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A trop vouloir la paix on prépare la guerre.
Marc Nacht © Primo
Article mis en ligne le 24 avril 2009

Trop vouloir la paix n’est pas reconnaissance de l’autre là où il est dans l’intrication de ses données culturelles, religieuses et géographiques mais identification projective de cet autre à soi-même comme représentant le modèle du bien. C’est sur cette illusion platonicienne d’un bien souverain où se dissoudraient les ombres de la caverne que se fonde l’espoir d’une indestructible union pour la paix universelle.

La Société des Nations (1919), dans l’espoir d’un « plus jamais ça » après la boucherie de 14-18, s’y est effondrée, accouchant à Munich de cet enfant mort-né de l’entente « pacifiante » avec le nazisme.

Se jurant de mieux faire après la seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations Unies (1945), se dotant de pouvoirs accrus, renouvelait le projet de feu la SDN.

Le chœur des Nations ne pourrait désormais manquer de voix face aux barbaries.

C’était sans compter sur la diversité des participants aux intérêts souvent opposés, aux cultures et aux pratiques politiques totalement hétérogènes qui, de 50 en 1945, se retrouvent aujourd’hui 192, l’essentiel des coûts de fonctionnement de l’énorme machine étant assuré par les puissances occidentales.

Aussi le « machin », comme le qualifiait De Gaulle, s’est-il vite montré aussi peu efficace que dispendieux tout en offrant une tribune sans cesse élargie aux pays les moins démocratiques, voire les plus dictatoriaux, comme aux Etats appelés « voyous ».

Le summum de l’effet pervers de cet universalisme d’intention est atteint par l’attribution des présidences et vice-présidences de la « Conférence contre le racisme, les discriminations et les persécutions », respectivement à la Lybie, à l’Iran et à Cuba.

En toute logique, c’était confier la chose à des connaisseurs, même si l’on peut déplorer l’absence de Tontons Macoutes à la tribune présidentielle.

Les vertueuses intentions de l’ONU, loin de garantir une paix véritable, ne font plus qu’abriter ce « choc des civilisations » (dont on peut se demander s’il n’est pas en train de se transformer en guerre contre l’Occident) dont Huntington - si honni d’avoir ainsi nommé le retour du refoulé - avait annoncé le risque.

Mais, nous objectera-t-on, il n’y a pas plus de « civilisations » qu’il n’existe de peuple juif, selon le pro-éminent « historien » Shlomo Sand, non licet donc !

Toujours est-il que l’on peut s’inquiéter du fait qu’une part majoritaire des 192 Etats membres de l’ONU ne partage pas exactement l’éthique des fondateurs et des bailleurs de fonds de cette institution.

Loin de là même si l’on prend comme symptôme l’actuelle « comédie », qui n’en est pas vraiment une, d’Ahmadinejad dont on met presque trop l’accent sur son antisémitisionisme, débile, soit dit en passant de la part d’un descendant, même lointain, du roi Darius.

Ce qui est vraiment alarmant dans le discours de ce personnage n’est, en effet, pas tant qu’il se livre à une « provocation insensée » selon Bernard-Henri Lévy, mais que cette « provocation », au sens étymologique de « donner voix », est au contraire lourde de sens.

Réduire cette dernière, comme le font certains commentateurs, à des raisons électorales n’ôte en rien la gravité de ce discours puisque, justement, ce serait celui qui séduirait tout à la fois les Iraniens et les autres peuples musulmans.

Il n’y a pas non plus lieu de se féliciter de voir la quasi totalité des représentants européens quitter la salle en guise de protestation - sous les huées - ce qui focalise la nocivité de cette conférence sur le seul Ahmadinejad et en fait le bouc émissaire (pardon Ahmadi !) d’une indignation alors qu’il s’agirait de manifester refus, colère et rupture d’avec le processus même engagé par une telle conférence et l’institution qui l’abrite.



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