le recyclage de ces éléments est rendu particulièrement délicat depuis que l’organisation a été privée de sa liberté d’action et contrainte de respecter les accords de cessez-le-feu passés par Mahmoud Abbas avec le premier ministre israélien.

Farouk Kaddoumi, qui reste le Secrétaire général du comité central du Fatah ainsi que du département politique de l’OLP, avait déjà revendiqué depuis Paris la tête des institutions palestiniennes à la mort d’Abou Ammar. Il s’agit d’un personnage ambitieux, qui s’était d’ailleurs souvent opposé à Arafat de son vivant et notamment concernant le processus d’Oslo. Kaddoumi, qui rejette fermement toute solution pacifique avec l’Etat hébreu, brigue la place de président de l’Autorité à laquelle a été élu Mahmoud Abbas. Dans cette optique, cet opposant de l’intérieur avait établi des bureaux imposants dans le camp de réfugiés de Khan Yunis dans la bande de Gaza et avait placé à leur tête l’un des chefs terroristes des Martyrs, activement recherché par les Israéliens pour sa participation à plusieurs assassinats-collectifs, répondant au nom de Souleiman El-Fara. Jugeant que cette initiative menaçait le pouvoir légitime ainsi que le déroulement pacifique du désengagement israélien, Abbas a ordonné dimanche dernier l’arrestation d’El-Fara et la destruction des bâtiments de la milice en formation de Farouk Kaddoumi. Ce sont les hommes de la Sécurité Préventive qui se sont chargés de ces missions, incendiant les locaux en question.

En réaction à ces opérations, une trentaine d’éléments armés issus des Martyrs se sont d’abord emparés d’immeubles servant aux services municipaux à Khan Yunis. Ils ont ensuite menacé l’Autorité de « perpétrer des actions allant au-delà de l’imagination » au cas où Fara ne serait pas relâché.

Devant la détermination des autorités, les mêmes éléments ont tenté de kidnapper des coopérants étrangers en poste à Gaza. L’une de ces tentatives fut couronnée de succès lorsque les miliciens de Kaddoumi parvinrent à intercepter une jeep de l’ONU (UNWRA) circulant munie de son drapeau bleu distinctif. Les assaillants s’emparèrent de deux coopérants, la Britannique Christine Blunt et le ressortissant helvétique Steven Karl, ainsi que d’un assistant palestinien. Dans les minutes qui suivirent l’enlèvement, des membres de la Sécurité Préventive, déployés à Khan Yunis, ouvrirent un feu nourri contre les kidnappeurs et parvinrent à rendre leur liberté aux otages terrorisés. Dans l’affrontement, l’un des auteurs du rapt ainsi que deux passants ont été blessés.

Le commandant de la Sécurité Préventive de la région de Khan Yunis a présenté « les excuses du peuple palestinien aux deux amis internationaux ». Depuis cet incident, et devant le désordre croissant qui s’instaure dans la bande de Gaza, les organisations d’aide internationale ont décidé de limiter leur travail dans cette région au strict minimum. Le Comité International de la Croix Rouge, pour sa part, a fermé sine die ses bureaux de Khan Yunis et a confiné ses employés dans des bureaux sécurisés. Les représentants du CICR ont par ailleurs rencontré M. Abbas lui demandant d’entreprendre une action plus résolue afin de mettre un terme aux tentatives d’enlèvements.

Parallèlement à ces incidents, les actions offensives des forces de l’AP semblent se multiplier et la coopération avec les forces israéliennes a tendance à s’étendre. Lundi soir, trois individus, suspectés d’avoir participé au mitraillage d’Israéliens dans la région de Ramallah dimanche ont été appréhendés dans le village de Jalazoun et emmenés pour interrogatoire dans la ville autogérée de Jéricho. Lors de cette agression, revendiquée à nouveau par les Brigades des Martyrs d’El-Aqsa, un jeune israélien de 10 ans avait été sérieusement blessé. Mardi à l’aube, un suspect supplémentaire de la même agression s’est rendu aux autorités de Ramallah. Les officiers de liaison palestiniens ont communiqué à leurs correspondants israéliens les détails de ces arrestations ainsi que l’identité des personnes interpellées.

Il est significatif d’observer que les initiatives des alliés de Kaddoumi se produisent à un moment où les organisations terroristes islamiques, sous la pression croisée de Mahmoud Abbas, des Egyptiens et des actions de l’armée israélienne, ont notablement réduit leurs tirs de Qassam et de mortiers en direction de Sderot et des implantations juives de la bande de Gaza. Il ressort que les opposants à l’intérieur du Fatah désirent attiser les désordres à la veille du retrait de Tsahal. L’explication qui s’impose indique que Farouk Kaddoumi entend faire la démonstration qu’il possède les moyens d’intervenir de façon armée sur le terrain, essayant ainsi de voler la vedette à ceux qui veulent faire croire que les Israéliens plient bagages en réponse à la pression militaire qu’ils exerçaient.

Pour l’instant et malgré les tumultes résiduels, il apparaît que la tentative du dissident en exil a été efficacement contrée. Dans la même dynamique qui s’installe, le recours aux forces d’élite de Mahmoud Abbas va augmentant, dans une démonstration de détermination de la part du pouvoir palestinien. Il est vrai que l’alternative consiste à perdre définitivement pied à Gaza ; ce d’autant plus qu’à la fin du mois, après le départ de l’armée des Hébreux, celle d’Abbas sera seule pour faire admettre à des milliers de terroristes armés qu’elle est capable d’imposer la volonté de notre gouvernement démocratiquement élu. 



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