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Une altercation médiatique syro-jordanienne au sujet de la Résolution 1559
MEMRI
Article mis en ligne le 23 mars 2005

Ces derniers jours, les presses syrienne et jordanienne se sont lancées à tour de rôle des accusations à propos de la Résolution 1559 appelant à un retrait syrien du Liban.

Le 12 mars 2005, l’éditorial du quotidien gouvernemental syrien Teshrine attaquait la Jordanie pour sa politique générale à l’égard de la Résolution et plus particulièrement pour une déclaration faite par Hani Al-Mulqi , ministre jordanien des Affaires étrangères, lors de sa visite en Israël. Le docteur Hani al-Mulqi avait alors appelé la Syrie à appliquer la Résolution. L’éditorial de Teshrine, écrit par Issam Dari, affirme que la Jordanie s’est chargée de représenter le diable en adoptant une politique similaire à celle des Etats-Unis et d’Israël, ce qui donnait le sentiment de se faire « poignarder par son frère et partenaire ».

Le lendemain, le quotidien jordanien Al-Rai , affilié au gouvernement du pays, publiait une réponse rédigée par son analyste politique. Selon ce dernier, les auteurs de l’éditorial paru la veille dans Teshrine vivent encore au Moyen-âge et sont enfermés dans le passé. Les vrais « diables », écrit-il en faisant allusion à la Syrie, sont les affairistes à l’œuvre depuis quarante ans au sein de la nation arabe, qui ont mené cette dernière à sa triste situation actuelle. Voici des extraits de ces articles :

Le quotidien syrien Teshrine  : La Jordanie s’est chargée de représenter le diable

L’éditorial de Teshrine déclare : « Il n’y a rien de surprenant à être poignardé par votre ennemi car il est par nature vil et déloyal. Mais lorsque vous vous trouvez poignardé par quelqu’un censé être votre frère et allié dans cette guerre pour la survie, cela provoque non seulement de la frustration mais aussi de la tristesse. C’est particulièrement vrai si ce ‘frère’ et ‘allié’ s’est de lui-même porté volontaire pour représenter le diable et a adopté une politique et des positions qui vont parfois plus loin que la politique et les positions de l’ennemi lui-même !

Nous espérions que les consultations, rencontres et visites inter-arabes ayant eu lieu en prévision du sommet arabe [dont la tenue est prévue pour le 22 mars 2005 en Algérie] avaient pour but d’étudier les meilleures façons de parvenir au succès du sommet et de coordonner nos politiques et positions - afin de renforcer et d’affermir la position arabe pour pouvoir affronter les défis qui encerclent la nation arabe de toutes parts, notamment au vu de la gravité des circonstances et du caractère sérieux de ces défis. Mais malheureusement, c’est tout le contraire qui est arrivé.

La Jordanie, en renvoyant son ambassadeur à Tel-Aviv, a récompensé Israël pour les crimes et massacres commis ces quatre dernières années et il se peut que nous le voyions bientôt à Jérusalem même ! Après cela, le roi de Jordanie envoyait à Tel-Aviv son ministre des Affaires étrangères, le Docteur Hani Al-Mulqi, serrer la main de Sharon - encore tachée par le sang de nos courageux frères palestiniens.

La visite [d’Al-Mulqi en Israël est peut-être] l’affaire de la Jordanie, mais elle est contraire au consensus arabe. La déclaration d’Al-Mulqi [à propos de la Résolution 1559] a outrepassé toutes les limites. A tous points de vue, il s’agit d’une traduction exacte de la politique israélo-américaine dans la région, qui équivaut à se tenir en rangs serrés derrière la politique moyen-orientale de Washington et Tel-Aviv dans leur guerre et leurs pressions contre Damas.

Depuis Tel-Aviv, Al-Mulqi a appelé la Syrie à appliquer immédiatement la Résolution 1559, considérant les Accords de Taëf comme un vestige du passé n’ayant plus aucune valeur. En agissant ainsi, il est allé plus loin encore que les positions américaines et israéliennes et plus loin que la Résolution 1559, qui se base en partie sur les Accords de Taëf.

En outre, Al-Mulqi a ignoré la volonté des Libanais eux-mêmes, y compris des membres de l’opposition, qui insistent sur leur adhésion à Taëf. Par qui le ministre Al-Mulqi a-t-il été mandaté pour parler au nom des Libanais, des Syriens et des Arabes ... ?

