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Procès Éric Zemmour, troisième jour : le procès qui lui a été intenté est le procès d’une certaine conception de la France
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 16 janvier 2011

Après des plaidoiries exceptionnellement dures des associations qui ont assigné Éric Zemmour, après la demande de condamnation et de relaxe partielle du Procureur, Maître Olivier Pardo, avocat du journaliste a remis les pendules à l’heure, démontrant qu’en réalité, c’est la conception de la France du journaliste que les plaignants, dans un déni de la réalité, avaient assignée
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Un procès politique...pas entre l’extrême-droite et des associations antiracistes mais entre deux approches pour dire le réel.

C’est spontanément et bien que cela ne soit pas permis dans l’enceinte d’un tribunal, que les applaudissements du public ont salué la plaidoirie de l’avocat d’Éric Zemmour, prononcée en clôture d’un procès qu’il venait de décrire comme, à la fois, remarquable et paradoxal. Un procès qui, pour Maître Pardo, « dès le premier jour a été un procès politique...pas entre l’extrême-droite et des associations antiracistes mais entre deux approches pour dire le réel. » Il ajoutait : « en définitive, c’est un procès fait à un journaliste qui décrit avec ses mots une réalité et cela leur est insupportable. Cette réalité ne cadre pas avec leur idéologie qui depuis trente ans [ fait tout pour ] éviter que cette réalité existe.... » Il notait qu’elle « fait partie de leur échec dans l’intégration, » citant notamment SOS Racisme et ajoutant : « mais il est dur de poursuivre la réalité. »

C’est à la fois la nature du procès et le fait que la Cour « ait laissé le temps à chacun de s’exprimer, de dire précisément sa vérité  » qui en a fait un procès exceptionnel, selon Maître Pardo, après cinq plaidoiries très dures des avocats des plaignants. On avait entendu l’avocat de SOS Racisme, invoquant des émissions qui n’étaient pas inclues dans la plainte et dont il n’avait pas été débattu, parler de «  gradation dans la violence  » de la part du journaliste, coupable, selon lui, de «  diffamation... atteinte à l’honneur...qui fait passer un mensonge pour une réalité...avec une population caractérisée par son origine pour justifier le contrôle au faciès... » Les deux phrases reprochées au journaliste constituant « une faute extrêmement grave » car il aurait « défini une population criminogène par son apparence et son origine. »

Idéologie et deux conceptions opposées de la France

Pour le MRAP, avec ces deux phrases, Éric Zemmour « a fait reculer la cause antiraciste à pas de géants, » et il citait, en matière de comparaison indirecte les négationnistes « Garaudy, Faurisson, » ce qui lui fut reproché vivement par Maître Pardo. Et le MRAP allait jusqu’à évoquer, sans le nommer, « ce jeune tué par un barbare antisémite, » sans que l’on puisse voir quel lien cela pouvait bien y avoir avec ce qui était reproché à Éric Zemmour

Et le MRAP dénonçait d’ailleurs « un combat idéologique  » visant à «  stigmatiser  » une population. Dont, paradoxalement, les témoins cités par l’accusation, nient l’existence. Un combat idéologique, en effet, mené entre deux conceptions de la France devait dire Olivier Pardo, avec « deux façons d’apprécier les problèmes de la société française, de dire le réel. »

Le journaliste avait lui-même développé ce point au premier jour du procès, estimant que conforter les gens dans leurs différences, comme avait pu le faire ces organisations antiracistes, était allé à l’encontre de l’intégration. Ce qu’il dénonce en pointant ce qui en sont pour lui les résultats, à savoir une sur-représentation de la délinquance dans des populations issues de l’immigration. Ce dont il rend responsable le discours antiraciste qui depuis trente ans accuse la société française d’être raciste et victimise les délinquants. C’est là sa thèse, notait son avocat, qui « heurte les âmes sensibles et les parties civiles : si vous mettez l’accent sur la discrimination, vous créez un phénomène victimaire. » Et « se ressentir comme victime n’aide pas forcément à acquérir les codes sociaux. »

Maître Pardo évoquait «  deux conceptions de la France, » l’une qui avait prévalu avant la guerre et qui avait « fait des Français de gens venus de toute l’Europe, des Italiens, des Espagnols, des Juifs venus d’Europe Centrale. » Il ajoutait, dans un clin d’œil, « et même des Hongrois ont réussi... » Une conception prônée par Éric Zemmour, gaulliste comme Denis Tillinac, l’un de ses témoins.

