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Le New York Times et son étrange analyse des négociations de paix à venir
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 22 août 2010

Pourtant très apprécié le New York Times analyse la reprise des négociations de paix au Moyen-Orient d’une manière qui laisse quelque peu perplexe, multipliant contrevérités ou omissions Ces négociations n’auraient aucune chance d’aboutir avec un gouvernement Netanyahou nous dit-on. Mais on y laisse pourtant la porte ouverte à un optimisme prudent.

Le Président et le Secrétaire d’État américains convient le Premier ministre israélien, les Présidents palestinien et égyptien et le monarque hachémite à Washington début septembre pour lancer des négociations de paix israélo-palestiniennes qu’ils voudraient voir aboutir d’ici un an

Selon l’analyse du New York Times, réalisée à deux voix depuis Jérusalem et Ramallah, les gouvernements israéliens et palestiniens auraient accepté immédiatement cette invitation. Faux. Si le gouvernement israélien a accepté immédiatement, en effet, le vendredi soir, cela n’a pas été le cas des autorités palestiniennes qui ont voulu que se réunisse le Comité Exécutif de l’OLP auparavant. Ce sont les Palestiniens qui le disent. La réunion ne devant avoir lieu, dans un premier temps que le samedi matin. Finalement la réunion s’est tenue le jour même et la décision d’accepter a été prise fort tard ce jour-là

Il ne s’agit pas de couper les cheveux en quatre. Mais pourquoi le New York Times commence-t-il l’article en déformant la vérité ? D’autant que cela démontre que l’Autorité palestinienne aura voulu traîner les pieds jusqu’au bout, ce qui est d’ailleurs largement développé dans l’article.

S’il y a échec, ce sera la faute « à » Israël


D’emblée le peu de chance que ces négociations aboutissent est attribué au premier chef à , « celui qui ne veut pas, » - comprenez Benyamin Netanyahou -. Et le quotidien précise aussitôt que le gouvernement israélien est « une coalition forte de droite conduite par Benyamin Netanyahou qui n’a aucun désir de parvenir à un accord. » On se demande alors, si tel était le cas, pourquoi le chef du gouvernement israélien aurait demandé instamment l’ouverture de négociations directes depuis son élection, voici un an et demie... Ce que rappelle d’ailleurs son porte-parole dans le communiqué publié dès l’annonce de la reprise de « négociations directes » et « sans préconditions » Et on ignorait aussi, par exemple, que le travailliste Ehud Barak, actuel ministre de la Défense d’Israël était de «  droite  ».

Yossi Beilin, pourtant décrit comme «  gauchiste  » et qui s’est retiré de la politique en Israël, est appelé à la rescousse pour dire que la paix n’a aucune chance. Compte tenu des divergences, certes, mais aussi, dit-il parce que, selon lui, «  Netanyahou n’est pas arrivé au pouvoir pour diviser Jérusalem et trouver une solution pour les réfugiés palestiniens. »

On peut objecter que, d’une part, Benyamin Netanyahou n’est pas « arrivé » au pouvoir mais qu’il a été élu, et que d’autre part que ce n’est certes pas pour diviser Jérusalem – encore faudra-t-il que les parties en présence s’entendent sur la définition exacte des mots utilisés, ce qui laisse une certaine marge – mais il est évident que trouver une solution pour les réfugiés palestiniens – même si ce statut est héréditaire chez eux - fera partie des négociations.

Le témoin suivant est un certain Mahdi Abdul Hadi, président et co-fondateur en 1987 d’un «  institut indépendant de Jérusalem-Est... la Société Académique Palestinienne pour l’Étude des Affaires Internationales. » Pour lequel le New York Times donne le lien http://passia.org/ Selon cet expert «  tout le monde sait que le gouvernement israélien ne sera pas à la hauteur. » Son opinion est peut-être quelque peu partiale étant donné que cet « expert es-Netanyhou défend ardemment l’Intifada Al-Aqsa Entre autres prises de position qui démontrent clairement qu’il ne fait pas partie des modérés palestiniens.

