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Sans queue ni tête, 2ème partie
Par Viviane Miles © Metula News Agency
Article mis en ligne le 3 juillet 2005

(...) parce que, diffamation raciale faisant, les enfants israéliens nés cette nuit font déjà, selon les écrits de Morin, Naïr et Sallenave, partie intégrante et indissociable d’un peuple qui humilie, méprise et persécute un autre peuple, en y prenant du plaisir ; que chez tout être humain responsable, la compréhension de l’abomination contenue dans cette association raciste induit au dégoût et non à la solidarité (...)

Libé retente le "coup de la victime"

 

Pendant que s’effondrait l’appel à la solidarité avec Morin pour les raisons que j’ai décrites dans la première partie de mon article, un autre acte public de signature, le concurrent du premier, s’envolait. Je parle de la proposition faite par un collectif de nombreuses associations françaises, nonauxracistes, auquel mon agence de presse n’adhère naturellement pas, et qui propose au public de s’associer individuellement au contenu d’un article de Juffa, qui y déclare sa guerre intellectuelle totale aux signataires de la solidarité avec Morin. Un article que mon confrère n’a pas écrit afin de servir de support à cette initiative, est-il besoin, connaissant notre très strict attachement déontologique, de le mentionner ?

 

En l’espace de 24 heures, sans bénéficier d’aucun appui ni citation médiatiques, le nombre de ceux qui s’étaient ralliés aux considérations de notre rédac-chef et avaient fait serment de se mobiliser aux mêmes motifs que lui, dépassait les rouges et bruns ; quelques heures encore et il les doublait…

 

Au même moment, à Libé, nageant sans doute dans le désarroi le plus dense, on opta pour une combine éprouvée du sauvetage des coupables en haute mer : la victimisation ! Ca avait semblé fonctionner dans le cas de Charles Enderlin, alors pourquoi ne pas reprendre l’astuce avec un Morin en très mauvaise posture ?

 

La tâche fut confiée au pigiste de la pensée unique Jean-Pierre Thibaudat, qui construit le radeau de survie sur le thème connu du brave type menacé par les bandits masqués. "Ces insultes nient toute ma vie", s’exclame Edgar Nahoum, dans un cri déchirant en sous-titre de l’interview de Thibaudat, qui commence par rappeler soudain que la victime a 84 ans !

 

On aurait bien versé une larme ou deux sur ce "respectable vieillard" mais c’aurait été oublier qu’il y a une dizaine de jours, son grand âge ne l’avait guère empêché d’exprimer son incertitude, lors de réponses confiées à Silvia Cattori, quant à savoir s’il existait, dans l’armée d’Israël, un seul soldat qui ne méprisait pas les Arabes. Bref, des propos semblables à ceux qui lui ont valu sa condamnation pour diffamation raciale.

 

800'000 juifs français amalgamés par Libé et Morin à un seul email d’injures et de menaces !

 

Morin est "une crapule (…), un de ces juifs honteux qui crachent sur son peuple en l’insultant" voilà le traitement qui, à en croire l’action Sauvetage de Libé, lui est réservé par ses détracteurs et qui justifie l’accablement dont se plaint le sociologue. Et ce n’est pas tout, il y a aussi des menaces qui "puent", comme le souligne Thibaudat : "Nous nous voyons au regret de vous annoncer que nous connaissons votre nom et l'endroit où vous travaillez et donc nous allons bientôt vous rendre visite à vous et au vieux Edgard (sic) pour vous mettre les POINGS sur le "i"."

 

Tout ce qui précède et qui constitue le SEUL prétexte de cette nouvelle mobilisation de Libé pour la défense du sociologue raciste figure dans un mail, un seul ! Un email reçu par la collaboratrice de Morin à l’Ecole des hautes études en sciences sociales – et accessoirement réceptionniste des signatures de solidarité, on n’est décidément jamais mieux servi que par soi-même ! – Madame Catherine Loridant.

 

Deux pages du quotidien consacrées au seul message d’un internaute grossier et indéniablement punissable pour les menaces qu’il a proférées. Deux pages pour un email, qui fait dire à la victime : "c’est comme Dreyfus, mais à l’envers. Ce sont des juifs qui me persécutent. Ce n’est pas seulement inique, c’est fou."

 

Inique et fou… ce simulacre d’information

 

Inique et fou, deux termes que je retiens mais qui me semblent mieux convenir au simulacre de journalisme commis par Jean-Pierre Thibaudat. J’ai lu ou entendu trois commentaires fondamentaux, émis par des professionnels de l’information, suite au lancement de l’appel de soutien de Libération. Leurs auteurs sont Alain Finkielkraut, Stéphane Juffa et Clément Weil-Raynal. Aucun d’entre eux ne profère la moindre injure à l’égard du sociologue mais tous trois analysent au fond les démarches intellectuelles de Morin, de Libération, des medias et des signataires de l’appel de solidarité contre la décision de justice.

