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La région : Hamas Victorieux
Barry Rubin, The Jerusalem Post (Traduction française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC)
Article mis en ligne le 20 mai 2005

Ne mâchons pas nos mots : la victoire écrasante du Hamas lors des récentes élections palestiniennes locales est un désastre pour les espoirs de paix des Palestiniens, et pour Israël. C’est un tournant historique. L’Occident devra choisir entre reconnaître ce qui arrive, ou glisser sur un terrain très dangereux.

D’abord, nous devons nous débarrasser des tentatives désespérées, outrageusement naïves pour adoucir le souffle, telles que proclamer que le Fatah est « vainqueur » de l’élection bien qu’il n’ait recueilli que 40 % des votes, ou que cette victoire va modérer le Hamas. Le Hamas va désormais être en mesure d’empêcher même les plus petits pas en avant vers la paix, ou un compromis de Mahmoud Abbas (Abu Mazen). En effet, un processus de paix qui pourrait conduire à un large accord dans les années à venir est terminé.

Considérez que :

Le Fatah ne relèvera le défi en écrasant sa propre corruption, ou en faisant émerger de meilleurs dirigeants.

Sentant la faiblesse du Fatah, la faction dissidente qui soutient Marwan Barghouti élèvera ses exigences et s’inclinera peut-être de plus en plus vers une alliance avec le Hamas. Si des candidats indépendants du Hamas se mettent en lice, les forces d’Abu Mazen feront encore moins bien aux élections législatives programmées en juillet.

Après le prochain scrutin, Abu Mazen pourrait bien être confronté à l’opposition parlementaire du Hamas, aux gauchistes durs, et aux membres dissidents du Fatah, qui peuvent intimider ou bloquer, toute tentative de compromis, de modération, ou même se jouer des précédents engagements de l’Autorité Palestinienne.

Le Hamas n’a pas gagné l’élection du fait de sa modération, mais par ses attaques terroristes, ses exigences de victoire totale, et son opposition à un accord de paix négocié. Alors que les services sociaux et la réputation de moindre corruption du mouvement ont aussi contribué, aucun chef du Hamas ne conclut que la victoire nécessite l’abandon de l’extrémisme. Au contraire, le vote est un mandat pour l’intransigeance.

La question essentielle est que, si Abu Mazen était trop effrayé pour s’attaquer aux terroristes, modérer l’idéologie palestinienne, ou négocier une paix de compromis avec Israël quand il avait tout le pouvoir, il sera désormais encore plus timoré.

Deux exemples pré-électoraux : des attaques terroristes palestiniennes ont augmenté de 54 % entre mars et avril du fait de la passivité d’Abu Mazen. Quand ses forces arrêtèrent un membre du Hamas pour avoir tiré une roquette sur Israël, le Hamas a tout simplement bloqué Gaza par des manifestations pendant quelques heures et menacé la vie des officiels du gouvernement jusqu’à ce qu’ils le relâchent. Quelqu’un sera-t-il aujourd’hui empêché d’attaquer Israël ou de défier le régime palestinien ?

Et puis, cela signifie que quel que soit le nombre de concessions faites par Israël en se retirant et en libérant des prisonniers, ou le montant d’argent et de soutien que l’Occident donne à Abu Mazen, il n’y aura pas de processus de paix sérieux. La direction palestinienne est paralysée. Que le Hamas, pour ses propres objectifs, permette au cessez-le-feu de durer ou non, tout espoir d’une réelle percée est terminé.

Si grande est la présomption que le mouvement palestinien doit être modéré et pragmatique que beaucoup voudront tout simplement ignorer la nouvelle situation et continueront d’attendre d’Abu Mazen qu’il fasse la paix, alors que tout prouve le contraire. D’autres, spécialement en Europe, tiendront pour argument que le Hamas peut être modéré s’il est apaisé aux dépens d’Israël. Ayant échoué à modérer Arafat et ses successeurs, ils utiliseront les mêmes tactiques avec les islamistes beaucoup plus durs et extrémistes.

En dehors de l’idéologie, qui a constamment exigé la destruction d’Israël, pourquoi le Hamas abandonnerait-il un programme manifestement si attractif pour les Palestiniens, et une stratégie qui marche clairement ? Son grand avantage est la violence terroriste, et davantage d’attaques contre des Israéliens démontreront encore plus, selon le raisonnement de sa direction, combien elle est plus efficace que celle des rivaux.

Ironiquement, le fondement de la victoire du Hamas a été créée et maintenue par le Fatah, l’enfant de la combinaison par Yasser Arafat de l’extrémisme et de l’incompétence. C’est le résultat naturel du rejet de la paix en 2000, et du lancement d’une guerre terroriste de quatre ans. Pendant des années, la direction nationaliste disait au peuple chaque jour qu’Israël s’effondrerait, que les Palestiniens ont un droit sur tout son territoire, que la violence est la seule tactique efficace et le compromis une trahison.

Maintenant Israël est confronté au problème du retrait de la bande de Gaza où le Hamas sera dominant, du retour des villes de la rive occidentale à une Autorité Palestinienne ne montrant aucun intérêt à désarmer ou arrêter les terroristes, et à la tentative d’aider un régime qui n’a aucun intérêt dans un accord de paix.

L’autre facteur est de savoir comment l’Occident verra ces développements. Des observateurs tirent déjà des analogies inadaptées sans référence aux faits spécifiques concernant le Hamas et la politique palestinienne, concluant qu’un peu de gentillesse et la direction de quelques conseils municipaux modéreront le Hamas. Beaucoup blâmeront Israël de ne pas faire plus de concessions unilatérales.

Mais ce fut l’échec d’Abu Mazen de rompre avec le passé et ses collègues, son désintérêt pour un changement réel qui a fait du Hamas une alternative attractive.

Aussi le problème demeure le même qu’avant : un mouvement palestinien formé par Arafat, l’extrémisme, la terreur et la diabolisation d’Israël n’a pas conduit à une direction ou à une idéologie modérées. Les forces occidentales, conciliantes et même acclamant les extrémistes, assurent leur intransigeance.

Le dernier processus de paix a pris sept pour parvenir à son résultat sanglant et déprimant. Ce round prendra probablement moins d’un an.

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L’auteur est directeur de « Global Research In International Affairs (GLORIA) Center et rédacteur au « Middle east review of International Affairs (Meria) Journal. Son livre, « The Long War for Freedom : The Arab Struggle for Democracy in the Middle East sera publié en septembre.



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