Cette semaine, une ligne rouge a été franchie. A l’heure où sont écrite ces lignes, l’éditorial qui était prévu est devenu obsolète. Un fait nouveau d’importance vient de se produire et il nous est impossible de faire l’impasse dessus.

Près de Haïfa à Shfaram, en début de soirée de ce jeudi 4 août 2005, un jeune juif vêtu d’un uniforme de Tsahal a tiré alors qu’il se trouvait dans un bus. D’abord sur le chauffeur, puis sur les passagers. Le bilan s’élève à quatre morts et une dizaine de blessés.
Toutes les victimes avaient la particularité d’être, pour le tueur, des Arabes.

Quelle catastrophe !

Un Juif, même instable ou déséquilibré, ne se comporte pas comme l’a fait ce jeune homme.
Comment en sommes nous arrivés là ?
Ce soir, c’est la consternation, dans notre salle de rédaction, comme probablement dans tout le pays...
Il est encore trop tôt pour que nos analystes puissent tirer des conclusions .
Naturellement , vous pourrez consulter leurs réflexions et commentaires dans les jours à venir , lorsque les esprits seront refroidis et lorsque les circonstances de ce drame auront été clairement définies.

Notre rédaction dont le métier est de rapporter l’information, a l’humilité d’avouer vouloir connaître les faits exacts avant de se livrer à une quelconque analyse.
Les politiciens devraient en faire autant et attendre avant d’accuser tel ou tel groupe d’opinion ou politique. Déjà, les stigmates de la haine apparaissent sur les visages de nos élus.

Ce soir, nous n’avons que le droit de crier notre indignation et d’exprimer notre désarroi. Nous devons tant à l’échelle gouvernementale , qu’à celle individuelle, faire notre introspection.
Se poser les bonnes questions, sans se dérober en se persuadant que ce qui arrive est la faute des autres.

D’ores et déjà, devant cette tragédie, un fait est certain : nous sommes tous coupables .

Coupables ?
Oui, coupables ...
Coupables d’être devenus indifférents à la souffrance.
Coupables de n’afficher que nos certitudes, sans laisser de place au doute.
Coupables de laisser filer nos valeurs ancestrales, en les sacrifiant sur l’autel de l’autosuffisance.
Coupables de laisser la violence devenir un mode d’expression entre-nous.
Coupables de laisser la haine gagner nos esprits.
Coupables de laisser se briser l’unité de notre peuple.
Coupables d’avoir oublié que nous sommes : JUIFS.

Aujourd’hui, jour sombre parmi les jours sombres, il nous faut baisser la tête et dire aux familles de ces innocentes victimes, que nous connaissons trop les stigmates induits par la sauvagerie du terrorisme, pour ne pas partager leur peine et leur douleur.