L’autre, « qui a tenu le haut du pavé pendant trente ans : la France qui doit accueillir des immigrants qui ont droit à la différence et assurer la protection des communautés. » Il précisait : « une position respectable et à laquelle beaucoup d’entre nous ont adhéré, pourtant certains ont eu le sentiment qu’elle avait échoué ou allait échouer. »

Il faut dire que les parties civiles auront fait feu de tout bois, évoquant Robert Badinter, le suicide de Robert Salengro, Léon Blum, Victor Hugo

Des phrases incriminées coupées de leur contexte

Or, comme devait le rappeler Maître Pardo, Éric Zemmour n’avait parlé d’aucune population mais s’était borné à parler de trafiquants dans des quartiers difficiles. Dans le cadre d’un débat et en réponse à un journaliste qui venait de dire que s’il y avait délinquance -dans des quartiers bien définis - c’est que les contrôles de police se faisaient « au faciès » 17 fois de suite. Prenant la défense des policiers Éric Zemmour avait rétorqué « la plupart des délinquants sont noirs et arabes... »

Dès lors on voit mal comment il y aurait pu avoir « d’effet globalisateur stigmatisant, » comme l’affirmait la Licra, accusant par ailleurs le journaliste de ne pas voir « le délinquant, il voit le Noir et l’Arabe. » .

Par ailleurs, dans sa plaidoirie, l’avocat d’Éric Zemmour, démontrait comment l’avocat du MRAP tentait de faire croire que les deux propos reprochés avaient été tenus le même jour, facteur aggravant selon lui, alors qu’il s’agissait de deux émissions enregistrées à des moments différents pour Canal + et France Ô et diffusées le même jour dans le cadre de la programmation décidée par les chaînes.

Quant aux quatre mots dits par Éric Zemmour « ils ont le droit », dans un débat organisé par France Ô, concernant La Halde, lui-même et son avocat expliquaient qu’il faisait référence à ce qui s’était dit juste avant que ne soient évoquées les discriminations à l’embauche, et que, contrairement à ce qu’affirmait l’accusation il ne voulait guère légitimer cette pratique, voire être « un éloge de la discrimination, » comme le disait le bâtonnier pour l’une des parties civiles qui avait deux avocats. D’autant que, de surcroît, Éric Zemmour avait clairement acquiescé quand l’animateur avait aussitôt dit « c’est interdit par la loi. »

De plus, notait Olivier Pardo, les phrases dites « ont été retraitées, transformées. » Ainsi, le bâtonnier disait-il que lorsqu’on entend « la plupart des trafiquants sont.... » on entend de fait « Noir, Arabe, trafiquant » ce qui impliquerait « une prédestination. » Et ce que n’a jamais ni dit ni voulu dire Éric Zemmour...

Réalité et sources fiables

La réalité contestée par les parties civiles a été confirmée de diverses manières. Par les témoins de la défense, et non des moindres, de droite et de gauche, : un ancien ministre de l’Intérieur socialiste, Jean-Pierre Chevénement, ministre du gouvernement Jospin, un Préfet de la République en exercice, un commissaire des RG ayant travaillé avec plusieurs ministres pendant dix ans, un ancien ministre, Professeur de Droit, député-maire, Claude Goasguen, un écrivain se définissant comme « gaulliste comme lui, » le criminologue Xavier Raufer ou encore Patrick Champion, qui a été le conseiller de Rama Yade, le député socialiste Gaëtan Gorce, qui a soutenu Ségolène Royal. »

Mais une réalité confirmée aussi par des affirmations d’un ancien président de SOS Racisme, Malek Bouti, - qui a dit à peu près la même chose qu’Éric Zemmour mais n’a pas été poursuivi- ou le président de la commission Éducation de la LICRA, qui a démissionné de son poste pour protester contre la tenu de ce procès. « Des témoins venus avec le cœur, pas des fascistes, et qui décrivent la réalité, » disait d’eux Olivier Pardo.

