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Le directeur du journal du parti syrien au pouvoir attaque les partisans du libéralisme
MEMRI
Article mis en ligne le 22 mai 2004

Fin avril 2004, l’hôtel Al-Sham de Damas a abrité un symposium sur « le dialogue des médias », organisé par le Service mondial de la BBC sous les auspices du ministre syrien de l’Information. Parmi les participants se trouvaient des journalistes et des intellectuels syriens, dont certains sont partisans d’une société civile. Le symposium a évoqué la situation des médias en Syrie.

Après le symposium, Mahdi Dakhlallah, rédacteur en chef du quotidien Al-Baath , affilié au parti syrien au pouvoir , a publié un article (le 4 mai 2004) accusant les partisans du mouvement de la société civile en Syrie de « romantisme, démagogie et opportunisme ». (1)

L’article de Dakhlallah a suscité un vif intérêt en Syrie, particulièrement après la propagation de rumeurs faisant état d’une liste d’intellectuels et de partisans des droits de l’Homme devant être arrêtés. Quelques semaines avant le symposium, l’avocat Aktham Naaissa, président du comité pour la défense des droits de l’Homme en Syrie , avait été arrêté, tandis qu’un certain nombre de journalistes ont fait l’objet d’une enquête. Voici des extraits de l’article de Dakhlallah :


Les « chevaliers du libéralisme » planent dans le vide absolu

" Au cours des années 1950, 60 et 70, les nationalistes arabes, la gauche, les progressistes et les révolutionnaires sont allés trop loin avec tous leurs slogans et clichés politiques et de propagande, croyant en l’absolue justesse de ces derniers et estimant qu’ainsi, ils mobiliseraient le peuple vers des objectifs supérieurs. A certains moments, ils frôlaient le romantisme, et à d’autres moments la démagogie, sans jamais servir cet objectif de quelque façon que ce soit.

Ces vingt dernières années, ils ont atterri avec leurs discours sur le dur terrain de la réalité, admettant que les choses ne sont pas si simples et qu’il existe une autre opinion qu’ils doivent apprendre à connaître et accepter, au moyen du libre dialogue qui leur permettra de trouver un terrain d’entente avec leurs interlocuteurs.

Parallèlement, nous voyons depuis peu les partisans du libéralisme, ancien ou nouveau, évoluer dans un ciel de slogans, dans l’espace vide. Ils échangent la réalité contre les slogans, les préoccupations de l’existence contre des paroles vides de sens, employant les expressions toutes faites qu’ils ont apprises par cœur, sans les analyser ni en vérifier le contenu.

Ces « chevaliers du libéralisme » planent dans le vide absolu, loin du terrain ardu de la réalité où vivent les vrais êtres humains, ceux qui ont des besoins spécifiques de développement et des droits humains concrets. Ces derniers sont des êtres de chair et de sang, pourvus de noms et de prénoms, de sources de revenus variées ; ils sont conscients de leurs droits fondamentaux à l’éducation, au travail, à l’eau pour irriguer leur terre assoiffée. Ces êtres ne peuvent en aucun cas être remplacées par les entités abstraites qui n’existent que dans les généralisations et les pensées irréalistes. « Les partisans du libéralisme finissent au service de la pensée exclusive [islamiste] » Comme tous les marchands de slogans, les partisans du libéralisme se retrouvent fréquemment - quand ils sont sincères et bien intentionnés - pris dans un monde romantique. Mais si ce sont des opportunistes mal intentionnés, ils finissent par servir une pensée nuisible, extrémiste et exclusive.

Pourquoi s’agit-il d’opportunistes ? Parce que l’extrémisme et cet esprit exclusif sont maintenant vendus comme faisant partie de l’époque et de la ’civilisation’. Quiconque ne suit pas la cadence est considéré comme en marge de la civilisation actuelle. Cette façon de penser divise les gens et les pays en deux catégories : d’un côté [tout est] blanc, de l’autre [tout est] noir ; d’un côtés les bons, de l’autre les mauvais ; d’un côté ceux qui obéissent, de l’autre les apostats. On emploie un vocabulaire théologique pour désigner les ’apostats’, ceux qui sont ’à la traîne’, les ’tyrans’ (…)

Pourquoi s’agit-il d’opportunistes ? Parce qu’ils sont attirés par l’ ’opportunité’ [du profit] qu’ils se sont hâtés de saisir, afin de bénéficier des ’trésors’ du moment présent - si ce n’est au plan matériel, alors du moins au plan idéologique.

On se sert d’eux contre leur patrie et leurs familles. S’ils réussissent, c’est la catastrophe. Dans le cas contraire, la catastrophe est pire encore, car alors ils auront vendu leurs ’articles’ à bas prix. « Le peuple syrien sera toujours favorable au développement de la démocratie et contre le libéralisme trompeur des slogans » Ils [les propagandistes du libéralisme] sont ivres de joie quand ils s’aperçoivent que les portes des clubs de plusieurs capitales [du monde] leur sont ouvertes et qu’il reçoivent une pluie d’invitations. Ils sont heureux de ce que le monde civilisé ait dernièrement découvert leur génie, sans se demander pourquoi ce n’est que maintenant que ces cercles s’y intéressent.

L’enthousiasme des auditeurs et l’intérêt des journalistes leur font penser qu’ils sont les seuls élus, parmi 20 millions de [Syriens] ignorants qualifiés par l’un d’entre eux - devant les journalistes étrangers - de tas de lâches qui s’approprient leurs frères, leurs mères, leurs pères, leurs femmes et leurs fils.

Ce sont slogan sur slogan, des mots et encore des mots (…) qui nuisent à la population et à la société et qui, parallèlement, représentent un important gain politique pour ces cercles dont le but est d’affaiblir le rôle régional de la Syrie et de l’enfermer dans la petite bouteille d’où le peuple [syrien] essaie de s’extraire au prix de tant d’efforts, efforts qui ne cessent de croître malgré les embûches et les crises qu’il doit affronter.

Le plus important est que ces [Syriens] reconnaissent la nécessité de renforcer les libertés et de développer une démocratie basée sur des progrès importants dont nous avons un besoin urgent.

Nous ne devrions pas oublier que le monde est témoin des conflits idéologiques sérieux qui opposent les propagandistes de la démocratie [en référence à l’auteur de l’article et à ses collègues] et ceux du libéralisme, ancien et nouveau. Le peuple [syrien] se tiendra toujours du côté du développement et de la démocratie, et contre le libéralisme mensonger des slogans. "

(1) Al-Baath (Syrie), le 4 mai 2004

L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

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