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Faire confiance à la justice de son pays
Par Alain Rajchman
Article mis en ligne le 13 août 2004

Les décisions de justice ne se commentent pas. Cependant, elles peuvent s’apprécier en fonction du sentiment d’équité qu’elles laissent ou non aux citoyens qui mettent leur confiance dans la capacité des juges à dire et mettre en pratique le droit.

L’annulation du renvoi de deux élèves antisémites du Lycée Montaigne par la Cour administrative d’appel de Paris, malgré une position claire du Rectorat de Paris et du Commissaire du gouvernement, montre jusqu’où la volonté de clémence peut friser la complaisance.

Le président socialiste de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon a fait part de son indignation en soulignant la gravité de cette nouvelle décision de justice. Selon Jean-Paul Huchon, cette décision ne peut que contribuer à la banalisation des incidents anti-juifs qui se développent dans les établissements scolaires.

La rentrée scolaire se fera donc sous le double signe de l’opposition de l’organisation des musulmans de France à la loi du 15 mars 2004 contre le port du voile islamiste à l’école et de cette décision de justice qui freinera certainement l’action des enseignants à signaler les actes antisémites dont ils seraient les témoins.

Jean-Paul Huchon aurait donc raison de noter que la décision de la Cour administrative d’appel de Paris « va peser sur le climat entre les communautés ». En effet, le refus annoncé de la loi sur les signes ostensibles — et dont on sait qu’elle ne s’adresse quasiment pas aux juifs porteurs de kippa puisqu’ils ont déjà été largement repoussés de l’école de la république - appellera des sanctions sévères dont on souhaite qu’elles soient effectivement appliquées.

Faire confiance dans la justice de son pays, c’est lui reconnaître la capacité de faire appliquer avec rigueur et équité la loi. Il serait donc navrant que l’excès de clémence qui tend à s’installer contribue à donner le sentiment à une communauté que les actes commis par certains demeurent impunis. On a vu dans le cas des deux agressions de Boulogne comment des jeunes insuffisamment sanctionnés ont pu récidiver avec un profond sentiment d’impunité. L’indulgence ne peut que favoriser l’extension du mal.

Si, de plus, la justice a du mal à qualifier la vraie nature des agressions commises à l’encontre des membres de la communauté juive, il se développera dans l’opinion le sentiment que les juifs se plaignent trop, qu’ils en rajoutent et qu’ils devraient « supporter » ces agissements comme des atteintes en fin de compte assez habituelles à leur égard.

Voilà comment une simple décision de justice peut contribuer à la banalisation de l’antisémitisme ambiant. Celui-ci est pris comme un fait mineur de société dont - après tout - les juifs doivent à nouveau s’accoutumer.

Avec l’affaire du Lycée Montaigne se referme la parenthèse de l’antisémitisme tabou et de l’intolérance « zéro ». En complète opposition avec un corps de lois des plus drastiques, la société française prend le risque de tolérer un certain niveau d’antisémitisme comme un mal « nécessaire ». Un dérapage bien dangereux !



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