Il y a aussi les documents, dont un rapport du Sénat, produits par la défense et dont Maître Pardo lisait de nombreux extraits, choisissant ceux qui dataient d’avant, voire de bien avant, la date des propos incriminés, alors que l’accusation prétendait qu’il n’avait fourni que des documents postérieurs et qu’Éric Zemmour n’aurait donc pas eu de sources fiables, « pas de preuves » selon l’UEJF.

Une accusation fréquemment entendue alors qu’Éric Zemmour, justement, comme le rappelait son avocat, a consacré un ouvrage « Petit Frère » aux violences antisémites dans certains quartiers et avait mené une enquête très sérieuse à ce sujet pour pouvoir l’écrire. Bien avant de tenir les propos incriminés.

On a entendu dire à mainte reprise au cours du procès que «  les statistiques ethniques  » sont interdites et qu’Éric Zemmour n’avait donc pas de sources. Il était néanmoins prouvé que, dans les faits, elles existent, non pas à des fins peu avouables mais pour pouvoir comprendre et traiter les problèmes, comme l’expliquait, entre autres, l’ancien commissaire des RG citée. Maître Pardo en donnait d’ailleurs de nombreux exemples publiés dans les médias sans que cela ait provoqué de poursuites. Si ce n’est dans un seul cas qui n’a pas été jugé et donc pas condamné.

Déni de la réalité

Pour l’une des parties civiles, qui faisait état de « propos insidieux, d’ambiance » tout en estimant qu’il y avait eu clairement « un délit de provocation à la discrimination » de la part d’Éric Zemmour et réclamait « une répression de cette délinquance,.... il y a une conception unitaire du genre humain ». D’ailleurs seule l’UEJF a retenu cette accusation...

Une définition caractéristique de ce qui a a été appelé l’idéologie des parties civiles et mise en lumière par la défense lorsqu’elle avait interrogé les témoins de l’accusation. En, effet, ce faisant, Maître Pardo avait fait ressortir l’aspect idéologique qui poussait ces témoins à nier qu’il y ait des « Noirs » ou « Arabes » ou avoir beaucoup de mal à l’admettre, en dépit des questions d’Olivier Pardo. Une « réalité sociologique » indéniable pour lui et qui n’a rien d’infamant.

Un autre déni de la réalité, sans caractère idéologique, celui-là, concerne la nature des débats télévisés. Éric Naulleau, un ami d’Éric Zemmour et Robert Ménard qui n’en est pas un, ont expliqué à la barre la rapidité du type d’émission concerné, l’impossibilité de revenir en arrière ou de demander d’éventuelles coupes ultérieurement. Faits dont l’accusation a choisi de ne pas tenir compte.

Enfin, il était reproché à Éric Zemmour de ne pas avoir tempéré ses propos en évoquant, par exemple, les raisons socio-économiques pouvant expliquer la sur-représentation dont il faisait état. Celui-ci avait pourtant clairement expliqué à la barre, les évoquant, justement, ainsi que les dysfonctionnements familiaux, comme certains de ses témoins, que la nature des émissions concernées, n’a rien à voir avec un colloque ou un débat structuré. Ni même avec une émission celle de Laurent Ruquier, à laquelle participe aussi Éric Zemmour, qui, étant beaucoup plus longue permet des développements, des retours en arrière ou d’apporter des précisions.

Maître Pardo évoquait la nécessité d’un autre débat à propos de la loi de 1972 contre le racisme. Il rappelait, en effet, qu’à l’époque au cours d’émissions telles que «  Le Grand Échiquier » ou «  Italiques » devenu plus tard « Apostrophes » chacun avait le temps de s’exprimer » et qu’il y avait «  à côté Guy Lux et la variété. » Alors qu’aujourd’hui information et divertissement sont mêlés. « Ce qui compte c’est le spectacle, l’échange, le metteur-en-scène est un peu un montreur d’ours... » Il ajoutait que, dans d’autres affaires, la Cour Européenne « avait pris en compte ce contexte-là. »

Attaques personnelles

SOS Racisme contestait «  la bonne foi  » d’Éric Zemmour, ayant à ses yeux «  une responsabilité accrue  » car collaborant à plusieurs médias, et dont les propos relèveraient de « la fumisterie  » car, selon cette association, concernant la proportion de trafiquants noirs ou arabes, « il n’y a aucune statistique qui le dise. ».

