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Discours de Richard Prasquier lors de la 24e soirée du CRIF
Article mis en ligne le 4 mars 2009

Ci-après l’intégralité du discours du président Richard Prasquier, lors du dîner annuel du CRIF, le 2 mars 2009. Voir aussi l’intégralité de la soirée sur Public Sénat,ici

Monsieur le Premier ministre,

Je vous remercie de venir prononcer le traditionnel discours du dîner du CRIF.

Nous renouons ainsi une longue tradition et nous connaissons aussi bien votre passion pour la République que l’attention précise que vous portez aux dossiers qui nous concernent.

Le Président nous a honorés, et nous en sommes touchés, de sa présence après son voyage à Charm el-Sheikh en faveur des populations palestiniennes. Il y a détaillé les conditions indispensables, notamment en ce qui concerne le Hamas, pour que des accords de paix puissent être envisagés. Cette paix, nous en rêvons tous. Et nous

sommes heureux que la voix de la France compte aujourd’hui plus que jamais au Proche Orient. J’espère aussi que cela permettra d’obtenir la libération de notre compatriote Gilad Shalit.

Je m’incline devant Cécile Vannier, la jeune fille de 17 ans, assassinée au Caire, aux obsèques de laquelle vous venez d’aller. Les mots sont de trop face à la douleur atroce de sa famille.

Et je m’incline aussi devant les victimes, toutes les victimes civiles du conflit israélo-palestinien, ceux et celles qui ont été tuées à Gaza lors de l’opération israélienne, comme celles et ceux, de Sderot ou d’ailleurs, tués par les tirs du Hamas lancés de Gaza vers Israël pendant plusieurs années.

A Toulouse, Benjamin et une dizaine de ses amis étudient le soir avec leur rabbin dans une synagogue, quand une camionnette incendiée est lancée sur le portail.

A Metz après un prêche à la mosquée, une centaine d’hommes surexcités se précipitent vers la synagogue et sont heureusement arrêtés par les forces de l’ordre.

A Fontenay sous Bois Michael se défend contre des voleurs qui s’en prennent à sa voiture. Ils voient son étoile de David. « Ah tu es Juif ! » Et Michael reçoit un coup de couteau au cou.

En janvier 2009, il y a eu trois cent cinquante deux actes antisémites de toutes sortes, à comparer à quatre cent soixante actes environ pour les années entières de 2007 ou 2008. Il y a eu ce mois-là 50 actions violentes caractérisées, contre une dizaine en moyenne mensuelle les années précédentes. Et sans la vigilance des forces de l’ordre, les conséquences auraient été encore bien plus graves.

Bientôt commencera le procès des assassins de Ilan Halimi. Nous serons tous derrière sa famille, mais je sais qu’il y a des désaxés et des haineux qui pensent que comme Juif, il méritait ce qui lui est arrivé...

Nous avons avec vous une profonde relation de confiance. C’est une alarme que je vous lance à contre-cÅ“ur, mais de façon solennelle : l’antisémitisme est de retour. Aujourd’hui beaucoup de Juifs en France ont peur. Mais notre inquiétude, qui, je le sais, est aussi la vôtre, c’est le désarroi pour la France et la peur pour la République où nous avons dans l’histoire souvent joué le rôle de vigie.

La crise et les rumeurs

La crise est omniprésente dans notre quotidien. Les Juifs en sont victimes comme les autres. Ils ont la même inquiétude pour leurs emplois, leur avenir et celui de leurs enfants. Comme chacun, nous savons qu’il faudra travailler plus, mieux et peut-être autrement, et surtout ne pas laisser les plus fragiles de nos concitoyens au bord de la route.

Nous savons que ces crises économiques sont un prétexte fertile pour l’antisémitisme. Très vite sont apparus ici et là, et plutôt moins en France qu’ailleurs des discours attribuant aux Juifs la responsabilité du krach immobilier, bancaire et boursier, des listes de Juifs dirigeant des entreprises publiques ou privées, des accusations de destruction du système économique, dans le plus pur esprit du protocole des Sages de Sion. L’affaire Madoff a amplifié ces calomnies.

