Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Assange, fondateur de WikiLeaks devrait se cacher de l’Amérique
Par Charles Krauthammer - Washington Post | Adaptation française de Sentinelle 5771 ©
Article mis en ligne le 5 décembre 2010
dernière modification le 6 décembre 2010

Il est compréhensible que le gouvernement américain minimise l’importance des câbles du Département d’Etat révélés par WikiLeaks. Mais alors qu’il est sage de ne pas céder à une panique publique, il est illusoire de penser qu’il s’agit seulement de commérages embarrassants et d’indiscrétions. Les fuites ont provoqué des dommages majeurs.

Tout d’abord, un dommage très spécifique à notre capacité de combattre en guerre. Prenez seulement une révélation parmi des centaines : on a cité des déclarations du président yéménite et de son Premier ministre adjoint autorisant les Etats-Unis à bombarder Al Qaïda dans leur pays, tout en prétendant que les bombardements sont le fait du gouvernement. Eh bien cette couverture est joliment détruite. Et avec l’impopularité de la fragile coopération du gouvernement de Sanaa et des USA dans la guerre contre al Qaïda, cela va indubitablement limiter notre liberté d’action contre la branche yéménite, identifiée par la CIA comme la menace terroriste la plus urgente contre la sécurité des USA.

Ensuite, nous avons subi un coup majeur pour notre capacité à collecter de l’information. Parler franchement à un diplomate américain peut désormais vous valoir les titres de journaux à travers le monde, des représailles chez vous, ou pire encore. La réussite dans la guerre contre le terrorisme repose sur la confiance dans le secret des autres pays. Qui va nous croire maintenant ?

Troisièmement, cela nous fait paraître sous un mauvais jour. Mais pas de la façon dont la secrétaire d’Etat Hillary Clinton l’a impliqué dans son discours d’apologie provoquant un mouvement de recul, où elle gronda ces affreuses taupes pour avoir rendu un mauvais service à « la communauté internationale », en déplorant plaintivement la gêne apportée aux tentatives américaines de contribuer à un monde meilleur.

Elle résonnait comme un mélange de principal de collège exaspéré et une candidate au titre de Miss Amérique proclamant que la paix dans le monde est son vœu le plus cher. Le problème n’est pas que les câbles dérobés ont révélé l’hypocrisie ou le double langage des USA. Bon sang, c’est là l’essence de la diplomatie. C’est ce que nous faisons ; c’est ce que tout le monde fait. D’où le fameux aphorisme : « un diplomate est un honnête homme envoyé à l’étranger pour mentir pour son pays ».

Rien de neuf ici. Ce qui est remarquable, en vérité choquant, c’est la réponse torpide et passive du gouvernement face aux fuites. Ce qui est épouvantable, c’est la vulnérabilité d’une superpuissance qui non seulement ne peut pas protéger ses propres secrets, mais encore révèle au monde que si vous violez ses secrets – massivement, gratuitement et dans l’intention de nuire – il n’y a pas de conséquences.

Le secret est révélé. Les câbles sont publiés. Le déplorer ou tenter de les expliquer, à la manière de Clinton, est tout bonnement pathétique. Il est temps de montrer un peu de nerf. De montrer que de pareils scélérats ne parviendront pas à s’échapper.

Lors d’une conférence d’information lundi dernier, le procureur général Eric Holder a assuré la nation que son service travaille avec diligence sur une poursuite judiciaire possible contre WikiLeaks. Que nous raconte Holder ? Les révélations sur la guerre en Afghanistan de WikiLeaks sont survenues depuis cinq mois. Holder recherche maintenant de possibles mises en examen ? Voilà un pays où un bon procureur peut mettre en examen un sandwich au jambon. Des mois après la première fuite, des milliers de juristes à la Cour suprême doivent encore préparer des charges contre Julian Assange et ses complices ?

Lancez contre eux la Loi sur l’espionnage de 1917. Et si ce n’est pas adéquat, si cette loi a été trop restrictive et édulcorée par les décisions ultérieures de la Cour Suprême, alors pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas préparé une nouvelle législation adaptée à ce type de violations de l’ère Internet contre la sécurité des USA ? Ce n’est pas comme si nous ne savions pas que de nouvelles fuites allaient survenir. Et que davantage de fuites continuent d’arriver.

Pensons avec créativité. Le déversement public de documents WikiLeaks est du sabotage, aussi suranné ce terme puisse-t-il sembler. Nous sommes en guerre – une guerre ouverte en Afghanistan où six Américains ont été tués lundi dernier, et une sombre guerre mondiale où des ennemis depuis le Yémen jusqu’à Portland, en Oregon, préparent une guerre sainte terroriste. Franklin Roosevelt avait fait juger et fusiller des saboteurs allemands par un tribunal militaire. Assange a causé plus de dommages aux USA que tous ces six Allemands réunis. Révéler les secrets de USA sur Internet, nouveau media à dissémination universelle dans l’histoire humaine, nécessite une nouvelle pensée conceptuelle du sabotage et de l’espionnage – ainsi que les lois pour les punir et les prévenir. Où en est le département de la Justice ?

Et où en sont les agences de renseignements pour lesquelles nous dépensons avec prodigalité 80 milliards de $ chaque année ? Assange a été oublié. Eh bien, ce n’est pas un ascète jihadiste habitant une grotte. Trouvez le. Commencez par chaque hôtel cinq étoiles en Angleterre et recherchez le.

Vous voulez empêcher que cela ne se reproduise ? Identifiez dans le monde un homme qui ne peut dormir dans le même lit deux nuits de suite, qui craint le bras étendu de la justice américaine. Je ne plaide pas pour que nous tirions de sa retraite un auxiliaire du KGB qui, dans une rue de Londres, tua un dissident bulgare avec la pointe d’un parapluie empoisonné. Mais il serait bon que des gens comme Assange aient peur chaque fois qu’ils sortent sous la pluie.

letters charleskrauthammer.com  charleskrauthammer.com>


http://www.washingtonpost.com/wp-dy...



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH