Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Le mythe de ‘l’isolement’ de l’Iran
Par Charles Krauthammer - washingtonpost | Adaptation française de Sentinelle 5770 ©
Article mis en ligne le 12 juin 2010

En annonçant l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité imposant des sanctions à l’Iran, le président Obama a souligné non pas une fois mais à deux reprises « l’isolement » croissant de l’Iran dans le monde. Cette déclaration n’est pas surprenante si l’on considère qu’après 16 mois de politique de la « main tendue », en réponse à quoi l’Iran a accéléré son programme nucléaire – plus de centrifugeuses, plus de sites d’enrichissement, des taux d’enrichissement supérieurs – « l’isolement » de l’Iran est à peu près le seul résultat dont le gouvernement Obama peut finalement se réclamer de façon plausible.

« L’isolement » peut avoir échoué à déjouer les ambitions nucléaires de l’Iran, mais il jouit d’une répétition incessante du gouvernement américain. Par exemple, dans son discours sur l’état de l’Union, le président Obama a déclaré que « la République islamique d’Iran est plus isolée ». Deux mois plus tard, le vice-président Biden a affirmé que « depuis que notre gouvernement est arrivé au pouvoir, je veux souligner que l’Iran est plus isolé – à l’intérieur et à l’extérieur – dispose de moins d’amis dans le monde ». Lors de la signature du traité START en avril, Obama a déclaré : « Les nations qui refusent de se soumettre à leurs obligations [au traité de Non Prolifération, c.a.d. l’Iran] seront isolées ».

Vraiment ? Mardi, un jour avant que le président n’ait vanté l’adoption d’une résolution de l’ONU exceptionnellement faible et déclaré l’Iran encore plus isolé, les dirigeants de la Russie, de la Turquie et de l’Iran se sont réunis pour un sommet de sécurité à Istanbul « dans une démonstration de puissance régionale calculée pour tester les Etats-Unis », comme l’a dit le New York Times. J’ajouterais : et calculée pour démontrer la profondeur du vide des prétentions américaines sur l’isolement de l’Iran, afficher les liens croissants de l’Iran avec la Russie et la quasi alliance avec la Turquie, pas moins que membre de l’OTAN.

En dehors du fait que l’isolement est à peine une fin en soi et sans valeur si néanmoins, l’Iran se rue la tête la première pour devenir une puissance nucléaire, la prétention même de l’isolement croissant de l’Iran est de moins en moins plausible. Il y a juste un mois, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a accueilli pour une fête énamourée et ostentatoire à Téhéran les dirigeants de Turquie et du Brésil. Ces trois là ont levé les bras ensemble et annoncé l’accord sur le transfert d’uranium, conçu pour torpiller les tentatives des USA pour imposer des sanctions de l’ONU.

Il y a six semaines, l’Iran a été élu à la Commission de l’ONU sur le statut des femmes, choix grotesque qui se rit de la tentative d’Obama d’isoler et délégitimer l’Iran dans ces institutions internationales qu’il chérit.

Isolement croissant ? L’an passé seulement, Ahmadinejad a été accueilli à Kaboul, Istanbul, Copenhague, Caracas, Brasilia, La Paz, au Sénégal, en Gambie et en Ouganda. Aujourd’hui, il est en Chine.

Trois résolutions de sanctions contre l’Iran ont été adoptées au cours des années Bush. Elles ont toutes été adoptées sans un seul vote « Non ». Mais après 16 mois de rude labeur pour accoucher d’une souris, Obama a recueilli 12 votes pour ses tristes sanctions, avec l’abstention du Liban et le vote négatif de la Turquie et du Brésil.

Depuis le début, la stratégie d’Obama envers l’Iran et d’autres Etats voyous a été d’offrir de la bonne volonté et des concessions en préjugeant que cela conduirait à l’un de ces deux résultats : (a) un changement de stratégie politique de l’autre bord, ou (b) sinon, le monde isolerait l’Etat transgresseur et se rassemblerait autour de nous – après que nous aurons démontré nos dernières bonnes intentions.

Depuis, près d’un an et demi après des ouvertures de paix, de négociation, de concessions, deux nouveaux messages de Nouvel An au Peuple iranien, un peu d’auto flagellation sur la participation des USA au coup d’Etat de 1953 et un silence scandaleux quand la stabilité même du régime était menacée par des manifestants pacifiques. 

Réponse de l’Iran ? Défi, mépris et accélération de son programme nucléaire.

Et la réponse du monde ? S’est-il rassemblé derrière nous ? Les Russes et les Chinois ont furieusement marchandé et avec succès pour vider [d’effets] la résolution de sanctions. La Turquie choisit ouvertement le parti du « cheval puissant » de la région – l’Iran et ses vassaux (Syrie, Hezbollah, Hamas) – alors qu’elle observe les Etats-Unis s’agiter en essayant l’apaisement avec la Syrie et le compromis avec l’Iran, tout en faisant pression sur Israël, en négligeant le Liban et en abaissant sa puissance dans la région.

Pour ne rien dire du Brésil. Et toi, Lula ?

Cela se produit après 16 mois de cour assidue envers ces puissances avec un geste de conciliation après l’autre : « Remise à plat » des relations avec la Russie, courbettes devant la Chine, gâchis d’une visite de deux jours en Turquie résumée par un discours devant la parlement turc à Ankara, et élévation du Brésil en supplantant le G-8 par le G – 20. Tout cela a été interprété comme de la faiblesse américaine, une preuve qu’Obama peut être roulé.

Le résultat est succinctement, même si c’est discrètement, saisi dans le titre du ‘Washington Post’ de mercredi : « L’alliance des USA contre l’Iran montre de nouveaux signes de vulnérabilité ».

Vous croyez ?


http://www.washingtonpost.com/wp-dy...



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH