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Le progressiste égyptien Abdel Munim Saïd : « Le Hezbollah a déclaré qu´il n’était pas un Etat dans l’Etat mais l’Etat libanais lui-même. » ; « c’est un avant-poste iranien sur le sol libanais. »
MemrI - Middle East Media Research Institute
Article mis en ligne le 3 juin 2009

Le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat publie, le 27 mai 2009, un article intitulé « Le [Liban] deviendra-t-il l´Etat de Hassan Nasrallah ? ». Son auteur, le progressiste égyptien Dr Abdel Munim Saïd, est directeur du Centre Al-Ahram d´études stratégiques. Il écrit que bien que Nasrallah ait réussi à créer un Etat dans l´Etat au Liban, il ne sera pas capable de gouverner le pays, car les guides révolutionnaires comme lui ou Yasser Arafat ne sont pas en mesure de gouverner un Etat. Extraits :

"Alors que le président Yasser Arafat devait retourner en Palestine pour assurer l’application de l’Accord Gaza-Jericho, première étape vers la création d’un Etat palestinien, nombreux sont ceux qui se sont demandés s’il serait capable de diriger un Etat et si l’OLP saurait devenir, du mouvement révolutionnaire en exile qu’il était, un parti politique dirigeant un peuple et administrant des institutions (...) C’était une question légitime, vu que la libération nationale des pays du Tiers monde ne s’est pas toujours déroulée de la plus louable des manières ; en fait, elle a connu plus d’échecs que de succès. Les grands combattants n’ont jamais fait les meilleurs gouvernants.

« Les Libanais se sentirent offensés, parce qu’ils ne s’étaient jamais rendus compte qu’ils vivaient sous colonialisme palestinien depuis qu’ils avaient épousé la cause palestinienne »

A l’époque toutefois, Arafat ne considérait pas cette question comme légitime. Sa réponse était que l’OLP avait réussi à gouverner tout un pays – le Liban – pendant plusieurs années, donc pourquoi ne pourrait-il pas aussi administrer Gaza et Jéricho, ou un Etat palestinien, quelle que fût sa taille ?

Cette réponse d’Arafat fut perçue comme frustrante par deux groupes de personnes : d’abord, par ceux qui en déduirent qu’Arafat ne savait pas ce que signifiait gouverner un Etat. Ensuite par les Libanais, qui se sentirent offensés, parce qu’ils ne s’étaient jamais rendus compte qu’ils vivaient sous colonialisme palestinien depuis qu’ils avaient épousé la cause palestinienne.

Dans tous les cas, il devint bientôt clair que M. Yasser Arafat n’avait pas la moindre idée de ce que signifiait un Etat ou gouverner un Etat. D’abord, il n’avait pas compris ce que tous les Etats comprennent au fil de leur histoire : il ne peut y avoir qu’une [seule] autorité habilitée à porter les armes (…) Le résultat a été une rapide prolifération de groupes palestiniens armés, dont de nombreux groupes de gauche et divers groupes islamistes. Même les forces armées du Fatah se sont scindées en plusieurs groupes. Chacun avait sa propre approche de la libération de la Palestine et de la défense de sa sécurité, et prenait ses propres décisions relatives à la guerre et à la paix, conformément aux [instructions de ses propres leaders] en [Palestine] et à l’étranger."

« Le trésor palestinien, qui se trouvait sous le contrôle d’Arafat, distribuait les fonds [internationaux] aux assistants et amis d’Arafat. »

En outre, avant même la création d’un Etat, Arafat [avait décidé de] dédommager les combattants [palestiniens] pour leurs longues années de combat en exil. Le trésor palestinien, qui se trouvait sous son contrôle, (…) distribuait les fonds [internationaux] aux assistants et amis d’Arafat. C’est ainsi que la « corruption palestinienne » est devenu l’un des fléaux de la cause palestinienne [et un souci pour] l’Union européenne, l’ONU, les pays octroyant une aide [aux Palestiniens], et même pour le Conseil américain des relations étrangères (…)

Cette politique d’Arafat a eu des conséquences désastreuses. Elle a donné à Israël l’occasion de dénoncer la lutte du peuple palestinien et de se dérober face à ses engagements, tandis que le peuple palestinien s’est trouvé confronté à des guerres répétées et à voir sa terre grignotée par les colonies…

[En 2006], le mouvement armé du Hamas, qui menait sa propre politique étrangère d’opposition, a remporté les élections du Conseil législatif et a pris la direction directe de [la politique étrangère palestinienne]. Quand, à l’instar de Yasser Arafat, il eut échoué à diriger [le pays], il n’eut d’autre choix que de se séparer de l’Etat [palestinien] qui n’a même pas encore été créé. Il a arraché la bande de Gaza à la Cisjordanie et s’est mis à diriger son propre gouvernement, ses propres guerres et sa propre résistance.

Ce qui m’a poussé à écrire cet article, ce sont les déclarations du cheikh Hassan Nasrallah, le 15 mai [2009], affirmant que le 7 mai était un jour de gloire dans l’histoire du Liban et que « les esprits, les âmes et la fermeté capables de vaincre l’armée la plus forte de la région [en référence à l’armée américaine] seraient capables de gouverner un pays cent fois plus grand que le Liban. »

« Le Hezbollah a déclaré qu’il n’était pas un Etat dans l’Etat mais l’Etat libanais lui-même. »

Pour ceux qui ne sont pas au courant, le 7 mai [2008] est le jour où les forces du Hezbollah sont entrées à Beyrouth dans une grande démonstration de force, attaquant les bureaux des partis [politiques], les stations de télévision, les journaux, déclarant haut et fort que le Hezbollah n’est pas un Etat dans l’Etat mais l’Etat libanais lui-même.

« Tout le Sud Liban et le sud de Beyrouth sont devenus le nouvel Etat du Hezbollah au Liban. »

Et le fait est que ce n’est pas loin d’être vrai (…) Le Hezbollah a en effet parcouru bien du chemin vers la prise de contrôle du Liban (…) En plus de ses armes, il a érigé ses propres dispositifs de renseignements, ses propres relations étrangères, et avec tout cela est venu le contrôle du territoire. Tout le Sud Liban et le sud de Beyrouth sont devenus le nouvel Etat du Hezbollah au Liban.

[Ce qui est arrivé au Liban] n’est pas très différent de ce qui est arrivé en Palestine. La différence est que le Hamas a fait ce qu’il a fait [prenant le contrôle de Gaza] avant même la création d’un Etat palestinien, tandis que le Hezbollah a fait ce qu’il a fait [prenant le contrôle du Liban], malgré l’existence d’un Etat [libanais], qui en conséquence a commencé à se désintégrer. Les groupuscules du Hezbollah ont commencé par prendre le contrôle de l’aéroport [de Beyrouth], y compris du département des passeports, afin d’obtenir les passeports et visas nécessaires à leurs opérations (…)

La majorité, au gouvernement libanais, a exigé qu’il soit mis un terme aux transgressions du Hezbollah dans l’aéroport, mais le résultat a été que le Hezbollah a occupé tout Beyrouth et qu’une atmosphère de guerre civile a envahi tout le pays. Vu que nul au Liban ne voulait revivre l’expérience des horreurs de la guerre [civile], ils se sont tous entendus, avec la médiation qatarie, pour accorder au Hezbollah le pouvoir de veto sur les décisions [gouvernementales] – désormais connu sous le nom de ’troisième encombrant’ –, qui permet au Hezbollah d’user son droit de veto contre toute décision [gouvernementale] qui ne lui plaît pas. (…)

Modèle « fasciste » des manifestations du Hezbollah  : « Ils applaudissent le cheikh Hassan Nasrallah, mais avant cela [ils applaudissent] l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la Révolution islamique d’Iran, et le Guide suprême iranien Ali Khamenei. »

Voilà comment l’Etat du Hezbollah est né au sein de l’Etat libanais. Il s’est [ensuite] avéré nécessaire de faire du jour de la prise de Beyrouth [le 7 mai] un jour de fête nationale marquant l’anniversaire de cet Etat. Ceux qui regardent la chaîne télévisée Al-Manar du Hezbollah ont pu constater quel type de célébrations le Hezbollah souhaite : des centaines de milliers de partisans du Hezbollah se réunissent, lèvent le poing devant les caméras et font des gestes à l’unisson – le type [d’attitude] que l’on rencontre dans les partis fascistes. Ils applaudissent le cheikh Hassan Nasrallah, mais avant cela [ils applaudissent] l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la Révolution islamique d’Iran et le Guide suprême iranien Ali Khamenei.

« C’est là un Etat [jouant le rôle d’] avant-poste iranien sur le sol libanais : Vous serez peut-être surpris de découvrir des images et des drapeaux de leaders iraniens et d’entendre ces dirigeants applaudis au cours d’une festivité purement libanaise »

Vous serez peut-être surpris de découvrir des images et des drapeaux de leaders iraniens et d’entendre ces dirigeants applaudis au cours d’une festivité purement libanaise, mais vous finirez par comprendre que c’est là un Etat [jouant le rôle d’] avant-poste iranien sur le sol libanais.

Des élections vont prochainement avoir lieu au Liban [le 7 juin], à l’ombre des armes du Hezbollah, sous la pression directe de ses milices et [institutions] politiques, et avec pour [devise] la résistance contre l’alliance américano-sioniste [anti-] libanaise…

[Le problème qui se pose actuellement est celui de] la capacité de Hassan Nasrallah à gouverner un Etat (…) [le style] de Hassan Nasrallah n’est pas très différent de celui de Yasser Arafat. [Les mouvements dont les membres] n’ont pas de volonté propre mais oeuvrent dans un esprit d’obéissance absolue, submergés par une adoration quasi-mystique pour leur dirigeant, ne peuvent diriger un Etat, sans même parler de le diriger vers le progrès et la prospérité.



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