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La poudrière libanaise
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 5 août 2010

L’incident sanglant ayant coûté la vie, à la frontière, à un officier supérieur de Tsahal, délibérément visé par l’armée libanaise, illustre si besoin était le danger que présente la carence du pouvoir politique officiel libanais, que nous avons, ici-même, relevé, à plusieurs reprises. Loin de nous l’idée de critiquer la modération de la réaction israélienne à la suite de cet incident, mais il nous semble que, bien que le ministre de la défense israélien Ehoud Barak l’ait qualifié d’ « incident local », dans lequel ne seraient impliqués ni l’Etat-major de l’armée libanaise, ni le Hezbollah, la situation continue à échapper au gouvernement libanais, ce qui n’est pas sans danger.

Jusqu’à une date relativement récente, le gouvernement libanais multipliait, en effet, les arguties pour retarder le moment où il exercerait effectivement son autorité sur le sud du territoire libanais.

Longtemps fief de l’OLP, le sud-Liban était tombé sous la coupe du Hezbollah d’où la guerre de l’été 2006, qui, finalement, n’avait rien réglé du tout.

Car, les Nations Unies, par la résolution 1701 du Conseil de sécurité avaient, certes, renforcé la force d’interposition (FINUL) en réaffirmant, une fois de plus, le souci de voir démilitarisées les milices non gouvernementales (le Hezbollah sans le nommer), mais sans pour autant donner aux « casques bleus » les moyens d’y procéder.

De telle sorte que depuis 4 ans, au vu et au su de la FINUL, le Hezbollah a reconstitué son potentiel militaire.

Car s’il est vrai que l’armée libanaise est actuellement présente dans le sud du territoire, elle ne fait rien pour contrôler le Hezbollah, bien au contraire

Ainsi, avant même l’accrochage de mardi dernier, des indices témoignaient du maintien de l’emprise du Hezbollah sur cette zone, ainsi en est-il des manifestations de villageois libanais contre des manœuvres normales de la FINUL, ce qui ne s’était jamais vu dans le passé.

Bien évidemment, le Hezbollah ne pouvait être qu’à l’origine de ces manifestations.

De même, on a du mal à croire que l’incident du 3 août ait pu être fortuit, alors que parmi les victimes libanaises de la réaction de légitime défense de Tsahal, il y a eu un journaliste, qui accompagnait un détachement de l’armée libanaise.

On a du mal à imaginer que celui-ci se trouvait là par hasard ou simplement pour constater les travaux d’entretien et de routine auxquels procédait Tsahal, le long de la « Ligne bleue », mais en territoire israélien, travaux dont Israël avait, d’ailleurs, informé la FINUL …

D’ailleurs, il est symptomatique que les tirs libanais n’ont pas été dirigés contre les militaires israéliens, qui procédaient à ces travaux, mais contre le poste de commandement, qui se trouvait, à proximité, d’où l’agression dont a été victime un lieutenant-colonel israélien, son adjoint étant lui-même grièvement atteint.

Ces événements doivent également être rapprochés du forcing auquel procède le Hezbollah en vue d’entraver la procédure engagée devant le Tribunal spécial pour le Liban, mis en place par l’ONU, en vue d’établir l’identité des responsables de l’attentat dont, fut victime, il y a quelques années, le Président du conseil libanais Rafic Hariri.

Alors qu’il est évident –même si la preuve soit difficile à apporter – que la Syrie est impliquée dans cet assassinat, cette implication ne pouvait être qu’indirecte, d’où la grande probabilité que le Hezbollah ait pu servir d’exécutant.

Et « protestant » en quelque sorte de son « innocence », le Hezbollah met en garde le Tribunal contre les résultats auxquels il risquerait d’aboutir, en mettant au jour la responsabilité de ce mouvement.

Et le ridicule ne tuant pas, Nasrallah, le chef du Hezbollah, n’hésite pas à mettre en cause Israël dans la mort de Rafic Hariri et ne trouve rien de mieux à avancer comme preuve de cette assertion qu’une confidence que lui aurait faite l’actuel chef du gouvernement libanais, Saad Hariri.

Comme si le fils de la victime n’aurait pas pu lancer lui-même cette accusation.

Pourtant, Saad Hariri n’en est pas, lui non plus, à une contre-vérité près, puisqu’il s’est empressé de dénoncer l’agression dont aurait été victime son pays et de porter plainte devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Celui-ci pouvait d’autant moins tomber dans le panneau qu’un communiqué de la FINUL – alors qu’officiellement une enquête suivait son cours – faisait d’ores et déjà apparaître que l’ « arbre de la discorde » (que les Israéliens voulaient élaguer en vue d’améliorer leur visibilité à cet endroit de la frontière), était bien situé en territoire israélien et non en territoire libanais.

Malheureusement, une fois encore, les instances de l’ONU ont préféré renvoyer les adversaires dos à dos en les appelant à la retenue, alors qu’il est évident que le responsable de l’incident était le gouvernement libanais et qu’Israël ne pouvait pas - au risque d’encourager la répétition de tels actes – rester sans riposter, même modérément.

Alors que les milieux arabes aboyaient avec la meute, les gouvernements occidentaux faisaient preuve de la même lâcheté en ne condamnant pas le gouvernement libanais et estimaient devoir faire appel au sens des responsabilités des deux parties.

C’est tellement plus facile de ne pas condamner le responsable, même lorsqu’il n’y a aucun doute.

Et pourtant ces mêmes milieux, y compris, l’Union européenne, ce nain aux 27 têtes (mais sans cerveau) ne manquent jamais une occasion de morigéner Israël seul, trouvant, toujours, au moins, le prétexte d’une « disproportion » dans la riposte…..

Bref, même si cela n’est pas « politiquement correct », nous pensons qu’une fois de plus la responsabilité de la tension au Proche-Orient repose en grande partie sur le gouvernement libanais, qui n’assume pas ses responsabilités.

Malgré les dénégations officielles, le Hezbollah, téléguidé par l’Iran et la Syrie, poursuit son « phagocytage » de l’Etat libanais.

Et la société internationale, plus précisément, l’ONU refuse toujours de se doter des moyens de faire disparaître la menace que constitue pour la paix et la sécurité internationales le Hezbollah.

La durée n’étant pas une preuve de réussite dans la société internationale, nous persistons à penser que la FINUL, présente, sur le terrain, depuis 1978, ne sert pratiquement à rien et même est de nature à empêcher Israël de procéder à des opérations de légitime défense efficaces.

62 ans après son indépendance, Israël ne peut toujours compter que sur lui-même, mais cela ne le dispense pas d’avoir conscience des limites de ses pouvoirs, au moment où se pose l’échéance du moratoire relatif aux constructions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.



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