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Iran : Israël peut-il compter sur les États-Unis ? Réponse circonstanciée et conseils avisés d’Ely Karmon
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 27 août 2012

Ely Karmon est Maître de Recherche au prestigieux Institut International du Contre-Terrorisme et Institut pour la politique et la Stratégie du Centre Interdisciplinaire d’Herzlyia en Israël. Cet analyste hors pair dresse ici un tableau complet de la situation vis-à-vis de l’Iran. Au regard de précédents historiques il ne se fait guère d’illusions quant à une intervention américaine. Mais il donne à Israël un conseil avisé : il faut attendre de voir sur quoi la crise syrienne va déboucher dans la région, y compris en Iran...le salut venant peut-être de là.

Ci-dessous traduction de son intervention :
Par Ely Karmon Août 2012

La question principale dans le débat interne en Israël, et entre les dirigeants israéliens et américains, concernant le moment adéquat pour une attaque contre les installations nucléaires iraniennes est la question de savoir si Israël peut espérer que le Président Obama tiendra sa promesse et ordonnera une frappe avant que l’Iran parvienne à une pleine capacité militaire. Le Président israélien Shimon Peres a déclaré récemment « qu’il faisait confiance au Président américain, Barack Obama, pour empêcher la République islamique d’obtenir des armes nucléaires ».

L’historique de la manière dont les Présidents américains ont répondu aux défis posés par le régime de Téhéran montre le contraire.

Le Président Carter, non seulement n’a pas soutenu le Shah d’Iran dans sa lutte contre la révolution khomeiniste, mais il n’a résolu ni politiquement ni opérationnellement la crise des otages de 444 jours qui a suivi, avec ces 44 diplomates américains emprisonnés par le régime de Khomeini. Et Carter a perdu sa deuxième course à la présidence.

Le Président Reagan, combattant très apprécié contre le terrorisme international, a bombardé la Libye et Kadhafi personnellement pour le meurtre de deux GIs dans un bar à Berlin, mais il n’a pas osé défier Téhéran, a rappelé du Liban les soldats américains pour la paix [ qui y étaient stationnés ], après que, sous la direction de l’Iran, le Hezbollah a mis par deux fois une bombe dans l’ambassade des États-Unis à Beyrouth, tué 270 Marines dans un attentat-suicide, enlevé et assassiné des dizaines d’Américains au Liban et détourné des avions américains.

Le Président Clinton connaissait précisément le rôle joué par les services de renseignement iraniens lors de l’attaque terroriste de 1996 contre les tours Khobar à Dahran, en Arabie saoudite, où 19 soldats américains furent tués et des dizaines blessés. Il garda secrète l’information fournie par le chauffeur saoudien du véhicule utilisé pour reconnaître les lieux pour cet attentat, celui-ci s’étant envolé pour le Canada avant d’être extradé vers les États-Unis ... Il a préféré engager des négociations avec l’Iran « réformiste » du Président Khatami (qui se souvient de lui ?), plutôt que de punir l’Iran.

Le Président Bush junior, qui en occupant l’Irak croyait encercler l’Iran avec des troupes américaines et convaincre le principal membre de « l’axe du mal » de se plier aux pressions américaines, n’a pas exercé de représailles contre Téhéran pour son soutien à l’Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr et d’autres factions dissidentes combattant les forces américaines sur le terrain. Bush a préféré donner à Israël le feu vert pour bombarder le réacteur syrien au plutonium plutôt que d’engager les États-Unis dans une telle aventure.

Les déclarations publiques de dirigeants militaires américains de premier plan, comme l’ancien président des Chefs d’État-major des États-Unis, l’amiral Mike Mullen et l’actuel président, - le général Martin Dempsey, le général Anthony Zinni, ancien commandant du CENTCOM – commandement central des États-Unis, le général Ron Burgess, directeur des services de renseignement à la Défense, l’ancien chef de la CIA et de l’Agence Nationale à la Sécurité (NSA), le général Michael Hayden, mettant en garde contre une attaque militaire contre l’Iran, ou la lettre ouverte publiée dans le Washington Post par un groupe de militaires de haut niveau et des responsables des renseignements en mars 2012, exhortant le président Obama à résister aux pressions exercées pour qu’il attaque le programme nucléaire iranien, ont sans doute convaincu les Ayatollahs et les commandants militaires iraniens qu’il n’y a pas grand chose à craindre des Américains.

Enfin, le projet de nucléaire militaire de la Corée du Nord est un exemple vivant des promesses non tenues par les présidents Clinton et Bush de dépouiller un régime voyou de ses capacités d’agression.

Le président Obama a adopté une stratégie consistant à demander une légitimité accordée par le Conseil de sécurité de l’ONU et la communauté internationale avant de décider d’une intervention militaire à l’étranger, comme le prouvent les crises en Libye et actuellement en Syrie. Combien de temps va-t-il attendre le soutien de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité, sans parler du soutien de l’Europe, pour que cela se fasse ?

La réticence américaine à attaquer le projet nucléaire de l’Iran ne veut pas dire qu’Israël doit renoncer à convaincre les États-Unis, les dirigeants européens et arabes, de la nécessité d’une opération militaire contre les installations nucléaires de l’Iran. Beaucoup semblent préférer qu’Israël fasse le « sale boulot » afin qu’ils puissent le vilipender ensuite.

Les dirigeants israéliens doivent décider d’une attaque indépendante uniquement au dernier moment possible de ce qu’on appelle la « zone d’immunité ». Ils doivent résister à la tentation de le faire à la hâte avant l’issue de la crise syrienne, ce qui pourrait avoir un impact considérable sur l’équilibre régional des pouvoirs vis-à-vis de l’Iran, mais aussi générer des répercussions politiques et sociales majeures en Iran même, aboutissant peut-être à un soulèvement populaire du peuple perse.



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