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Nouvelle série de sanctions contre la Syrie
Par Michaël Béhé à Beyrouth © Metula News Agency
Article mis en ligne le 12 mai 2004

Jean-Pierre Perrin et Libération sont de sacrés boute-en-train, à tout le moins ont-ils de notre métier d’informateurs une perception fort différente de la nôtre.

Ce matin, ils font un compte-rendu surprenant du nouveau train de mesures imposées hier par le Président Bush à la dictature de la népotie assadienne. Figurez-vous qu’alors que le communiqué de la Maison Blanche est on ne peut plus clair quant à la logique des sanctions imposées par Washington : « Avec l’application de ces sanctions, le président (Bush) démontre la détermination des États-Unis à répondre au soutien apporté par le gouvernement syrien aux groupes terroristes, au maintien de sa présence militaire au Liban, à ses efforts pour acquérir des armes de destruction massive et à ses actions pour saper les efforts américains et internationaux pour stabiliser et reconstruire l’Irak », nos confrères ont - qu’ils sont étourdis ! - oublié de mentionner l’occupation militaire syrienne du Liban. Dans l’article de Perrin « La Maison Blanche impose des sanctions à la Syrie » [lire], toute mention du maintien de la présence syrienne au Liban en tant que cause principale de ces sanctions a prodigieusement disparu.

C’est soit que notre ami considère que l’occupation d’un Etat démocratique par une dictature n’est pas suffisamment préoccupante pour qu’on doive en parler, soit que Perrin a acquis un passe-droit exceptionnel lui permettant de modifier le contenu des décisions présidentielles américaines, soit, mais cela nous n’osons même pas l’imaginer, que ce collègue et sa rédaction seraient à ce point sympathisants de la République de Béchar al-Assad qu’ils ont pris l’initiative de modifier le récit de l’événement factuel afin de réduire, aux yeux de leurs lecteurs, la légitimité voire l’urgence des sanctions étasuniennes.

Suit une supputation conditionnelle parfaitement ahurissante de ce journaliste, qui écrit : « Elles autoriseraient la Maison Blanche à geler les avoirs syriens aux Etats-Unis et pourraient endommager le système bancaire de Damas. Elles comprendraient des restrictions sur les exportations mais l’on ignore encore si les investissements américains seront touchés. La loi prévoirait également l’interdiction d’exportations de produits de haute technologie en principe destinés à un usage civil mais pouvant trouver une utilisation militaire » quant bien même ces précautions sémantiques non pas lieu d’être.

Parce que non seulement la loi du « Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act of 2003 » [lire] (La loi sur la responsabilité syrienne et sur la restauration de la souveraineté libanaise) - mentionner son titre, c’aurait déjà été permettre à tes lecteurs d’en comprendre le sujet, n’est-ce pas Perrin ? - est-elle très bien circonstanciée en termes de l’application des principes de législation internationale, encore ne contient-elle nulle part la forme conditionnelle qui s’est furtivement emparée de l’article de Libé.

A s’en tenir au communiqué de la Maison Blanche, et c’est toujours préférable, surtout lorsque l’on prétend en parler, c’est le conditionnel qui éclate et ça en devient immédiatement beaucoup plus compréhensible : « Les sanctions portent sur l’interdiction pour des avions possédés ou contrôlés par le gouvernement syrien de décoller des États-Unis ou d’atterrir sur le territoire américain. Elles bannissent les exportations de munitionset celles de tout produit depuis les États-Unis vers la Syrie à l’exception de la nourriture et de médicaments. Le département américain du Trésor va également geler les comptes de la Commercial Bank of Syria en raison d’opérations de blanchiment d’argent présumées ainsi que des avoirs appartenant à certaines personnes et entités gouvernementales syriennes ».

Après avoir évacué les charabias hypocrites, je note encore que el-compadre n’est pas vraiment à jour quant à sa propre compréhension de la chronologie des événements et de la dynamique de la loi en question. La loi sur la responsabilité syrienne et sur la restauration de la souveraineté libanaise a bien été adoptée par le Congrès le 11 novembre dernier, mais elle a été ratifiée par le Président Bush le 12 décembre suivant - et non pas hier, espèce d’Enderlin va ! Hier, le Président U.S a imposé une partie des mesures provisionnées par la loi, celles qui figurent dans le communiqué et il les a mis en exécution. Toi comprendre Perrin ?

De plus, la Maison Blanche a donné toutes les explications nécessaires afin de saisir pourquoi l’Administration a été contrainte d’appliquer ces sanctions. Pour des raisons qui nous échappent également, les lecteurs de Libé - comme d’ailleurs ceux de la plupart des medias nationaux français, dont nombreux ne mentionnent même pas la mise en place desdites sanctions - n’ont pas la possibilité de les connaître. Ceux de la Ména si : « L’application de ces sanctions survient après plusieurs mois d’efforts diplomatiques infructueux pour convaincre le gouvernement syrien de changer son comportement inacceptable », explique le communiqué. La Maison-Blanche accuse précisément « Damas de protéger des groupes terroristes palestiniens responsables d’attentats contre Israël et de faciliter les livraisons d’armes au Hezbollah ».

Libération (des dictateurs et des terroristes ?) ne mentionne même pas les mots « Hezbollah », « Palestiniens », « Attentats contre Israël ». C’est à croire que Jean-Pierre Perrin commente un autre événement…

Au sujet des armes de destruction massive, qui occupent une place de choix dans le communiqué, celui-ci mentionne que « la Syrie possède des capacités de développement d’armes chimiques parmi les plus avancées du monde arabe » et juge « hautement probable » que la Syrie continue de développer des armes offensives biologiques, dans le plus grand mépris des avertissements énoncés par la loi du 11 novembre. « La Syrie possède des stocks d’armes chimiques et des missiles balistiques à courte portée capables de les transporter. »

La Syrie est également accusée d’avoir envoyé du matériel militaire au régime de Saddam Hussein à la veille de l’offensive coalisée lancée en mars 2003.

La conclusion de l’article de Perrin est franchement hystérique. Il s’agirait pour l’Administration américaine d’allumer un contre-feu « qui détournerait l’attention de l’Irak, en particulier à un moment où Washington est pris dans le scandale de la torture des prisonniers irakiens ». A propos d’une loi hyper détaillée, votée le 11 novembre 2003 ? Ces Yankees ne sont décidément pas seulement des monstrueux démocrates, voyant le salut de la planète dans la démocratisation des régimes moyenâgeux et la libération des Etats qu’ils occupent, ce sont, de plus, des mages malfaisants, qui prévoient les contre-feux cinq mois à l’avance.

Nous aussi, à la Ména, nous devons être des mages bougrement malfaisants ou une officine de la CIA et du Mossad (comme on l’a entendu, sans rire, faute d’arguments d’ordre stratégique ou conjoncturel, de la bouche même de journalistes de Libé) puisque nous avions précisément annoncé la tournure que prendraient les relations entre les USA et la dictature alaouite depuis près de deux ans. On a aussi écrit quand, comment et pourquoi la dynastie des al-Assad allait s’éteindre. On persiste et on signe, mais aujourd’hui, ça n’est pas sorcier !



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