A l’heure de la commémoration du 60e anniversaire de la libération des camps d’extermination nazis, gardons bien toute notre lucidité.
« Plus jamais ça ! ». Nous sommes bien d’accord. Encore faut-il comprendre le mécanisme qui amène à ... « ça ». Autrement dit se donner les moyens de « reconnaître » les mécanismes semblables de notre époque et des époques futures : comment passe-t-on de la création d’un mythe, à sa diffusion, puis à son exploitation à des fins de massacre d’un groupe ? Nous allons voir, et cela est troublant, qu’il est tout à fait possible de mettre ainsi le mythe des Protocoles des Sages de Sion en parallèle avec celui d’Al Dura, ceci sur chacune des trois étapes évoquées précédemment.
Annette Wievorka s’est exprimée hier soir dans le journal télévisée « Soir 3 » :
« Ce que je souhaiterais, c’est que les gens acquièrent un savoir, et notamment un savoir sur ce qu’il y a avant Auschwitz, c’est-à-dire comment des mécanismes se mettent en place, qui sont ceux de l’exclusion des juifs par une machine administrative qu’est celle de l’État français, il soit possible de réfléchir plutôt à ces mécanismes-là que simplement à cet assassinat de masse qui a quelque chose de si inouï, mais qui n’est pas nécessairement l’horizon de notre futur. »
Mettons en parallèle deux mécanismes :
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Ce que nous invite à faire toute la presse aujourd’hui, c’est de nous concentrer sur la case « Shoah ». C’est le « devoir de mémoire ».
A l’heure de la commémoration du 60e anniversaire de la libération des camps d’extermination nazis, gardons bien toute notre lucidité. Le Pape vient de s’adresser au monde, ce 24 janvier, dans un message invitant à "lire dans la lettre de Saint Jacques : ’De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. (Jc 3, 10).’ ?
Alors restons lucide quand un même media est capable de se répandre en compassions à l’égard des victimes de la Shoah, massacre dont nous ne devons pas oublier qu’il a été catalysé par le mythe du « Protocole des Sages de Sion », tandis qu’elle couvre au même moment un nouveau mythe assassin.
Annette Wieviorka nous invite à chercher à savoir ce qu’il y a à gauche et à tenter de dégager un savoir, celui du mécanisme qui a amené au grand massacre.
Le « devoir de mémoire » n’est-il pas, outre le massacre lui-même et son horreur, le devoir de mémoire de ce mécanisme ?
Car il ne sert à rien de dire « Plus jamais ça », si nous ne nous donnons pas les moyens de comprendre comment on peut arriver à « ça » !