Autre interlocuteur palestinien cité, le vice-président « modéré de l’Université Al-Quods,  » Zakaria al-Qaq, qui évoquait pourtant dans une dépêche de Reuters d’octobre 2009 « l’accumulation de la colère » palestinienne « qui n’attend qu’une étincelle. Personne ne peut prédire quand elle se produira. Mais cela pourrait prendre des années encore. » Mais de quelle colère parle-t-il dès lors que l’économie palestinienne a progressé à ce point grâce aux mesures prises par le gouvernement Netanyahou pour améliorer la vie des Palestiniens. Ainsi, fin 2009 déjà, « des centaines de barrages et checkpoints ont été démantelés, les horaires d’ouverture du Pont Allenby très fréquenté et aux horaires déjà très pratiques entre les territoires palestiniens et la Jordanie étendus, des obstacles bureaucratiques enlevés. »


Ayant largement fait état d’un pessimisme ambiant des deux côtés quant aux chances de réussite des négociations à venir, et ayant abondé dans ce sens, le New York Times apporte pourtant en fin d’article des analyses plus positives.


Place pourtant à un certain optimisme côté israélien



Son de cloche plus optimiste, en effet, avec l’ancien ambassadeur Dore Gold qui n’est cité que vers la fin de l’article et dont le quotidien oublie de signaler qu’il qu’il a participé à un certain nombre de négociations antérieures et est depuis 2000 le président du Centre Jérusalem pour les Affaires publiques créé voici 30 ans. Centre aux analyses très importantes réalisées par des experts de premier plan et dont le New York Times omet malheureusement de donner le lien, - ce qui a pourtant été fait pour « l’institut indépendant » qui justifie, entre autres, la deuxième Intifada – ce qui aurait permis à ses lecteurs de juger par eux-mêmes

Le New York Times nous dit de Dore Gold que ce « proche de Netanyahou » estime que ces négociations « peuvent être importantes à condition que les lignes rouges d’Israël ne soient pas franchies. Il faut trouver des idées créatives qui répondent aux besoins fondamentaux des deux parties. » Selon le quotidien, ces lignes rouges sont « une Jérusalem unifiée sous souveraineté israélienne et le contrôle israélien de la région longeant le Jourdain pour empêcher qu’entrent des armes en Cisjordanie. » Éléments que l’on retrouve d’une manière affinée dans une étude magistrale du Centre présidé par Dore Gold

Mais ces lignes rouges que seraient Jérusalem et la Vallée du Jourdain, les Palestiniens les jugent irrecevables à ce jour, précise-t-on. S’y ajoute la question des «  réfugiés  » évoquée plus haut et que Benyamin Netanyahou est censé ne pas vouloir résoudre. Pierres d’achoppement voulues par Israël, donc, et qui rendraient tout accord irréalisable.

Quant à Benyamin Netanyahou – qui n’est jamais cité ici-, dans son communiqué officiel il assure à nouveau vouloir négocier «  sérieusement  » et d’une manière «  globale  », ajoutant que « parvenir à un accord est un défi difficile mais possible. Nous commençons ces négociations avec un véritable désir de parvenir à un accord de paix entre les deux peuples qui assurera les intérêts sécuritaires nationaux d’Israël, dont le premier est la sécurité. »


Ce souci vital de sécurité, une étude publiée au lendemain de l’annonce de la reprise des négociations directes par le Centre que préside justement Dore Gold, en détaille les conditions nécessaires pour garantir la sécurité de l’État hébreu. A savoir un futur État palestinien qui ne puisse en aucun cas être un havre pour des groupes terroristes à l’instar de la Bande de Gaza ou du Sud Liban. Ce que aucun Israélien, quel qu’il soit, ne pourrait envisager… ?


On retrouve un optimisme prudent chez Haim Assa, qui n’est cité par le New York Times qu’en toute fin d’article. Il a été “consultant politique proche d’Yitzak Rabin, dans les années 1990 et continue à conseiller les dirigeants israéliens du centre.” Et estime qu’en dernier ressort ce sont les Américains qui décideront du succès de ces négociations. Et «  s’ils poussent et prennent les choses sérieusement, ils peuvent y arriver. »


Les Palestiniens et le New York Times


Si le quotidien cite un certain nombre de témoins « à charge » contre le Premier ministre israélien, les Palestiniens au pouvoir en Judée Samarie sont présentés sous un jour totalement différent. La « direction palestinienne » est qualifiée de « relativement modérée » - très relativement étant donné qu’elle continue à encourager et glorifier le terrorisme, ce qui, selon Barack Obama lui-même pose problème - et de « divisée ».