Rien n’a servi de prouver que les Juifs ou les associations juives n’ont pas échappé à la crise. Il n’avait servi à rien de vérifier que les Juifs étaient aussi nombreux que les autres parmi les victimes des attentats du 11 septembre. La rumeur n’a que faire de la vérité. Plier des faits à une idéologie est une activité ancienne, mais aujourd’hui Internet apporte aux rumeurs une caisse de résonance terrifiante. L’antisémitisme s’y déploie sans mesure.

Il faut, c’est difficile, concilier les contraintes de la liberté, de la loi et de la morale sur Internet et son réseau mondial. Je sais, Monsieur le Premier ministre, que vous vous préoccupez particulièrement de ces problèmes. Nos demandes sont de créer un observatoire du racisme sur Internet, de renforcer les moyens de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de poursuivre systématiquement les hébergeurs de contenus antisémites.

L’intervention israélienne à Gaza et l’antisémitisme

Le 27 décembre 2008, le gouvernement israélien a lancé sur Gaza une opération pour faire cesser les tirs sur le sud du pays. Dès le lendemain commençaient des manifestations contre Israël. Chacun a ici en mémoire l’historique des événements. Mais le mois de janvier 2009 a vu dans notre pays, mais pas seulement dans notre pays, une explosion de haine d’une virulence alarmante.

Il y a ces violences caractérisées, la partie émergée de l’iceberg. Mais il y a aussi le reste, par exemple la haine contre les Juifs qui s’est déversée sur les sites des journaux qu’on a dû fermer. Je m’inquiétais l’an dernier de la propagation de cette sous-culture de stéréotypes antisémites : elle s’extériorise aujourd’hui. Hier confidentielle, elle s’est affichée en janvier sans complexe dans les rues de la République. Les manifestations prétendaient soutenir la population de Gaza contre les attaques d’Israël, contre qui aucun qualificatif n’a été épargné : génocidaire, nazi, honte de l’humanité.

Et il y a eu aussi ces cris de morts aux Juifs, cette insulte monstrueuse de l’étoile de David impunément identifiée sur les banderoles à la croix gammée, Il y a eu ces maquettes de fusées Qasam glorieusement transportées dans les rues de Paris par des militants cagoulés. Pour bien des organisateurs, nous l’avons compris, l’objectif réel était de glorifier le Hamas.

Nous sommes dans un pays libre : manifestations de soutien à la population palestinienne, manifestations d’hostilité à la politique israélienne, tout cela est normal. Mais comment admettre qu’on défile sous les drapeaux de ce mouvement architerroriste qu’est le Hamas avec des banderoles de haine et des slogans de mort ? Je comprends celui qui vient aider des populations en détresse et qui se laisse manipuler ; mais comment croire ces militants politiques aguerris de l’extrême gauche qui prétendent n’avoir rien vu et rien entendu de ces débordements ? Sur les photos on ne les voit pourtant pas fermer les yeux ou se boucher les oreilles !

Ils devraient pourtant l’avoir lue, la charte du Hamas, eux qui se veulent les militants de la paix. Article 7 : « Pour hâter la venue du Jugement Dernier, chaque musulman devra tuer son Juif (oui, son Juif, pas son israélien....). Et chaque arbre, sauf celui qu’on appelle l’arbre des Juifs, dira »musulman, il y a un Juif derrière moi, tue-le !"

Les mêmes jours de janvier 2009, par coïncidence, le Sri Lanka attaquait l’enclave des Tigres de l’Elam tamoul, ce mouvement terroriste qui dispute au Hamas le douteux privilège d’avoir inventé les attentats-suicides. Il y a de très nombreux morts dans la population civile. Où sont les manifestations pour les tamouls du Sri Lanka ? Où étaient les manifestants pour le Darfour ?

Cette semaine dans un grand magazine une photo prise dans une zone du Pakistan où la charia vient d’être instaurée montre un homme à terre. Il est boucher et a contrevenu à la viande hallal. Il sera fouetté jusqu’à ce que mort s’en suive. Messieurs les pourfendeurs d’Israël et les théoriciens de l’antisionisme, êtes-vous d’accord pour tuer cet homme, comme le sont à coup sûr beaucoup de vos voisins de manifestations ? Où sont vos pétitions et vos défilés ? Pourquoi votre indignation est-elle si sélective ?

