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Juin 2011 : Liban, Turquie, Bande de Gaza, Égypte l’emprise islamiste ou radicale s’étend sur les rives de la Méditerranée
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 14 juin 2011

Les élections turques auront pour résultat d’étendre la mainmise islamiste sur la Turquie. A Beyrouth c’est un gouvernement enfin mis en place qui a les couleurs du Hezbollah. Dans la Bande de Gaza le Hamas prospère. Ces deux mouvements terroristes islamistes étant poussés par la Syrie menée par Assad, dictateur sanguinaire. En Égypte une prise de pouvoir des Islamistes pourrait sortir des urnes en septembre prochain...

La Turquie : une fin annoncée de la démocratie sur fond de connivence avec le terrorisme

« Croyez-moi, Sarajevo a gagné aujourd’hui autant qu’Istanbul, Beyrouth a gagné autant qu’Izmir, Damas a gagné autant qu’Ankara, Ramallah, Naplouse, Jénine, la Cisjordanie, Jérusalem a gagné autant que Diyarbakir.  » Cette déclaration explicite, rapportée par Al-Manar, organe de presse du Hezbollah libanais, a été faite par Erdogan dans la foulée de la victoire électorale de son parti, l’AKP, parti de la Justice et du Développement. Une victoire qui, certes, ne lui donne pas les pleins pouvoirs escomptés, puisqu’il n’a pas obtenu les 367 sièges, soit les deux-tiers du Parlement, qui lui auraient permis de changer la constitution turque mise en place en 1982 et instaurant une loi martiale.

Mais il n’en est guère loin et va donc devoir négocier ce changement de constitution. Il affirmait vouloir rechercher l’ouverture et avoir compris le message des électeurs. Toutefois, l’analyste Daniel Pipes, ne se fait aucune illusion est est convaincu qu’Erdogan trouvera les soutiens et alliances nécessaires pour mettre en place un régime qui n’aura rien de démocratique. Avant même que les résultats soient connus, cet analyste expert en monde arabo-musulman, prévenait que ces élections risquaient fort d’être les dernières élections libres en Turquie d’autant que l’armée, garante de la laïcité jusqu’ici, a été écartée...

Mahmoud Abbas ainsi que le Hamas se sont empressés de féliciter l’AKP d’Erdogan pour cette victoire...

Depuis Rome, dans une conférence de presse conjointe avec Silvio Berlusconi, Benyamin Netanyahou qui se félicitait de l’excellence des rapports entre l’Italie – opposée comme les États-Unis à une reconnaissance d’un État palestinien à l’ONU en septembre – et Israël, commentait les élections turques en soulignant que l’État hébreu n’avait jamais voulu qu’il y ait de relations tendues avec la Turquie et espérait que les choses reviendraient à la normale

Toutefois, c’est en Turquie que le mouvement islamiste IHH, ayant des liens avérés avec le terrorisme , avait préparé l’opération du Marmara qui transportait des aspirants au martyre décidés à en découdre pour salir l’image d’Israël, participant d’une délégitimation de l’État hébreu bien orchestrée, dans le cadre d’une « Flottille » prétendument pacifiste et humanitaire et c’est en Turquie que le 5 juin dernier ce mouvement commémorait la mort de ses « martyrs » aux côtés d’une délégation iranienne ou d’une délégation du Hezbollah, entre autres organisations radicales et terroristes...La semaine de festivités ainsi organisée s’inscrivant dans la préparation d’une nouvelle opération maritime anti-israélienne prévue pour juin. Et parler d’opération « pro-palestinienne humanitaire » n’est qu’une contrevérité...

