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Selon le journal Haaretz, Ariel Sharon effectue pour le camp de la Paix ce que ni le Parti Travailliste, ni Shimon Peres, ni Yossi Beilin sont parvenus à faire
Par Alain Rajchman
Article mis en ligne le 1er juin 2004

Le coup de chapeau du journal de gauche Haaretz au Premier Ministre Ariel Sharon pourrait être annonciateur d’une recomposition du paysage politique israélien. Désormais, le clivage sur les nécessaires « concessions difficiles », qu’appelle de ses vœux Ariel Sharon, affecte toute la société, y compris le Likoud.

Les difficultés que rencontre Ariel Sharon a faire accepter au sein de son parti le plan de désengagement auraient, selon Haaretz, permis de faire tomber les masques. La marche forcée que le Premier Ministre a entreprise, en recueillant à l’arraché un avis positif du Président Bush sur le Plan de désengagement et la tentative de faire ignorer par les ministres Likoud de son gouvernement les résultats du référendum rejetant son plan, n’est certes pas un modèle de gouvernement, mais auront eu le mérite de clarifier les positions. Ce point est important, mais il est dommage que le journal israélien n’aille pas au bout de la stratégie que met en œuvre Ariel Sharon.

Dans un élan gaullien, Ariel Sharon, qui a une profonde conscience que la raison d’Etat exige aujourd’hui la prise en compte du fait palestinien, montre qu’il aura tenté d’emporter la décision même au prix d’une fracture politique dans son propre camp, voire d’un éclatement du Likoud. En obligeant, au sein de son camp, les adversaires au plan de désengagement à se découvrir, Ariel Sharon établit que l’appui qu’il peut recevoir du seul Likoud pour avancer est bien trop faible. Ainsi, Ariel Sharon se place au-dessus de son propre parti, et des partis en général, pour amener Israël à l’heure de vérité sur un désengagement devant conduire à la paix. Parallèlement, Ariel Sharon veut amener les Palestiniens à la même heure de vérité.

La stratégie d’Ariel Sharon est en effet de parvenir à cette double clarification. Il fait d’abord le ménage chez lui en redessinant le paysage politique israélien entre partisans de ceux qui pensent qu’il y aura une Paix avec tous les territoires et ceux qui pensent, comme lui, que la Paix passe par des concessions territoriales. Cette clarification, dont l’épicentre est le Likoud, est entrain de se réaliser. Ensuite, Ariel Sharon va pousser les Palestiniens à se déterminer selon le projet qu’ils veulent poursuivre. S’ils acceptent le désengagement de territoires, effectué avec douleur par Israël, pour amorcer la création d’un Etat, ils montreront au monde que leur vrai projet n’est pas celui de nier et d’anéantir l’existence d’Israël, mais de construire un pays. La démarche d’Israël, d’abord unilatérale, pourra ultérieurement se prolonger de négociations bilatérales plus avancées et de prometteuses collaborations entre les deux pays.

Dans le cas où les Palestiniens refuseraient l’idée d’un partage et surtout d’un partage négocié, celui-ci restera unilatéral. Le désengagement se fera sur les bases du plan d’Ariel Sharon assorti d’une barrière de sécurité renforcée. Une administration d’une entité nationale palestinienne autonome devra prendre en main son destin, mais sans lien aucun avec Israël.

Cette double heure de vérité, souhaitée par Ariel Sharon pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, représente certainement l’une des meilleures chances de remettre en question les arrières-pensées qui entravent dans les deux camps la marche vers la Paix.



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