On peut y ajouter «  menacée  » et «  contestée  » et, effectivement pas uniquement par « les Islamistes de Gaza. »


Et, en effet, comme me rappelle le New York Times, « le Président palestinien a passé l’année écoulée à résister aux supplications de M. Netanyahou lui demandant de s’asseoir ensemble sans préconditions. »


Mais le quotidien ajoute « M. Abbas répétant à l’envie que des années de négociations directes de ce type n’avaient abouti à aucun accord, si ce n’est à une perte lente mais constante de terres de Cisjordanie au profit des implantations israéliennes. »

Réécriture de l’histoire



Curieuse manière de réécrire l’histoire étant donné que, en dépit d’innombrables attentats terroristes palestiniens, des négociations antérieures ont abouti à une succession de retraits israéliens, accords signés y compris par Benyamin Netanyahou ou auxquels, respectant des engagements pris par d’autres Premier ministres, il a fait procéder en dépit de leurs carences évidentes ....Que Mahmoud Abbas ait des trous de mémoire...mais qu’un média d’information aussi sérieux que le New York Times le cite tel quel...

Car on sait que des retraits israéliens successifs ont commencé par Jéricho puis se sont poursuivis. Fin 1995, suite à accords divers et retraits israéliens, les villes de Djénine, Naplouse, puis Bethléem, Kalkilya, Ramallah et Toulkarem sont sous contrôle palestinien, puis en 1997 retrait israélien de la plus grande partie d’Hébron – la majorité de la population palestinienne de Judée Samarie vit dans ces villes- et en mars 2000 « L’Autorité palestinienne contrôle désormais environ 40% du territoire »


Implantations


Le New York Times fait grand cas des implantations, abondant dans le sens de Mahmoud Abbas sur ce point. « La plupart des Palestiniens – et nombreux Israéliens de gauche- donnent comme argument le fait qu’il y a trop d’implantations israéliennes en Cisjordanie pour qu’un État viable et continu puisse y exister. L’agrandissement des implantations s’y est poursuivie en dépit d’un moratoire sur les constructions annoncé par M. Netanyhaou. ».

D’ailleurs, aussitôt après avoir accepté de négocier, Mahmoud Abbas a pris la plume pour se plaindre au « Président américain Barack Obama, au Président russe, Dimitri Medvedev, au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et au chef de la diplomatie de l’Union Européenne Catherine Ashton » Il leur écrit que « les implantations et la paix représentent deux trajectoires parallèles qui ne peuvent jamais se rencontrer. Une décision israélienne de continuer à construire dans les implantations signifierait qu’Israël a décidé d’arrêter les négociations parce que les négociations ne peuvent continuer si les implantations continuent. »

Il se félicite que le Quartet se soit exprimé contrela poursuite de toute construction. Et le négociateur professionnel palestinien Saeb Erekat, avertit qu’il y aura rupture si la moindre construction reprend après le 26 septembre – date de la fin du moratoire de 10 mois décidé par Benyamin Netanyahou qui espérait que cette décision conduirait à une reprises des négociations bien avant septembre

A propos de l’analyse du New York Times, d’une part le quotidien semble ne pas savoir qu’un retrait israélien d’implantations est un des points qui devra faire l’objet de négociations et négocier ne signifie pas annoncer d’avance. D’autre part, lors de l’annonce de ce moratoire sur de nouvelles constructions en Judée Samarie, le Premier ministre disait clairement que cela ne concernerait « pas les écoles, les jardins d’enfants, les synagogues et les édifices publics nécessaire pour vivre normalement.  » Ni que cette décision concernait Jérusalem.
Pourtant un gel de nouveaux projets a été mis en place ultérieurement à Jérusalem-est , ce qui montre que le gouvernement israélien peut prendre des mesures « pénibles » si nécessaire.

Le quotidien enfonce le clou affirmant « de plus, le soutien de nombreuses implantations reste relativement fort en Israël. Autrement dit si cela persiste, les Israéliens auront détruit toute option sérieuse pour une solution de deux États. Et alors ces négociations sont inutiles. »

Fichtre ! Il ne s’agit que de “nombreuses “ implantations. Pas toutes, donc. Mais combien au juste ? Et que signifie ici «  relativement  » ? Y a-t-il un sondage ? Les Israéliens sont donc ici globalement tenus d’avance pour responsables de l’échec de toute perspective de paix. Pourtant, on se souvient que des implantations, bien qu’ayant l’appui de la majorité des Israéliens ont été démantelées par le passé. Aussi douloureux cela ait pu être...

En 1982, dix-huit l’ont été dans le Sinaï pour une paix – froide – avec l’Égypte. Et on se souvient de la détresse des habitants de Yamit que l’armée israélienne dut arracher de chez eux...

Et bien plus récemment dans la Bande de Gaza en 2005 on assista parfois à de mêmes scènes de douleur quand les habitants juifs durent quitter leur maison construites dans 21 implantations. Quatre implantations isolées furent également démantelées en Judée Samarie. . Mais le New York Times a la mémoire courte et sélective...


Ce Mahmoud Abbas dit avoir souhaité


Quant à la situation actuelle, Mahmoud Abbas espérait, nous dit le quotidien, que « l’administration Obama imposerait une solution qui, imaginait-il, pousserait Israël à céder plus de terres que ne le souhaitait le gouvernement Netanyahou. » Affirmation qui étonne car il n’y a pas eu de prise de position officielle et définitive d’Israël quant à l’étendue de ces cessions de terre, celles-ci devant faire l’objet de négociations directes.

Et s’il n’a accepté ces négociations directes, c’est qu’il est « trop faible » pour continuer à s’y opposer. Ce qui est vrai. Et c’est donc tout ce qui est malgré tout évoqué concernant la partie palestinienne, même partiellement, qui augurerait mal de l’issue de ces négociations et non pas l’attitude du gouvernement Netanyahou...


Propositions israéliennes antérieures présentées prudemment ici comme « un point de vue israélien »

S’il fait l’impasse sur tous le retraits israéliens le New York Times ne peut éviter de rappeler un certain nombre d’offres israéliennes, refusées par la partie palestinienne. Mais cela est présenté comme étant « un élément sur lequel on se polarise du point de vue israélien  »...Éléments de taille néanmoins...

Ainsi, alors qu’il était Premier ministre, Ehud Barak – aujourd’hui ministre de la Défense en contact permanent avec, entre autres, son homologue américain - avait fait à Yasser Arafat à Camp David en 2000 une offre « considérée comme généreuse » par les Israéliens. La réponse avait été « un soulèvement palestinien qui se solda par du sang dans les rues. » - manière très alambiquée de ne pas dire les choses telles qu’elles ont été : une vague d’attentats terroristes palestiniens qui fit de très nombreuses victimes civiles israéliennes Intifada soutenue par l’un des « témoins » palestiniens cités par le quotidien...

Rappel également de l’offre « d’encore plus  » faite par Ehud Olmert, alors Premier ministre, « il y a moins de deux ans » Offres restées lettres mortes, on le sait.

On entendra à coup sûr décliner tous ces arguments anti-israéliens à profusion dans les semaines, voire les mois à venir, ce qui rend cette analyse du New York Times exemplaire.

Les exigences palestiniennes sont formulées

Dans son courrier au « Président américain Barack Obama, au Président russe, Dimitri Medvedev, au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et au chef de la diplomatie de l’Union Européenne Catherine Ashton » ne parle pas que des implantations. Mais il formule ses exigences : « le chemin le plus court pour la paix est la fin de l’occupation israélienne des terres occupées en 1967, Jérusalem-Est y compris, le Plateau du Golan, et les territoires libanais ainsi que l’établissement d’un État palestinien indépendant qui existera ’en paix et dans la sécurité près de l’État d’Israël’. »

L’Autorité palestinienne respectera, selon lui, « les résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, l’accord de la Feuille de Route, l’initiative de paix arabe, la Conférence de Madrid, et le programme de négociations directes comprenant les questions de Jérusalem, les frontières, les implantations, les réfugiés, la sécurité, l’eau et les prisonniers. »



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