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Qu’est-ce qui fait courir Chirac, 1ère partie
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Article mis en ligne le 23 juillet 2004

« Dans les coulisses des négociations sur le libellé de la résolution de l’ONU, il était parfois difficile de faire la distinction entre l’ardeur déployée par l’observateur de l’OLP al-Kidoua et celle de l’ambassadeur de France Jean-Marc de la Sablière » a déclaré un diplomate européen à nos confrères de Haaretz.

Dan Gillerman, le représentant d’Israël, affirmant pour sa part que : « La France s’est comportée de façon particulièrement honteuse en œuvrant pour ses amis palestiniens et en convainquant les autres pays européens d’adopter une résolution palestinienne à peine amendée ».

L’un de nos amis de longue date, membre de la délégation britannique, a appelé la rédaction pour nous dire « qu’à l’issue du vote, al-Kidoua et »Le Sablière« étaient triomphants, les Suédois satisfaits et tous les autres Européens, nous étions honteux ; nous nous regardions les godasses, sachant que nous nous étions laissés entraîner à entériner un texte ignoble et que nous avions cédé à l’intransigeance de la France sur tous les amendements que nous avions proposés. Sans la volonté inflexible des Italiens, la mention du terrorisme n’aurait même pas figuré dans la résolution. Sorry my friends mais je crois que nous allons apprendre la leçon de cette chose ».

A des années lumières de là, voici comment le porte-parole du Quai des dupes relatait la même négociation : « Nous nous félicitons de l’adoption de cette résolution, qui illustre l’efficacité du processus de négociation entre Européens. (…) la France avait jugé nécessaire que le texte souligne l’obligation des Palestiniens et des Israéliens de respecter le droit international humanitaire et réaffirme la condamnation du terrorisme par la communauté internationale. »

Le Premier ministre Ariel Sharon, est en train de recevoir Javier Solana, le haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne. Il lui fait savoir qu’en votant une résolution palestinienne qui nie le droit légitime d’Israël à l’autodéfense, l’Union Européenne ne peut plus songer jouer un rôle actif dans la région.

Il est malheureux, d’un point de vue personnel, que ce soit Solana qui doive ramasser les assiettes brisées par la dynamique anti-israélienne déchaînée du chef de l’Etat français. Le diplomate espagnol se démène en effet pour faire aboutir les pressions sur Yasser Arafat, dans le but de l’obliger à passer la main, évitant ainsi la guerre civile intra palestinienne et redonnant une chance de succès à la Carte Routière. Fidèle à la discipline conçue entre le Quartette, les Jordaniens, les Palestiniens modérés et les Israéliens, Javier Solana laisse au général égyptien Omar Suleiman le seul soin des contacts avec Yasser Arafat ; aussi, l’Espagnol se gardera de rencontrer le reclus de Ramallah ou ses émissaires durant son séjour en Israël.

On mesure ainsi le fossé grandissant qui sépare la majorité des Européens et la contre-politique chiraquienne au Moyen-Orient. Cette distance se mesure également aux aunes qui différencient les déclarations de Solana au Caire et l’assertion de Michel Barnier, dans le même temps sur Europe 1, réaffirmant « que Yasser Arafat demeurait le chef reconnu et légitime de l’Autorité palestinienne, malgré la crise qui secoue actuellement son gouvernement. »

Mais qu’est-ce qui fait courir Chirac ? C’est la question qu’il faut évidemment se poser, le plus calmement possible, en évitant de s’attarder sur ses provocations personnelles contre le Président du Conseil israélien. Je ne vais pas, dans mon article, répéter l’argumentaire volumineux et précis développé par notre agence et qui me fait l’économie de prouver, à nouveau, que l’Etat français est dirigé par une personne qui multiplie les initiatives destinées à fragiliser les intérêts de l’Etat hébreu et sa capacité politique et militaire à se défendre contre ses agresseurs.