Nous sommes aussi sensibles que d’autres aux victimes civiles palestiniennes de l’opération israélienne. Mais nous n’oublions pas les victimes du Hamas, qui sont aussi bien palestiniennes qu’israéliennes.

Les images que nous avons vues de Gaza ont été dures. Nous jugeons le monde au travers des écrans, dans une immédiateté qui soulève l’émotion mais embarrasse l’analyse et étouffe la réflexion. Nous avions mis en garde l’opinion contre les risques de manipulation des images dans laquelle le Hamas est expert. Je constate que le traitement du conflit a été en France globalement plus attentif et plus balancé. Certaines émissions satellitaires ont été épouvantables ; je remercie le CSA de sa vigilance, car les images sont dangereuses, elles peuvent tuer. En tout cas elles ne justifient jamais des violences contre les Juifs

L’antisionisme aujourd’hui

Certains osent suggérer ou même écrire que par leur attachement à Israël, les Juifs de France, et le CRIF en particulier, se rendent eux-mêmes responsables des débordements antisémites. Cette phraséologie fielleuse, nous l’avons connue dans notre histoire. « Ne soyez plus ceci ou cela, en gros ne soyez plus Juif, et il n’y aura plus d’hostilité contre vous...... »nous disait-on alors. Aujourd’hui on nous enjoint hypocritement : « Soyez contre Israël, sinon il sera normal que nous soyons, ou que les autres soient, antisémites. » C’est ainsi qu’Arthur, sous prétexte d’être juif et de soutenir Israël est interdit de spectacle par des manifestants extrémistes.

Antisionisme et antisémitisme, le débat est simple. Oui, dans le passé, l’antisionisme était une opinion. Mais l’antisionisme aujourd’hui, c’est le vecteur majeur de l’antisémitisme. Car il y a 60 ans la Communauté des Nations du monde a accepté l’Etat d’Israël comme elle l’a fait plus tard pour des dizaines d’autres Etats. Il a été créé en tant que l’Etat du peuple Juif avec une minorité arabe, comme bien d’autres Etats ont des minorités nationales.

Le peuple juif ? Oui, dans leur très longue histoire les Juifs se sont forgé une unité de religion, de culture et de destin telle que peu de peuples peuvent en revendiquer. Le lien à Sion, c’est-à-dire Jérusalem, a été un élément central et indestructible de leur tradition. Etre sioniste, c’est tout simplement vouloir l’existence, d’ailleurs légale, de l’Etat d’Israël. Aujourd’hui être antisioniste ce n’est pas s’opposer à un projet, mais vouloir l’éradication d’une réalité. Etre antisioniste aujourd’hui, vouloir la destruction d’Israël, c’est faire cause commune avec Ahmadinedjad.

On n’est pas communautariste parce qu’on est sioniste, et on n’est d’ailleurs pas forcément Juif parce qu’on est sioniste. Ce que nous réclamons, et qui est la moindre des choses, c’est le droit d’être sionistes sans être victimes de l’antisémitisme.

Le 4 janvier 2009, nous avons manifesté dans la dignité et le calme notre solidarité à l’égard de l’Etat d’Israël comme c’est notre droit de citoyens français. Nous n’avons pas manifesté contre les Palestiniens. Le Crif s’est exprimé en faveur d’un Etat palestinien viable et prospère, mais nous disons que ce ne pourra pas être un Etat dominé par le Hamas, mouvement totalitaire partisan de la démocratie d’un seul jour, le jour qui le conduit au pouvoir.

Vivre ensemble

Je récuse l’expression de violences interethniques trop complaisamment utilisée. Certes, toute agression contre un Juif n’est pas forcément une agression antisémite. Mais les faits sont têtus : au cours de ce mois de janvier 2009, en dehors d’un épisode mineur et discutable, que nous avons dénoncé, ce sont des Juifs et eux seuls qui ont été agressés ou insultés.