Maniant le double langage – fait culturel dans la région - le ministre des Affaires étrangères turc enjoignait ces mouvements de « prendre en compte le fait que le passage de Rafah entre l’Égypte et la Bande de Gaza est désormais ouvert, » et que donc les besoins humanitaires des Gazaouis ne sont plus si flagrants, tout en affirmant toutefois « qu’il serait « inacceptable » que le gouvernement turc exige de groupes indépendants qu’ils renoncent à une mission composée de 15 navires »

Beyrouth le Hezbollah au pouvoir avec la complicité du chrétien Michel Aoun

Passant presque inaperçue la formation du nouveau gouvernement libanais, à l’issue de 5 mois de négociations, bien que n’étant pas une surprise, n’est pas une bonne nouvelle. En effet, si le Hezbollah ne remporte que 2 portefeuilles et Amal, autre mouvement affilié à l’Iran, 3, le parti de leur allié, le chrétien Michel Aoun et ses propres alliés, en remportent 14. Soit 19 portefeuilles dans un Cabinet comptant 30 membres et qui mêle catholiques, maronites, orthodoxes, chiites, sunnites, druzes ou arméniens, reflétant la diversité libanaise, mais placée sous la coupe du Hezbollah et de ses vassaux.... Le Figaro souligne que les 11 portefeuilles restant vont aux partisans du Président de la république, du Président du Parlement et du Premier ministre désigné, Najib Nikati, en théorie « neutres ». L’ex-Premier ministre Saad Hariri, lui, a été mis en minorité. Et, bien sûr l’ombre de l’inculpation du Hezbollah dans le meurtre de son père, Rafik Hariri, par le Tribunal Spécial sur le Liban, pèse toujours sur le mouvement chiite, inculpation qui pourrait provoquer une nouvelle crise

Quant au nouveau ministre des Affaires étrangères libanais, Adnan Mansour, c’est un chiite – donc pro-iranien-. Pour l’agence de presse palestinienne Maan News il ne fait aucun doute que ce sont le Hezbollah et ses alliés qui sont désormais aux commandes à Beyrouth

A la veille de la formation du nouveau gouvernement, et cela n’a rien d’anodin, le chrétien Michel Aoun s’était rendu dans le sud du Liban pour y visiter un « musée de la Résistance » construit à Mlita à la gloire du Hezbollah exposant divers armements utilisés contre Israël lors de la guerre de 2006 et un tunnel du Hezbollah. Il a également vu des tanks pris à l’armée israélienne à cette époque. Il avertissait à cette occasion les États-Unis leur enjoignant de ne pas se mêler des affaires libanaises, prévenant que « le Liban ferait rendre gorge aux services de renseignements américains comme il l’avait fait avec les services israéliens. » Interrogé à propos de Bashar el-Assad il affirmait que celui-ci ne joue pas de rôle au Liban, ayant ses propres problèmes, » mais que, lui aussi souhaitait aussi la formation d’un gouvernement libanais. Vaine tentative pour tenter de faire croire que la Syrie ne joue plus de rôle au Pays du Cèdre...

Bande de Gaza : renforcement du Hamas

L’agence de presse palestinienne Maan News reprend une information diffusée par le quotidien israélien Maariv selon laquelle « des centaines de roquettes Grad avec une portée de 60 à 70 kilomètres sont entrées à Gaza ces dernières semaines, renforçant le Hamas et posant une grave menace à Israël...des roquettes à faible portée, des fusils et des munitions y sont également entrés. » Cet afflux étant provoqué par l’affaiblissement de Khadafi qui ne contrôle plus ce trafic d’armes venues de Libye, qui passent par l’Égypte post-Mubarak, rendue impuissante elle aussi...

