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Un coup de pub pour Medvedev
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 19 janvier 2011

La grève des agents du ministère des affaires étrangères israélien ayant conduit à reporter la visite, en Israël, du président russe, celui-ci a pu, librement, se livrer à un « coup de pub », à l’occasion d’un déplacement dans la région, qui est le premier d’un président russe depuis celui de Vladimir Poutine en 2005.

Le compte rendu de la déclaration faite par Dmitri Medvedev à l’issue de sa rencontre avec Mahmoud Abbas ne nous paraît pas, toutefois, avoir été fidèlement reproduit par tous les médias.

« La Russie a exprimé sa position sur la question (palestinienne) dans les années 1980, au siècle dernier, et nous soutenons totalement le droit inaliénable du peuple palestinien à l’établissement d’un État palestinien indépendant, uni et viable, avec Jérusalem-Est pour capitale », a déclaré M. Medvedev à l’issue des entretiens

Ce qui ne signifie nullement une « reconnaissance de l’Etat de Palestine », comme cela a été le cas pour plusieurs Etats latino-amércains, à la fin de l’année dernière.

Et, contrairement à ce qu’ont affirmé certains médias, le président russe, n’a pas « confirmé la reconnaissance d’un Etat palestinien faite par l’URSS en 1988 ».

En réalité, à l’époque, l’Union soviétique, comme la Tchécoslovaquie et la Hongrie, a reconnu la « déclaration d’indépendance » émanant du Conseil national de l’OLP (CNP), réuni à Alger pour l’occasion.

De fait, l’attitude des Etats vis à vis d’un éventuel Etat de Palestine est très variable.

Un certain nombre, effectivement, ont reconnu dès 1988, ou par la suite, voire plus récemment ou même l’envisagent dans un proche avenir) l’Etat de Palestine.

D’autres, et c’est précisément, le cas de la Russie, qui a, donc, repris la position de l’Union soviétique ont « reconnu » (c’est à dire pris note) la déclaration du CNP.

D’autres, enfin, et c’est le cas de la France reconnaissent un statut particulier au représentant des Palestiniens : en juillet dernier, comme nous l’avons relevé, ici-même (v. point de vue du 27 juillet 2010), la France a « rehaussé » le statut de la Délégation générale de Palestine, qui est, désormais, appelée « Mission de Palestine ».

Mais, sur le fond, la situation n’a pas changé : l’Etat de Palestine n’existe pas et ne peut exister, en l’état actuel des choses.

Nous ne reviendrons pas sur le fond du problème que nous avons, récemment, évoqué, à propos des récentes reconnaissances de l’Etat de Palestine en Amérique latine.

Sans, pour autant, vouloir être provocateur, nous dirons que, mis à part la référence trop générale à « Jérusalem-Est » (car on imagine mal que le « quartier juif » devienne partie de la capitale d’un Etat palestinien), il nous semble qu’il n’est pas choquant de voir le dirigeant russe se prononcer pour « le droit inaliénable du peuple palestinien à l’établissement d’un État palestinien indépendant, uni et viable ».

Et d’ailleurs, on peut se demander s’il y a lieu de se montrer « plus palestinien que les Palestiniens ».

En effet, un texte récemment placé sur Internet porte un titre particulièrement suggestif : « La reconnaissance internationale d’un Etat palestinien a-t-elle vraiment un sens ? ».

En l’occurrence ce texte émane de l’International Solidarity Movement, une organisation non-gouvernementale palestinienne « regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne ». Cette ONG entend utiliser « des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique ». En réalité, ce mouvement apparaît comme un sous-marin du Hamas, puisqu’il considère l’Autorité (sic) palestinienne comme un « gouvernement inconstitutionnel ».

La récente déclaration russe ne fait, effectivement, pas pour autant, avancer le règlement du problème.

L’élément essentiel d’un éventuel Etat de Palestine – pour l’instant manquant – concerne ses frontières.

Et il n’est peut-être pas anodin que la déclaration de Medvedev est intervenue au moment où le Liban s’apprêtait à déposer devant le Conseil de sécurité un projet de résolution arabe condamnant la « colonisation israélienne », même si, pour l’instant, il y a de fortes chances que ce texte se heurte à un veto américain.

Ce qui ne signifie, pas pour autant, comme feint de le croire Benyamin Netanyahou, que les Etats Unis sont contre le gel des constructions, car il est évident que la situation actuelle, sur le terrain, est suffisamment complexe pour qu’on ne la complique pas davantage en développant les constructions.

Mais, les Américains ont compris que la solution du conflit ne passe pas par l’ONU où le camp arabo-musulman dispose, pratiquement, d’une majorité quasi-automatique (à l’Assemblée générale) et leur veto au Conseil de sécurité est le dernier rempart contre toute manœuvre démagogique.

Les Etats-Unis ont parfaitement conscience que toutes les déclarations plus ou moins ambiguës faisant référence aux « frontières de 1967 » sont quelque peu contradictoires avec l’idée d’une nécessité de négocier la délimitation des frontières.

La référence par Medvedev à « Jérusalem-Est », comme capitale du futur Etat palestinien en est une illustration.

Israël a parfaitement raison – nous l’avons maintes fois souligné – d’écarter la « Ligne verte » comme délimitation de la frontière et de considérer que sur Jérusalem il a des droits, qui ne sont pas limités à la partie Ouest.

Mais, le tout est d’admettre que la « politique du fait accompli » n’est pas nécessairement probante et qu’il est non seulement prudent, mais même urgent d’en rester là….



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