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Où est le devoir de réserve ?
par le Professeur David Ruzié *
Article mis en ligne le 14 décembre 2004

Ici même, hier, Desinfos.com annonçait que « le représentant de l’ONU Brahimi accuse les Etats-Unis de méconnaître les droits des Palestiniens en pressant le monde à respecter les libertés individuelles »

Ce n’est pas la première fois que ce haut fonctionnaire des Nations Unies, conseiller spécial du Secrétaire général, se fait remarquer.

Il y a quelques mois, déjà (lire), cet ancien représentant du F.L.N. dans le sud-est asiatique, devenu ministre des affaires étrangères d’Algérie (au début des années 90), après avoir, notamment, servi comme Secrétaire général adjoint de la Ligue des Etats arabes et entré au service des Nations Unies en 1993, semblait avoir oublié le devoir de réserve qui lui incombe.

En effet, Lakhdar Brahimi, qui, notons-le au passage, a fait des études de sciences politiques en France, déclarait, à l’époque, à France-Inter que « la politique répressive d’Israël et le soutien que Washington lui apporte empoisonnent le Moyen-Orient et aggravent la situation en Irak » (souligné par nous - ).

Bien voyons, si quelque chose va mal ce n’est pas - si nous pouvons nous permettre cette expression - « cherchez la femme », mais c’est la « faute des Etats-Unis, soutien inconditionnel d’Israël ».

Cette fois, ce proche conseiller de Kofi Annan n’accuse pas moins, en quelque sorte, les Etats-Unis de tenir un double langage.

D’une part, - sous-entendu - en soutenant Israël, ils brimeraient les droits des Palestiniens, cependant que, par ailleurs, ils prétendraient combattre pour la défense des droits de l’homme dans le monde.

Non seulement cette accusation est grotesque, mais en tout état de cause, ce genre de déclaration est totalement en contradiction avec les obligations auxquelles sont soumis les fonctionnaires internationaux, catégorie à laquelle appartient Lakhdar Brahimi.

En effet, il importe de rappeler que selon les Normes de conduite requises des fonctionnaires internationaux, établies, en 2001, par la Commission de la fonction publique internationale des Nations Unies, il n’est pas permis à un fonctionnaire international « de prendre parti ou d’exprimer publiquement ses opinions sur des problèmes controversés….Cela peut signifier que, dans certains cas, il doit faire preuve de tact et de discrétion lorsqu’il exprime des opinions personnelles »(§9).

S’agissant des relations avec les médias, ce document indique que « les fonctionnaires internationaux devraient se considérer comme des porte-parole de leurs organisations et s’abstenir de formuler des remarques ou des opinions d’ordre personnel » (§34).

De plus d’après le statut du personnel des Nations Unies, les fonctionnaires de l’Organisation mondiale doivent « éviter…en particulier, toute déclaration publique….incompatible avec… l’impartialité que leur statut exige » (article 1.2.g).

On en est loin avec l’attitude de Lakhdar Brahimi, qui n’hésite pas à mettre en cause à la fois, les Etats-Unis et Israël, tous deux membres de l’Organisation.

Quelle est la réaction du Secrétaire Général ?

Lui aussi « persiste et signe ».

En avril dernier, le porte-parole de Kofi Annan faisait, déjà, savoir que Lakhdar Brahimi ne faisait qu’exprimer un point de vue personnel - ce qui, nous venons de le voir, est, pourtant, interdit à tout fonctionnaire international.

Même réaction, aujourd’hui.

Kofi Annan a fait diffuser un message diffusé par son porte-parole, qui réaffirme le rôle moteur des Etats-Unis dans le Quatuor pour le Moyen-Orient, précisant que les récentes déclarations de Lakhdar Brahimi à cet égard n’exprimaient pas la position de l’ONU.

Et ce message précise bien que « les propos attribués au Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Lakhdar Brahimi, tenus lors du Forum de stratégie arabe, aujourd’hui à Dubai, ne reflètent ni la politique des Nations Unies ni celle du Secrétaire général ».

Qu’attend donc Kofi Annan pour changer de conseiller et choisir quelqu’un qui reflète bien cette politique ?

Car, « errare humanum est, sed perseverare diabolicum  »…..

— -

  • David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international


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