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Editorial de Richard Prasquier du 12/11/10
CRIF
Article mis en ligne le 13 novembre 2010

Je voudrais ici m’exprimer sur six événements de ces derniers jours, de gravité, de modalités et de conséquences très différents, pour apporter quelques éléments de réflexion. Il s’agit 1°de l’annonce par le gouvernement israélien de projets de construction à Jérusalem Est, 2°des massacres perpétrés à Bagdad contre les chrétiens, 3°des décisions controversées de l’Unesco, 4°de « l’affaire » Hessel/Taguieff, 5°des récents développements des appels au boycott et enfin 6°des menaces contre la Shehita.

Dans toutes ces affaires, sauf la première, le CRIF a été actif, voire très actif, mais souvent derrière la scène médiatique. Il en est de même dans d’autres sujets dont je traiterai plus tard (les sanctions contre Mme Pederzoli par exemple) Certaines prises de position spectaculaires compliquent en réalité la solution des problèmes. Si le CRIF a une fonction, c’est d’apporter une parole réfléchie, responsable, partagée, ferme et avant tout efficace.

1° En ce qui concerne les projets de construction à Jérusalem, les commentaires de la presse nationale sont à peu près univoques : « reprise massive de la colonisation » portant un « coup fatal » au processus de paix. Les images subliminales, celles qui s’incrustent dans l’esprit du lecteur, du spectateur ou de l’auditeur, sont celles de Palestiniens en détresse, de plus en plus encerclés, devant quitter leurs terres ancestrales pour laisser la place à des Israéliens ne reculant devant aucune exaction pour parvenir à leurs fins. Or, quelle que soit l’opinion que l’on ait sur les modalités souhaitables de résolution du conflit israélo-palestinien, il ne faut pas distordre les faits.

D’abord, la décision de construction n’est qu’une première étape dans un parcours administratif particulièrement complexe dans lequel les voies de recours sont nombreuses. Mais surtout, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de Jérusalem et pas des territoires « disputés ». Bien que la définition adoptée par la Knesset des limites de Jérusalem n’ait pas été acceptée internationalement, les accords d’Oslo ont entériné cette définition, en reportant la question de Jérusalem à des négociations ultérieures. D’ici-là, il a été implicitement reconnu par les deux parties que c’est la souveraineté israélienne qui s’applique sur la ville. Et avec elle, le droit de construire. Ce n’est pas parce que un accord final n’a pas été signé que les Israéliens protestent lorsque les Palestiniens construisent à Ramallah et ce n’est pas parce que la Syrie et le Liban n’ont pas signé de traité de paix avec Israël depuis la guerre de 1948 qu’ils sont justifiés à protester contre la construction de maisons à Naharya, Metoula….ou Tel-Aviv !

Enfin qu’est-ce que Har Homa, la colline célèbre du sud de la ville, objet de la décision de construction la plus importante ? Là encore on imagine des colonnes de Palestiniens chassés de leurs terres. La vérité est que cette colline a été à peu près inhabitée, que la plus grande partie des terres avait été achetée légalement à leur propriétaires Turcs au début du siècle par des Juifs dont les noms et les titres de propriété sont connus, que les personnes expropriées à la suite des constructions israéliennes ont été plus souvent des Juifs que des Arabes (faut-il rappeler que l’expropriation contre compensation est un processus légal universel et antique ?) et que les Jordaniens y avaient planté des arbres sans construire de maisons entre 1948 et 1967. De nouvelles constructions à Har Homa ne gênent pas un seul Palestinien.

Il ne s’agit ici que de rappeler le contexte historique et factuel. Libre à chacun d’avoir une opinion sur l’opportunité politique d’entreprendre ces décisions de constructions maintenant. Mais il ne faut pas se leurrer non plus sur ce qui est en jeu : si la signification symbolique d’un gel actuel des constructions à Jérusalem est que les Israéliens n’ont pas le droit du tout de construire à Jérusalem « Est », cela signifie, non pas que l’on va améliorer la vie quotidienne des Palestiniens, mais que l’on essaie de garroter Israël avant même le début des négociations. C’est tout à fait différent.

2° Je me suis très clairement exprimé auprès de mes interlocuteurs catholiques habituels sur ce que nous pensions des déclarations du synode des évêques consacré aux chrétiens d’Orient et sur sa mise en exergue du conflit israélo-palestinien dans les difficultés actuelles qu’éprouvent ces communautés. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les difficultés de la vie et les pressions de la société majoritaire engendrent des comportements de « dhimmis » désireux de montrer à leurs voisins musulmans qu’ils « lavent plus blanc que blanc » en ce qui concerne Israël. Nous savons tout cela au moins depuis Nostra Aetate et les difficultés d’adoption de ce texte en raison des réticences des chrétiens d’Orient. Il est désolant de voir que la vision hémiplégique et d’une insondable ingénuité d’un monde musulman en tourment uniquement à cause de l’injustice faite aux Palestiniens paraisse avalisée par les plus hautes autorités du monde catholique. Dès le synode, beaucoup s’étaient surpris du peu d’importance accordée à la situation dramatique des chrétiens d’Irak. L’actualité, avec le carnage de la cathédrale de Bagdad puis les attentats contre les familles chaldéennes dans la ville (où se trouvent, ne l’oublions pas, les troupes américaines), ont tragiquement montré comme cette vision des choses est non seulement fausse, mais coupable. Disons-le une fois de plus : écarter d’un revers de main l’Islam radical parce qu’il est quantitativement très minoritaire, c’est écarter en 1930 en Allemagne le danger des nazis sous prétexte que la majorité de la population n’adhérait pas à leurs opinions. On a vu ce qu’il en fut trois ans plus tard. Il n’y a plus de place en Irak pour les chrétiens, il n’y a pas de place pour une autre religion dans un pays où l’extrémisme islamique fait régner sa loi ou bien sa terreur.