Au chapitre des attaques personnelles, SOS Racisme reprochait également «  l’attitude du prévenu, » comparé à Jean-Marie Bigard, accusé de « proférer des inanités  » et d’être coupable, « au delà du délit, de beaucoup plus grave, du crime de légèreté, » car « des gens se sentent stigmatisés... » Et de déplorer « le procès fait à ce procès. »

L’avocat du MRAP le qualifiait « d’érudit multicartes de la télévision, » avec « un certain talent. » Et ironisait en imitant sa gestuelle, ce qui fit s’interroger Maître Pardo :assistait-on là à un épisode du «  Mentaliste  » [ NDLR cette série télévisée basées sur la lecture de l’attitude des personnes soupçonnées ].

Le premier jour le président de la Licra, bien que faisant état de ce que lui aurait dit Maître Pardo, à savoir que le journaliste n’avait pas voulu participer à un débat télévisé prévu car il était «  déprimé par la campagne contre lui » - on se demande d’ailleurs ce que dit la déontologie à propos de confidences entre avocats – accusait Éric Zemmour de « s’être défilé, défaussé... » accusations énoncées également lors d’une conférence de presse qu’il avait donnée le matin même.

Quant au bâtonnier il admettait avoir « eu un mot méchant  » contre Éric Zemmour, alors à la barre, rappelant que celui-ci lui avait dit : « je vous préviens... » Comment ne pas comprendre qu’il se soit insurgé devant ce déluge d’accusations quand il en a eu une rare occasion...en effet, le « prévenu » ne peut intervenir sans que la parole lui soit donné.

Rappelons que l’une des parties civiles avait accusé le journaliste au premier jour du procès d’agir « pour exister, le buzz » et des considération « financières »...

A ce propos on doit souligner à quel point cela a dû être difficile pour cet homme d’être présenté publiquement, des heures durant, avec une telle virulence, un tel mépris, par des associations se réclamant de la défense des droits de l’homme.

Le côté paradoxal

Dans sa plaidoirie Maître Pardo s’étonnait à nouveau et jugeait «  paradoxale  » l’attitude des parties civiles. Ainsi, dit-il « si la diffamation raciale, la pire qui soit, saute aux yeux, s’il n’y a pas l’ombre d’un débat, croyez-vous un instant que le président fraîchement élu de la Licra, aurait écrit, après un entretien avec Éric Zemmour, qu’il reprend à son compte l’invitation à poursuivre le débat hors de l’enceinte d’un tribunal, croyez-vous un instant que la Licra aurait été accepté un débat avec Éric Zemmour ? »

Or, un débat télévisé n’a pas été possible car les employeurs d’Éric Zemmour ne l’ont pas voulu Mais, par ailleurs, et alors que cela était possible, ce même président avait refusé de débattre avec Éric Zemmour sous la houlette d’Alain Finkielkraut dans son émission sur France Culture.

Autre côté paradoxal constaté par Maître Pardo : ce procès aura « sans doute été la première fois que des personnalités appartenant à la Licra et SOS Racisme ont pris fait eu cause pour Éric Zemmour... Malek Bouti, qui est depuis des années une des figures incontestées de la lutte contre le racisme a dit ’Éric Zemmour a raison’. » Et il rappelait que le président de la Commission Éducation de la Licra a démissionné pour protester contre ce procès.