 

Autant dire que ce qu’ils expriment n’a strictement rien en commun avec le mail de menaces reçu par Catherine Loridant. Ce sont eux qui formulent la contre argumentation à celle exposée à longueurs de pages dans Libé, mais aussi dans le Figaro, sous la plume de Stéphane Denis et dans le Monde, sous celle, non moins convaincue de Nicolas Weill. Or on ne trouve aucune trace du raisonnement des véritables détracteurs de la solidarité-Morin. Ni dans l’interview de Thibaudat ni ailleurs dans la presse généraliste tricolore. Cette constatation suffit en elle-même à vérifier l’un des aspects principaux de l’accusation d’antisémitisme proférée par Juffa dans son dernier article : les medias français, usant de leur privilège éditorial, écrasent le vrai débat, empêchent même le public français de savoir qu’il existe, le privent de connaître les arguments des tribuns de l’autre parti à cette controverse. Ils font encore pire que cela, ils lui substituent de faux adversaires, comme l’auteur de l’email imbécile adressé à Loridant. Puis ils s’en donnent à cœur joie pour déchirer des positions qui n’appartiennent à personne mais qui permettent à un Morin ainsi victimisé d’affirmer que "des juifs le persécutent", sans avoir à répondre à la moindre des imputations pour le moins sensées que lui adressent ses véritables adversaires. C’est là la répétition à l’identique des mesures prises par la même presse lorsqu’elle ouvre toutes ses colonnes à Charles Enderlin pour qu’il y exprime ses plaidoiries dans la Controverse de Nétzarim, tout en occultant hermétiquement les voix circonstanciées qui le condamnent.

 

Les opposants à la pensée unique jetés dans la cave de la France

 

Des controverses à une seule voix, c’est en cela que se sont spécialisés les medias français. C’est cela la pensée unique constructrice de la non-information. C’est une presse syndicalisée dans une espèce de maquis afin de propager une idée par sujet et de barrer la route à toute esquisse de débat. Sûr que la disparition du pluralisme informationnel a, hic et nunc (ici et maintenant), des effets ravageurs terrifiants sur la santé de notre démocratie. Il faudra continuer de les analyser en détail, cela est par trop grave pour ne tenir que dans une partie d’un seul article. Ce qui m’intéresse dans le développement que j’expose aujourd’hui, c’est principalement l’effet de la disparition de la presse équilibrée, de la presse garante de l’information tout court, sur la sécurité de la minorité juive ainsi caricaturée et bâillonnée. A lire l’article de Thibaudat, le lecteur français ne peut que se faire une idée de ses compatriotes juifs qui ressembleraient à l’auteur du courriel menaçant. Il suffit pourtant de consulter les messages rédigés par les signataires de nonauxracistes [ici] pour s’assurer que les israélites de ce pays sont inquiets de ces phénomènes, mais qu’ils ne s’expriment ni par menaces ni en onomatopées ; ils auraient un message intelligent, complexe, républicain et responsable à faire passer, si on ne les avait pas déjà confinés dans une sorte de "camp de concentration" intellectuel, dont aucun son ne sort.

 

En compulsant cette liste on se rend compte d’un autre aspect dont la presse unanimiste, pour soutenir son accusation ridicule de communautarisme, se garde bien de faire écho : les juifs ne sont pas les seuls à être passés à la cave de la France. Malgré l’influence pesant d’un poids énorme des organes de communication qui disent tous la même chose, une multitude de Français non juifs résistent intellectuellement à l’appel de Morin ; résistent au point de s’associer, individuellement, au grand jour, à la déclaration de guerre intellectuelle totale proclamée par Juffa. Et ils sont professeurs des universités, jardiniers, députés, chauffeurs de poids lourds, chevaliers de la Légion d’honneur, juristes et bouchers ; et ils comprennent la taille du danger qui menace le pays qu’ils aiment, au point de sortir de leur réserve, prenant l’initiative extraordinaire, urgente, de déclarer la guerre à ceux qu’ils considèrent comme des agitateurs racistes et contre ceux qui propagent leurs théories et occultent les autres.          

 

Leur voix, comme la nôtre, est interdite d’antenne et de papier. Pourtant, ils ne sont ni bruns ni rouges et n’ont commis aucun crime. Ce qu’ils disent des Morin et des medias, c’est qu’en véhiculant quotidiennement des informations du type : "les Israéliens ont rasé l’agglomération de Jénine" et en empêchant que l’on montre aux Français les images qui prouvent le contraire, qu’en amalgamant ces fausses nouvelles au point de les transcrire en des comportements sadiques et diaboliques de peuple, de nation ou de race, on fait courir un danger monumental à la société française. Ce qu’ils disent, c’est qu’en bâillonnant ceux qui disent la vérité, en les caricaturant pour mieux les stigmatiser, en lâchant dans la campagne de France des meutes de loups entières et en enfermant leurs prédateurs naturels dans des cages, c’est la démocratie et la sécurité des personnes qu’on assassine. Les leurs.  

 



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