3° L’Unesco a finalement retiré son label à une conférence internationale de philosophie censée se dérouler fin novembre à Téhéran. Ce ne fut pas facile à obtenir, la France a eu une attitude impeccable et la responsabilité propre de la Directrice Générale est engagée en raison de sa procrastination, même si la décision avait été prise à l’époque de son prédécesseur. Toujours la même idée qu’il « est important de se parler ». Il y a des moments où la parole vaut déshonneur. Certaines organisations internationales, manipulées par des majorités automatiques, ne semblent pas le savoir.

Quant au deuxième exploit de l’Unesco, celui de changer le nom du tombeau de Rachel, il montre que, enserrées par un juridisme étroit et indifférentes à la réalité historique, les délégations occidentales (seuls les USA ont voté contre) se laissent facilement piéger par un matraquage verbal qui n’est qu’un instrument de la guerre soft, celle qui vise à délégitimer Israël.

4° Je ne m’étendrai pas sur la nouvelle icône Stéphane Hessel, Le texte de Bernice Dubois, repris dans la Newsletter, donne la mesure des approximations qui font sa gloire. Mais rappelons tout de même que cet homme, accompagné de Régis Debray, est allé, en présence des diplomates du consulat de Jérusalem, porter une parole ignoble au centre culturel de Gaza (en se moquant des israéliens de Sderot soumis aux roquettes du Hamas), et qu’il y a fait la promotion du boycott,. Ensuite, il est allé s’entretenir avec le chef du Hamas, Ismael Haniye. Oui, il paraît qu’il leur a parlé de Gilad Shalit. La réponse n’a pas tardé : le 5 novembre 2010, sur la chaine du Hamas, Al Aqsa, mon confrère le Dr Mahmoud Al Zahhar, véritable leader du Hamas à Gaza (j’ignore si Hessel l’a rencontré) a déclaré que les persécutions contre les Juifs étaient parfaitement justifiées et que de toute façon, les Juifs étaient voués à l’annihilation. M.Zahhar ne fait que répéter la charte du Hamas. Je n’ai pas entendu M.Hessel protester.

Quant à PA Taguieff dont le travail, dans son érudition et sa quête de vérité, ne peut que susciter notre admiration, il dérange énormément le « politiquement correct ». C’est pourquoi, après avoir essayé d’ensevelir son travail sous une chape de silence (l’assourdissante omerta à la sortie de son dernier livre sur l’antisionisme contraste tellement avec les dithyrambes à l’égard de l’essai médiocre de Charles Enderlin…), on (le Mrap entre autres) monte contre lui une campagne indigne pour le faire exclure de l’Université pour manquement de respect envers Hessel. Amitié et solidarité à Pierre André Taguieff.

5° Le boycott...Il est illégal (c’est une forme de discrimination, et la loi est on ne peut plus claire), imbécile (il nuit aux producteurs palestiniens eux-mêmes), mensonger (non, les produits ne viennent pas des « territoires » ne serait-ce que parce que dans les « territoires » la terre n’a pas de qualités agricoles, contrairement à Gaza). C’est surtout (son théoricien Omar Barghouti, étudiant à l’Université de Tel-Aviv est très clair là-dessus), un excellent moyen d’attaquer l’existence même d’Israël. Je suis très heureux que Martine Aubry ait fortement confirmé le rejet du boycott par le Parti Socialiste dans son discours du diner du CRIF de Lille. Il y a eu aussi l’article publié dans le Monde par plusieurs dirigeants du PS et par des signataires de JCall dont il faut nous féliciter. Et puis ne pas oublier de rappeler à ces quelques membres du PS qui prônent le boycott que non seulement ils sont en opposition à leur parti et qu’ils sont dans l’illégalité, mais qu’ils se font manipuler sous de fausses bonnes raisons humanitaires.

6° Oui, j’ai eu à intervenir sur la Shehita devant les interlocuteurs politiques français et européens. Non pas évidemment, que je prétende à la moindre légitimité en matière de halakha, mais parce qu’il ne faut pas se leurrer : il y a derrière les tentatives d’abolition (ou plus exactement de transformation des techniques de l’abattage ou d’évolution de l’étiquetage) des arrière-pensées qui touchent au politique et à la libre expression religieuse. Et le CRIF a pour mission d’intervenir dans le champ du politique. Ces interventions, toujours effectuées en parfaite coordination avec le Grand Rabbin de France et en contact permanent avec son représentant en matière de Shehita, le Grand Rabbin Bruno Fiszon, ont été, j’en suis sûr, fort utiles et ont montré que nous parlions tous d’une seule voix. Nous participerons évidemment à la réunion organisée par le Grand Rabbin de France le 22 novembre à ce sujet. Ce serait plus simple et plus naturel si le Consistoire revenait au CRIF comme Dov Zerah s’y était engagé et comme la communauté le demande dans sa grande majorité. Mais il n’empêche : nous sommes unis sur ce qui est important. Et plus que jamais ce qui importera dans l’avenir, ce sera l’union, l’union qui s’enrichit de sa diversité.

J’oubliais un événement très important : la venue à Paris de l’Ambassadeur d’Israël agréé, M. Yossi Gal. Ce sera un grand Ambassadeur. Yossi, baroukh haba et behatzlakha.

Richard PRASQUIER
Président du CRIF



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