Laissons donc le ministre jordanien se rendre en Israël pour rencontrer Sharon, qui a fait couler le sang palestinien en toute impunité et a permis à son armée de mener une guerre totale contre toutes les franges du peuple palestinien frère. Mais les décideurs à Amman doivent garder en tête les limites des positions et déclarations de leurs représentants officiels et [prendre garde à] ne pas représenter le diable et à ne pas prendre part au jeu dangereux qui a actuellement cours à Washington.

Il n’est pas convenable pour les dirigeants jordaniens de serrer la main des assassins des Palestiniens et des Arabes, qui détiennent encore des Jordaniens en prison et refusent de les libérer en dépit des relations très amicales et chaleureuses qu’entretiennent Tel-Aviv et le trône jordanien.

Il est déplacé de la part des dirigeants jordaniens de participer à l’offensive de désinformation et de falsification et d’agir au sein de la sphère européenne pour défendre les positions israéliennes et américaines - en particulier celles contre la Syrie, qui s’est depuis toujours consacrée à la défense de la nation [arabe] et de ses intérêts.

Il est particulièrement infamant pour Al-Mulqi de serrer la main du Premier ministre Sharon lorsque au même moment un Européen, le maire de Londres, fait montre de courage en déclarant que Sharon est un criminel de guerre qui devrait être en prison et qu’Israël mène une politique raciste et criminelle.

Nous espérions que la Jordanie, notre sœur, prendrait des mesures [en faveur] des frères arabes, en particulier la Syrie, afin de résister aux attaques dont les Arabes, la Syrie en tête, sont victimes, et de faire du sommet d’Alger un succès. Mais les ‘frères’ jordaniens ont voulu changer cette tendance, car il semble qu’ils n’ont pas de liberté de choix et que leur politique n’est pas élaborée à Amman en fonction des aspirations de la rue jordanienne arabe et panarabe mais en fonction d’autres considérations. » (1)

La réaction jordanienne : Les diables sont ceux qui ont mené la nation arabe à la défaite répétée

Le ministre des Affaires étrangères jordanien Hani Al-Mulqi a répondu à l’éditorial de Teshrine : « Les propos tenus dans la presse syrienne sont sans valeur. Nous ne pouvons pas être sélectifs à l’égard des décisions du Conseil de sécurité. Teshrine peut dire ce que bon lui semble. » (2)

Le 13 mars, le rédacteur en chef du service politique du quotidien gouvernemental jordanien Al-Ra’i publiait les propos suivants : « Nous espérions que l’époque de la trahison et des attaques médiatiques planifiées, remplies d’injures et de calomnies, était révolue, que ces gens reviendraient à la raison et retiendraient les leçons du passé...

Mais nos frères de Teshrine, pour ne pas dire de Syrie, vivent encore au Moyen-âge, coupés du monde, et ne sont pas conscients de ce qui se passe autour d’eux...

Nous, Jordaniens, ‘ne nous sommes pas chargés de représenter le Diable.’ En outre, les vrais démons sont les affairistes à l’œuvre au sein de la nation arabe depuis quarante ans, qui ont conduit cette dernière à cette situation de faiblesse, d’humiliation et de défaites successives, tout en faisant preuve d’une totale absence d’esprit autocritique.

Ce n’est pas nous qui avons adopté la Résolution 1559. Nous n’y avons pas été mêlés. Ce n’est pas nous qui avons refusé de reconnaître les Accords de Taëf. Et ce n’était certainement notre intention de ne pas appliquer [la Résolution], jusqu’à ce que l’on vienne exiger son application ‘immédiate’ [sous la menace] de sanctions.

Nous n’avons pas dit [à la Syrie] : Appliquez [la Résolution] ou faites face aux conséquences [de votre refus]. Nous avons dit qu’il fallait honorer les Résolutions dans leur totalité, et non de manière sélective, car autrement, notre demande répétée de faire appliquer les Résolutions 242 et 338 [du Conseil de sécurité] et de la Résolution 194 de l’Assemblée Générale de l’ONU n’a plus aucun sens... Nous soutenons la Résolution 1559 car nous aimons la Syrie et le Liban. » (3)

Notes :

(1) Teshrine (Syrie), 12 mars 2005.
(2) Al-Mustaqbal (Liban), 13 mars 2005.
(3) Al-Ra’i (Jordanie), 13 mars 2005.


L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

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