On sait aussi que le Hamas ne veut pas entendre parler de Salam Fayyad, poulain du Fatah, à la tête d’un nouveau gouvernement d’unité palestinien, en dépit des accords de réconciliation... Il sera intéressant de voir comment cette crise va pouvoir être résolue lors de la réunion entre les deux parties qui débute au Caire en ce 14 juin. Le Hamas affirme que le mouvement et ses affiliés « ont connu assez de souffrances, assez de tortures pendant les quatre années du mandat de Fayyad en tant que Premier ministre. » Il l’accuse aussi d’être « responsable pour l’accumulation de dettes du peuple palestinien. »

Flanqué de Jerry Buzique, qui est à la tête du Parlement européen, entendant ainsi monter sa stature internationale, Salam Fayyad, pour sa part, déclarait lors d’une conférence de presse à Ramallah qu’il ne veut pas être un obstacle à la formation de ce gouvernement d’unité. Il en profitait pour réitérer la mantra connue, formule magique poudre aux yeux, à savoir que « le véritable obstacle à la paix, ce sont les colonies israéliennes, » et « soulignait que tout futur État palestinien doit être basé sur les frontières de 1967 avec Jérusalem est comme capitale. »

A noter que l’Égypte a annoncé qu’elle ouvrirait un consulat dans la Bande de Gaza après la formation d’un gouvernement palestinien de transition et pourrait laisser entrer des biens par Rafah.

Un Hamas qui, comme le rappelait tout récemment l’ancien ambassadeur Zvi Mazel, « n’a pas bougé d’un pouce et ses dirigeants continuent à déclarer qu’ils veulent détruire Israël...  »

l’Égypte, un nouvel Iran se profile

L’analyste Barry Rubin voit se profiler dans ce qui se trame aujourd’hui en Égypte un remake de la Révolution iranienne... En effet, note-t-il, « ce n’est pas simplement au renversement d’Hosni Moubarak que nous avons assisté, mais au renversement de la Révolution de Sadate accomplie à la fin des années 70 et au début des années 80. »
Il rend Barack Obama responsable de ce virage à l’issue potentiellement problématique, soulignant qu’un récent sondage montrait que 65 % des Égyptiens avaient voulu cette révolution pour des raisons économiques, seules 19 % des personnes sondées évoquant un désir de démocratie . Or, la situation actuelle de l’Égypte ira de pair avec une crise économique plus grande encore:plus de tourisme, plus d’investissements étrangers. Et, dans ce cas de figure le dérivatif classique utilisé est l’incitation à la haine et le choix de s’embarquer dans « des aventures étrangères... »

La seule question demeurant, dit-il, est de savoir ce que sera «  la proportion de nationalisme radical et d’islamisme  » lors des élections de septembre. Mais la réponse est évidente aujourd’hui, selon lui. En effet, il cite des « modérés égyptiens » qui avaient ourdi la révolution sur Facebook. L’un de leurs dirigeants, Ahmed Maher, lors d’une intervention en avril dernier dans le prestigieux institut américain, MIT, évoquant le traité de paix entre l’Égypte et Israël parlait des Palestiniens, déclarant que « bien que les Égyptiens ne veulent pas de problèmes ni de guerre avec quiconque ils ne peuvent ignorer le fait qu’une population voisine est ’opprimée et tuée’ »- de fait Barry Rubin relève que cette traduction de l’arabe est inexacte, le terme employé signifiant que les Palestiniens subissent un génocide -. La conclusion qui s’impose est que l’on se doit d’intervenir face à un génocide....Ahmed Mahler avait d’ailleurs été applaudi alors. Or si même les modérés égyptiens sont convaincus de la réalité d’un «  génocide  » qui n’existe pas et donc de la nécessité d’une intervention, en dépit de la multiplication des gestes concrets d’Israël pour la paix, retrait du Sinaï, Taba inclus, retraits de la Bande de Gaza et d’une grande partie de la Judée Samarie y compris, alors, l’avenir des relations entre la nouvelle Égypte et Israël ne s’annonce pas d’une manière très favorable, estime l’analyste non sans raison.

Conclusion de Barry Rubin : « nous ne sommes pas là dans l’abstrait. Après septembre l’Égypte aura un Parlement radical, peut-être même islamiste. Avant la fin de l’année, elle aura un Président radical, peut-être même islamiste... »



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