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Derrière les chiffres d’une menace. Y voir clair
Par Jean Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 27 juillet 2004

Selon le général Aharon Zeevi, le chef du renseignement israélien, le Hezbollah a amassé au Liban près de 14.000 roquettes. Dans le rapport que Zeevi a soumis au cabinet la semaine dernière, le général a précisé que les supplétifs intégristes de la népotie syrienne disposaient désormais de 13.000 Katiouchas de portée limitée, de 500 roquettes de moyenne portée ainsi que de « quelques douzaines » de projectiles à longue portée.

Avant de considérer le danger représenté par ces armes ainsi que le rôle qui leur est attribué par Damas dans sa confrontation avec Jérusalem, précisons que ces Katiouchas peuvent emporter des charges variant de 5 à 30 kilos, que le terme « portée limitée » détermine un rayon d’action de 5 à 25 kilomètres, soit la capacité d’atteindre Metula, Kiriat Shmona et Nahariya. La « portée moyenne » s’entend pour des impacts situés entre 50 et 70 kilomètres du point de lancement, soit la possibilité pour les terroristes de menacer Haïfa, Safed, Tibériade et Afula ; quant aux roquettes de « longue portée », elles peuvent couvrir des distances allant de 100 à 200 kilomètres, soit accéder, depuis la frontière libanaise, à Tel Aviv (120 à 170 kilomètres) Hadéra, Petakh-Tikva etc.

Certes, ces données brutes paraissent inquiétantes mais en fait, elles n’ont de signification réelle, dans l’évaluation de la dangerosité de ces armes, que lorsque leur poids dans l’équilibre des menaces a été complètement relativisé et intégré à la situation stratégique régionale qui prévaut.

Compliqué ?
Pas tant que cela ! Demandez-vous en quoi cela ferait avancer les intérêts de Béchar al-Assad que l’une de ces super-Katiouchas explosât dans une banlieue de Tel Aviv, avec un ratio d’une chance sur cinq de blesser au moins un individu et d’une chance sur vingt-cinq de lui coûter la vie ?

La réponse de l’analyste stratégique à cette question est : Le gain stratégique d’une telle action est nul. On entend ici par « gain stratégique » l’affaiblissement du potentiel sécuritaire de votre ennemi que vous aurez causé par une action.
Les seuls avantages relatifs qu’il y a à lancer une roquette de ce type sur Tel Aviv - les Iraniens et les Syriens n’ont tout de même pas investi dans un arsenal de cette taille sans raison - sont de trois types :

  • Le premier est à caractère interne ; dans le cas que nous envisageons, il s’agirait pour le Hezbollah et ses mentors de « montrer à la nation arabe qu’on est capable d’atteindre Tel Aviv ».
  • Le second avantage escompté consiste à espérer générer un mouvement de panique dans la population israélienne, de désorganisation parmi les services de protection civile et partant, un affaiblissement très aléatoire et éphémère de la capacité de défense de l’entité sioniste. En misant sur l’effet « panique », il faut également considérer la possibilité que votre Katioucha s’écrase dans un terrain vague ou sur une usine désaffectée, ce qui n’arrangera pas vraiment vos affaires.
  • Le troisième avantage envisagé par les Irano-syriens concernerait l’utilisation massive d’un très grand nombre de ces projectiles à la fois - des centaines ?

En principe, une telle utilisation peut être considérée dans deux cas de figures :

a) En complément d’une attaque militaire surprise genre guerre de Kippour, encore que les conditions d’une hypothèse de cette sorte, pour les Irano-syriens, sont aujourd’hui inexistantes et

b) En complément du dispositif syrien de défense lors d’une attaque de Tsahal.

Définissant cette troisième option, j’ai mentionné le terme « en principe » pour décrire l’emploi massif de ces roquettes par le Hezbollah et je crois qu’il mérite toute notre attention. Si les Katiouchas ont bien été inventées par les Soviétiques afin de pilonner de grosses concentrations de blindés et de fantassins ennemis (voir l’utilisation de ces armes contre les envahisseurs nazis), cette application « militaire » des roquettes implique impérativement pour l’utilisateur de posséder un large contrôle du territoire depuis lequel il entend agir. Lors, dans le cas d’une organisation terroriste de quelques centaines d’éléments comme le Hezbollah, cette condition n’est certes pas réunie : la logistique nécessaire à la pose de centaines de lanceurs mobiles de ces Katiouchas n’a aucune chance de passer inaperçue aux yeux des nombreux agents travaillant pour l’Etat hébreu au Liban, pas plus qu’aux yeux électroniques des avions sans pilotes et des avions espions survolant quotidiennement l’ensemble du pays aux cèdres.

Nous avons envisagé ici les avantages relatifs de l’usage de ces missiles rustiques - démunis de système de guidage - confiés aux fanatiques islamistes par deux dictatures musulmanes. Il est alors sage de parler brièvement des inconvénients que pourrait représenter pour ces régimes le tir d’un projectile du Hezbollah sur Tel Aviv. De rappeler que dans son organisation, l’armée israélienne n’est conçue, quant à elle, QUE pour infliger à l’ennemi des préjudices stratégiques, donc des dégâts propres à affaiblir son potentiel défensif. Pour ce faire l’état major hébreu dispose, en plus d’une suprématie aérienne régionale indiscutable, d’une panoplie d’armes intelligentes allant des obus d’artillerie de 1’000 kilogrammes chacun, pouvant être tirés jusqu’à 40 kilomètres avec une précision d’impact de l’ordre de 10 mètres, aux missiles continentaux et intercontinentaux emmenant des ogives de plusieurs quintaux et les livrant sur un objectif avec une précision encore plus pointue.

