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Le débat musulman sur l’interdiction du port du voile
Par Aluma Dankowitz * - MEMRI
Article mis en ligne le 10 avril 2004

Le projet de loi interdisant le port de signes religieux ostensibles tels que le voile, la kippa ou les grandes croix dans les écoles publiques a été approuvé à une écrasante majorité à l’Assemblée nationale en février 2004, suscitant un débat passionné dans le monde musulman.

Pour les autorités françaises, le port de signes religieux ostensibles à l’école publique met au défi la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France, et aggrave les tensions parmi les différents groupes religieux du pays. Les élèves ont toutefois le droit de porter des signes religieux discrets tel que le croissant musulman, la croix ou l’étoile de David, s’ils sont de petite taille.

S’il est vrai que pour les dignitaires religieux musulmans, le port du voile [hijab] n’est pas un symbole religieux mais bien un devoir religieux, s’agissant des pays non-musulmans, ces derniers se sont montrés plus souples. Le cheikh de l’université Al-Azhar au Caire, Muhammad Sayyid Tantawi, principale autorité sunnite en Egypte, a déclaré que la France, en tant que pays souverain non-musulman, avait le droit d’interdire le voile, et que les musulmans devaient se conformer à la loi du pays. En revanche, le cheikh Youssef Al-Qaradawi, figure éminente des Frères musulmans, instance religieuse suprême pour la plupart des organisations et mouvements islamistes sunnites, et actuellement en tête la campagne contre l’interdiction du voile, estime que le droit d’un pays souverain à légiférer n’entre en ligne de compte que si les lois établies n’enfreignent pas les droits de l’homme ; c’est ainsi qu’il encourage les musulmans de France à contrer la loi.

Intellectuels et écrivains musulmans sont également impliqués dans le débat sur l’interdiction du voile en France : beaucoup estiment que le port du voile ne fait pas partie intégrante de l’islam, considérant la question de plusieurs points de vue.

A titre d’exemple, l’ancien rédacteur en chef du quotidien londonien en langue arabe Al-Sharq Al-Awsat , Abd El-Rahman Al-Rachid, affirme que l’enjeu de la controverse n’est pas le port du voile par les élèves mais la lutte de pouvoir entre les différentes forces islamiques. (1) L’auteur et journaliste iranien Amir Taheri, résidant à Paris, affirme pour sa part que le « faux hijab Islamique… représente une marque de soutien aux extrémistes qui souhaitent imposer leur foi, d’abord aux musulmans, puis au monde entier. » (2) Le célèbre auteur et poète syrien Ali Ahmad Sa’id, aussi connu sous le nom d’Adonis, perçoit le voile comme « dissimulant l’esprit, et non la tête ». (3)

Ce dossier résume et analyse les principaux aspects du débat arabe et musulman sur l’interdiction du port du voile en France. Il présente les arguments religieux, politiques, sociaux et culturels mis en avant ainsi que les différentes opinions sur la question telles qu’elles apparaissent dans les médias arabes. Pour consulter le dossier intégral en anglais, cliquer sur http://www.memri.org/bin/latestnews.cgi?ID=IA16904. En voici le sommaire :


Sommaire

I. Le débat religieux : le cheikh Muhammad Sayyid Tantawi face au cheikh Youssef Al-Qaradhawi

II. Opposition à l’opinion du cheikh d’Al-Azhar

III. Symbole religieux ou décret religieux ?

IV. Ingérence dans les affaires d’Etat ou défense des droits de l’homme ?

V. La campagne contre l’interdiction du voile
VI. Le débat laïc : considérations politiques, sociales et culturelles
1. Gamal Al-Bana : « Le voile est une tradition islamique »

2. Abd El-Rahman Al-Rachid : « L’enjeu de la controverse n’est pas le port du voile par les élèves mais la lutte de pouvoir entre les différentes forces islamiques. »

3. Abd El-Mun’im Sa’id : « Sauvez les musulmans de l’extrémisme qui sévit parmi eux »

4. Amir Taheri : Le voile, « un symbole d’idéologie totalitaire inspiré du nazisme et du communisme plus que de l’islam »

5. Le voile, un symbole de séparatisme social

6. Tarik Ramadan : « Les musulmans craignent une nouvelle forme d’islamophobie. »

7. Ali Ahmad Sa’id (Adonis) : « Dissimuler la tête ou l’esprit »

Conclusion

Le débat musulman sur la nouvelle loi française interdisant le port de symboles religieux ostensibles dans les écoles publiques révèle deux approches islamiques différentes du mode de vie musulman et de la pratique religieuse dans les pays non-musulmans. L’une d’elles est principalement le fait du cheikh de l’université Al-Azhar au Caire, Muhammad Sayyid Tantawi, qui a conseillé aux musulmans vivant en pays non-musulmans de respecter les lois de leurs pays de résidence. La deuxième approche, et aussi la plus populaire dans les milieux religieux, est celle du cheikh Youssef Al-Qaradhawi, qui incite les musulmans des pays non-musulmans à s’opposer à une telle législation via le système démocratique des pays occidentaux.

L’argument laïc considère l’impact politique, social et culturel, considérant le port du voile en pays occidentaux comme un outil politique des groupes extrémistes islamiques. Le port du voile est ici considéré comme un signe de refus d’intégration.

Les questions religieuses, politiques, sociales et culturelles soulevées par l’approbation de la loi préoccupent les pays européens ayant de grandes minorités musulmanes, comme la Grande Bretagne, l’Allemagne et la Belgique. La façon dont la question du voile sera réglée en France influencera assurément les autres pays européens dans leur attitude face à leurs minorités musulmanes, et réciproquement : elle influencera l’attitude des musulmans envers les sociétés européennes dont ils sont une composante. A plus grande échelle, le sujet aura probablement des conséquences sur les relations entre pays arabes et musulmans d’un côté et les gouvernements européens de l’autre.

*Aluma Dankowitz est directrice du projet de Reforme de MEMRI.

(1) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 20 janvier 2004

(2) New York Post, le 15 août 2003

(3) Al-Hayat (Londres), le 26 janvier 2003



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