On peut alors légitimement s’étonner de ce que Chirac persiste à prendre le risque d’inciter à la haine des juifs, par ces initiatives justement, ainsi qu’en imprimant à ses médias, par l’entremise de l’AFP et des canaux audiovisuels publics chapeautés par l’Etat, une retranscription partisane, allant jusqu’à la caricature raciste du rôle israélien dans le conflit israélo-palestinien. Ces débordements divers ont désormais porté la gangrène jusqu’au tissus social français - c’est tout ce qu’il faut saisir des passes d’escrime Chirac-Sharon d’ailleurs - alors que les juifs français, qui n’ont rien fait pour cela, se retrouvent molestés dans la substance même de leur appartenance à la nation française. Le risque pris par Chirac est considérable, car les juifs ne sont plus des immigrés en France depuis des siècles. Ils font, au contraire et indubitablement, partie de la matrice fusionnelle de cette république, aussi vrai qu’il n’est pas concevable d’ignorer, par exemple, leur rôle dans la résistance, pas d’avantage que les contributions d’André Citroën dans l’automobile et de Marcel Bloch (Dassault) et Joseph Szydlowski (Turboméca) dans l’industrie aéronautique.

Pour continuer de risquer les fondamentaux de la cohésion nationale, pour laisser se prolonger les interrogations légitimes des israélites quant à leurs perspectives d’avenir dans leurs Gaules, Chirac doit avoir une raison d’ordre impératif. L’auteur de cet article est en effet de ceux qui ne pensent pas que l’on peut être président de la France et prendre des décisions sur des bases primordialement sentimentales. Je dis, que Chirac supporte les juifs ou qu’il les haïsse, là n’est pas la raison ! Il y a autre chose. Autre chose, pour faire sonner le tam-tam de toute la diplomatie française et de la faire s’investir, comme si la destinée du Système solaire tout entier en dépendait, simplement pour humilier Israël à Manhattan sur la base d’un texte aussi pustuleux qu’inutile.

L’auteur de ces lignes n’est pas non plus inexpérimenté au point d’imaginer, qu’en forçant la main des vingt-cinq sur ce vote, Jacques Chirac ne savait pas qu’il enlèverait du même coup tout rôle à la diplomatie de l’Union Européenne dans la solution du conflit israélo-arabe.

Et Chirac sait par contre fort bien, qu’en faisant donner son baudet à Ramallah, pour soutenir Arafat contre la coalition qui veut faire avancer la paix, il gêne la coalition mais sans avoir les moyens d’infléchir le cours de l’Histoire. C’est agir encore sans compter que la politique française tend à couper le vent du Premier ministre palestinien Qoreï, tout comme elle a ignoré les efforts du professeur Nusseibah et qu’elle avait mis en proscription Mahmoud Abbas, sans logique apparente.

Ces trois exemples, le vote à l’ONU, l’exclusion de l’UE des négociations ainsi que le soutien à Arafat, à contre-pied du Quartette, démontrent en tous cas que la France de monsieur Chirac n’est pas intéressée du tout par l’avènement de la paix au Proche-Orient. A ce titre, tous les observateurs concluront avec moi, que si la France désirait cette paix : a) Elle agirait de manière très différente et b) Elle aurait les moyens de la faire progresser.

Je reviens à ma question et la complète maintenant : Qu’est-ce qui fait courir Chirac, qui met, sans générer aucun bénéfice intelligible, l’équilibre social de la République en péril, qui menace les relations avec Israël, qui éloigne l’UE d’un rôle primordial pour elle au Proche Orient et qui torpille les efforts en vue d’instaurer un Etat pour les Palestiniens et la paix autour de celui-ci ?

Concédons déjà que les destructions causées par le locataire de l’Elysée sont conséquentes, le disputant à la définition du désastre, et surtout, ces destructions seraient incompréhensibles si, comme il y paraît de prime abord, elles ne servaient strictement à rien.

Et pourtant, elles servent ! Pas la France, non, mais à assurer l’avenir de l’actuel président des Français et celui d’une petite coterie, qui serait soumis à risque, si la France se comportait autrement. Nous avons les moyens de vous livrer une explication convaincante à ces mystères, et ce sera chose faite dans la seconde partie de cet article.



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