Accusations graves

Ne se bornant pas à accuser Éric Zemmour d’avoir tenu des propos racistes et discriminatoires et de demander sa condamnation, les parties civiles les ont qualifiées en enfonçant le clou. Ainsi le MRAP affirmait qu’il avait « rarement vu plus raciste et discriminatoire.... » ajoutant « j’ai rarement vu ça, » ou encore qualifiant ces propos de «  dangereux, » «  gravissimes, » lui donnant « la nausée, » d’être d’une «  gravité immense » et estimant qu’Éric Zemmour est « profondément raciste » tout en disant que peu lui importait de savoir s’il l’est ou pas, dès lors que ses propos le sont....Selon lui, le journaliste « veut valider la discrimination. »

L’UEJF donnait sa propre évaluation de l’état d’esprit du journaliste... « je ne crois pas qu’il ait une détestation profonde des Noirs ou des Arabes... » mais, ironisant comme d’autres, répétant à l’envie une expression familière qu’il avait employée, sur son langage parlé, arrivait à la conclusion que son discours revenait à dire «  les Noirs et les Arabes sont forcément des délinquants. » Maître Pardo soulignait d’ailleurs à quel point ses propos avaient été tordus, déformés et qualifiait les accusations portées contre Éric Zemmour «  d’insupportables. »

Quant au bâtonnier il parlait de «  blessures terribles  » infligées à des populations ainsi stigmatisées selon lui. Et il affirmait que le journaliste « porterait sa condamnation comme une fleur fanée à son revers. » Ce qui n’a pas été le seul «  procès d’intention  » à son égard dénoncé par son avocat.

Mépris du public affiché par des organisations antiracistes

Un autre aspect étonnant constaté au cours des audiences aura été le mépris affiché pour un public clairement considéré comme quelque peu déficient par des parties civiles, affirmant qu’il serait incapable de discernement ou de réflexion, à l’instar de ces employeurs qui, pensant qu’Éric Zemmour leur dirait, selon elles ; qu’ils pouvaient discriminer à l’embauche le feraient donc au mépris de la loi...Une thèse chère notamment à la Licra

Liberté d’expression

La liberté d’expression a souvent été évoquée, la justice devant établir « le curseur », mot très prisé par les parties civiles, la limitant. Ce qui est déjà fait rétorquait Olivier Pardo car pour qu’il y ait diffamation, racisme, provocation au racisme, «  le motif racial doit être identifié, il faut faire le lien, » et « il ne faut pas tordre les phrases, dire ce que l’on croit qu’il a dit. »

Il ajoutait : « on a le droit de parler des Juifs, des Noirs et des Arabes sans être raciste, on a le droit de parler des homosexuels sans être homophobe.

Quant à la lettre écrite par le président de la Licra à Éric Zemmour, il est très intéressant d’y lire, notait son avocat « qu’il aurait dû ajouter une explication...des raisons sociales. » Car, en plus du fait que ce type de débat ne s’y prête pas, « ce n’est pas au président de le Licra de dicter leurs mots aux journalistes. »

Une instrumentalisation hors de propos des Juifs et de la Shoah

Il convient de souligner, par ailleurs, que les allusions faites par les parties civiles aux Juifs et à la Shoah ont été fréquentes et d’un goût plus que douteux. Ainsi, Maître Pardo reprochait à l’UEJF d’avoir pu dire « dans ses conclusions » qu’en tant que juif, Éric Zemmour avait « une responsabilité particulière » et avait d’autant moins le droit de tenir les propos qu’il avait tenus, car «  il a suscité l’antisémitisme  » Un « paradoxe suprême » pour Olivier Pardo.

Or, le journaliste « ne veut pas de différences, mais ne veut pas s’en cacher, » et il a une « conception de l’intégration qui était celle d’avant guerre, » loin de tout communautarisme, soulignait son avocat.

L’avocat du MRAP évoquait à plusieurs reprises sa propre mère qui avait dû quitter l’école en Afrique du Nord à cause des lois de Vichy, ajoutant qu’il en avait été de même pour la mère d’Éric Zemmour. On voit là la comparaison impliquée par l’avocat du MRAP.... Maître Pardo contrait ce type d’argument, de récupération, en disant que sa propre mère, qui avait vécu « une expérience tragique à Auschwitz  » lui avait toujours dit « méfions-nous toujours de ceux qui ne veulent pas utiliser les bons mots.  »

Les réquisitions et date du jugement

Pour le Procureur de la République, assez peu intervenu et s’exprimant avant les deux avocats de la défense, estimait, au regard de la jurisprudence, le « délit de diffamation est constitué  » mais pas celui « de provocation à la haine et à la violence. » Elle demandait donc « une condamnation ou une relaxe partielle. »

Rien n’est constitué répondait ensuite Olivier Pardo, citant, lui aussi abondamment la jurisprudence. « Il n’y a rien à voir, ...un délit pénal doit être précis » et ne se trouve pas dans « des circonvolutions. » Il ajoutait : « Éric Zemmour n’est pas Faurisson, pas Gobineau... »

Le jugement sera rendu le 28 février prochain.