Tout bien considéré, relativisé et intégré, il apparaît que l’emploi de leur arsenal par les supplétifs syriens du Hezbollah est largement plus dangereux pour la dictature des al-Assad que pour le promeneur de Tel Aviv. Il existe toutefois une fenêtre, pas très large, d’utilisation terroriste (uniquement contre des civils, sans prétentions stratégiques) de cette camelote désuète. Les Syriens peuvent au moins s’imaginer, que des tirs épars des Katiouchas de faible portée (c’est pour cela qu’elles sont le plus nombreuses dans leur arsenal), lors d’incidents frontaliers localisés, n’entraîneraient pas de conflit généralisé. Ils ont probablement raison, dans une certaine mesure et sous le risque de pertes de contrôle - chute d’une roquette sur une école, une station service, une manifestation sportive - qui pourrait obliger le gouvernement israélien à l’escalade - potentiellement fatales à leur dictature. L’emploi « artisanal » de ces armes, à raison de quelques salves tirées à la sauvette, a fait par le passé certains dégâts dans les villes frontalières du nord d’Israël, ils ont coûté la vie à un petit nombre de civils et ils ont perturbé le cours normal de la vie dans ces cités. Cela reste la « meilleure » application réalisée par les fous d’Allah de cette technologie russe datant d’avant la seconde guerre mondiale : Un trépied de 40 kilos, posé dans un vallon difficilement repérable par les guetteurs israéliens, un système de retardement de la mise à feu et les serveurs qui prennent leurs jambes à leur cou avant le décollage de leur « missile » pour un voyage sans retour d’une dizaine de kilomètres. Plus l’usage des Katiouchas fait par le Hezbollah s’éloigne de ce cas de figure et plus le risque pris par les lanceurs et par leurs commanditaires augmente de façon exponentielle. Les engins de longue portée sont plus grands, plus lourds, plus facilement repérables. Leur stockage, de même que leur transport sous le regard des drones juifs est très téméraire ; quant à imaginer des tirs multiples et simultanés des gros calibres, ça n’est plus de la témérité, c’est carrément une tentative de suicide.

Les Irano-syriens, conscients que le rendement des 14.000 roquettes qu’ils ont mis dans les mains de Hassan Nasrallah ne servent pas à grand-chose, se sont mis en tête de les doter d’ogives chimiques, c’est également ce que le général Aharon Zeevi a annoncé au conseil des ministres. Au-delà des problèmes techniques complexes qui hypothèquent ce projet et qui ont trait à l’adaptation d’un medium de la guerre de destruction massive sur un véhicule vétuste n’ayant pas été conçu pour cet usage ; au-delà des problèmes logistiques de conception, de fabrication, de conditionnement, de transport, de remplissage, de stockage et de destruction des armes chimiques, nullement maîtrisés par la technologie syrienne, Damas est en train, par ces tentatives, d’ouvrir son flan à une menace terrible pour son avenir. En effet, si al-Assad se met en tête d’introduire la guerre non conventionnelle contre Israël sur la base de ces mulets technologiques, il exposera sa population aux armes de destruction massive du XXIIème siècle, en possession de ses ennemis. En cas d’une agression non conventionnelle en provenance du nord-est, il prendrait aux Israéliens moins de cinq minutes afin de rayer Damas de la carte et une petite demi-heure pour anéantir toutes les grandes villes de Syrie.

Voilà donc les jeux dangereux auxquels s’adonne l’oculiste myope du trans-Golan. Il « essaie de voir » s’il serait possible d’instrumenter les suprématistes allumés de l’islam triomphant en les dotant des moyens de donner la dernière secousse au cocotier. En plus des risques et des difficultés de toutes sortes, le temps pour la mise sur pieds de ce projet est compté : Dans pas très longtemps du tout, les premières batteries du système de bouclier à laser Nautilus voir mon étude et seconde partie seront déployées en Galilée. C’en sera fait alors de la petite fenêtre d’utilisation des Katiouchas à des fins terroristes qui reste à Assad, tout autant que de ses rêves d’Armageddon. C’est déjà le cas pour les Scudds qu’avait commencé à amasser son despote de père ; ceux-ci ne peuvent théoriquement plus atteindre Israël grâce au système de radar « Pin vert » et au missile anti-missiles balistiques « Flèche » (Khetz) entièrement opérationnel.

Reste qu’il est désagréable et dangereux de vivre à proximité immédiate de fanatiques hégémonistes et criminels disposant d’autant de matériaux explosifs. Cette constatation est issue d’un sentiment qui est, comme tous les sentiments, ignoré de l’analyse stratégique, tout comme le sont les blessés et les morts des « péripéties collatérales ». Le monde s’est habitué à l’idée que le Liban occupé pouvait sous-louer la région sud de son territoire à une organisation que le monde identifie comme terroriste et s’y décharger sur le Hezbollah de ses prérogatives sécuritaires. En termes de relations internationales, c’est une impossibilité. A terme, c’est l’assurance d’une explosion. Où donc est passée la déclaration de de Villepin du 30 avril 2003 ? Très étrange déclaration, dont les termes, par la France, n’ont été dits qu’une seule fois et qui exigeait le déploiement « immédiat » de l’armée libanaise sur la frontière internationale ainsi que le départ tout aussi immédiat de l’occupant syrien du Liban, en conformité avec la résolution 520 du Conseil de sécurité de l’ONU (résolution avec effet contraignant). Etrange que la France n’ait énoncé qu’une seule fois, clairement mais du bout du bout des lèvres, les conditions qui assureraient le maintien de la non guerre dans cette région. Depuis, à ce qu’il semble, ce pays considère des priorité nettement plus importantes que la sauvegarde de la paix, puisque Jacques Chirac rencontre le premier ministre du



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