Canal plus

L’avocat de Canal plus, assigné pour complicité, à propos de l’émission qui est passée chez Thierry Ardisson, il notait, après les réquisitions du Procureur, que « dans le cadre légal de la diffamation il faut qu’il y ait globalité...la globalité des Noirs et des Arabes. » Or ici « seuls les trafiquants sont visés...et il n’y a pas de causalité. Il décrit une réalité factuelle. » Ce qui a été dit relevait donc pour lui « de la liberté du débat et d’expression et n’est pas diffamatoire. »

Quant au recadrage du CSA, mentionné par des parties civiles comme preuves de culpabilité, « cela ne veut pas dire qu’il y ait eu faute au sens pénal ou reconnaissance d’une culpabilité. »

A noter qu’il y a eu débat technique pour savoir si la bonne personne a été assignée à Canal plus, étant donné un changement dans les attributions des directeurs de la chaîne.

Conséquences hypothétiques et conséquences réelles

Quant aux conséquences dont serait responsable Éric Zemmour, et dont il était accusé de ne pas se soucier, on se souvient que la présidente de l’UEJF avait rendu le journaliste responsable des « tensions communautaires » en France. Quant au MRAP, il évoquait une hypothétique « fillette noire avec ses petites tresses » qui se retrouverait isolée dans la cour de son école à cause des propos d’Éric Zemmour...Et des employeurs, était-il affirmé, pratiqueront une discrimination à l’embauche illégale à cause de ce qu’il a dit. Des policiers supposés racistes se sentiraient confortés dans leur volonté d’effectuer des « contrôles au faciès.. »

Maître Pardo, pour sa part, donnait lecture d’un écrit ordurier parmi beaucoup d’autres, bien réel celui-là, incitant au viol de la fille d’Éric Zemmour par un Noir ou un Arabe...ce qui était dit plus crument dans le texte...Et il évoquait, se refusant à les citer, d’autres propos antisémites déversés sur Internet à l’encontre du journaliste dans. « des mails, des blogs ignominieux, d’un antisémitisme outré de la part de ceux qui ont besoin de cette parole là. »

Un Éric Zemmour désigné par ces associations - censées avoir le souci de l’autre et des droits de l’homme – et d’une manière tonitruante par le biais de ce procès à une vindicte évidente.

« Les mots arrivent à tuer, » disait une des parties civiles. Or, on peut mettre en balance les accusations graves et martelées par cinq associations antiracistes dans un procès très médiatisé et la dizaine de mots prononcés par Éric Zemmour qui disait le réel, sans aucune généralité ni stigmatisation, dans un contexte donné, lors de deux débats télévisés.

D’ailleurs, dans sa lettre à la Licra, Éric Zemmour regrettait, par rapport à ses compatriotes noirs et arabes qui regrettent eux-même cette réalité d’une sur-représentation chez les trafiquants, l’écho donné à ses propos. Ce qui était avant le procès. On s’étonne dès lors qu’ils aient été ainsi martelés à l’infini et ad nauseam, «  rabâchés  » notait le Procureur, par les parties civiles, au cours d’un procès rendu très médiatique par le fait que ce sont cinq associations antiracistes qui l’avaient ainsi assigné.

Et, même si les parties civiles se défendaient vertueusement de vouloir sa tête, son avocat avertissait qu’Éric Zemmour perdrait son emploi dans tous les médias qui lui donnent la parole s’il était condamné. Ce qui « n’est pas possible », ajoutait Olivier Pardo.

Sans compter l’effet dévastateur qu’aurait une condamnation sur la liberté d’expression. « Laissez-lui la libre parole, » enjoignait en conclusion son avocat qui avertissait que «  les enjeux sont lourds. »



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