Nous ne voulons pas d’une France des tribus et les matchs intercommunautaires ne nous intéressent pas. Notre pays est divers : de la singularité juive, comme des autres singularités de destin et de culture qui le composent, il nous revient de faire un atout et non pas un obstacle. Gilles Bernheim, le nouveau grand Rabbin de France, parle de la fraternité des hommes, qui prend sa force dans la rencontre assumée de leurs différences. A nous aussi, responsables juifs, de donner l’exemple de l’ouverture en sincérité, en tranquillité et en lucidité et de rejeter les tentations stérilisantes du repli sur soi.

Nous rendons hommage aux forces de l’ordre et aux autorités publiques qui ont témoigné de l’importance qu’elles attachaient à la protection des Juifs. M’exprimant à l’étranger et notamment aux Etats-Unis, j’ai martelé cette évidence qu’il y a de l’antisémitisme en France, mais que la France n’est pas un pays antisémite : aujourd’hui enfin, ce message est entendu.

Mais voici des années que la France doit protéger les Juifs, des années que nous nous sommes habitués aux gardes et aux portiques de sécurité. Nous savons que nous en aurons besoin pendant longtemps et nous finissons par nous dire que cela est normal. Mais cela n’est pas normal. L’avenir de notre pays est de produire du sens et non pas des fourgons de police pour protéger des citoyens.

Je salue les représentants des différents groupes qui portent des mémoires ou des traditions particulières, religieuses, culturelles ou historiques. A nos amis musulmans qui seront les premières cibles de l’islamisme radical, je dis solennellement que c’est dans les moments difficiles, quand les événements semblent nous rouler vers des bords opposés que nous devons amplifier nos échanges et le faire savoir publiquement. Il faut résister aux slogans et aux pressions des extrémistes et des violents. Nous savons tous ici que notre combat est commun, c’est le combat de la fraternité, c’est le combat de la démocratie.

Nos rencontres doivent se placer sous l’égide de la loi et des valeurs de la République, dans le cadre d’un projet identitaire ouvert et respectueux, dont la laïcité est un fondement. Si cette règle du jeu est contournée, le tissu national continuera de se déliter.

C’est l’Etat qui doit donner les impulsions, qui pourront alors -mais alors seulement- être relayées efficacement par des initiatives citoyennes locales visant à promouvoir ce qu’on appelle le « vivre ensemble ». Le CRIF rencontrera les organisations syndicales ou associatives de notre pays. Nous rencontrerons les organisations politiques de tout l’axe républicain y compris ceux qui ne nous sont pas favorables. Nous allons clarifier nos positions et convaincre nos interlocuteurs que le combat contre l’antisémitisme est un combat d’aujourd’hui et que la haine des Juifs est un marqueur de la tribalisation de notre société.

Islamisme radical : le cas des Frères Musulmans

Le calendrier de la lutte contre l’antisémitisme ne doit pas être calqué sur le conflit israélo-palestinien. Ce n’est pas ce conflit qui a créé les mouvements islamistes radicaux. Ces mouvements le manipulent, car nommer un ennemi commun, le sioniste est un bon moyen de masquer les divergences. C’est ce que font l’Iran des mollahs, Al Qaida ou le Mouvement des Frères Musulmans. Une solution par compromis pacifique du conflit israélo-palestinien ne fera jamais leur affaire, car leurs objectifs sont ailleurs, vers la conquête du monde.

Lorsque l’islamisme radical prend la forme destructrice immédiate d’Al Qaida, nous savons à qui nous avons affaire. Mais lorsqu’il prend la forme plus insidieuse qui est celle des Frères Musulmans les démocrates sont moins bien armés. Les Frères Musulmans, dont la branche palestinienne s’appelle le Hamas, utilisent les espaces de nos sociétés ouvertes pour y acquérir leur légitimité ; et ensuite la revendication de leur propre code de valeurs, sous couvert de la liberté. Ce code est incompatible avec les règles de notre société, encore faut-il que notre société n’oublie pas ses règles.

Les Frères Musulmans utilisent un langage policé à l’extérieur, mais un langage de guerre sainte à usage interne : pour savoir leur projet, il n’y a qu’à lire la charte du Hamas, qui n’est au fond que leur branche palestinienne. C’est un discours sidérant de haine et de violence pas seulement envers Israël, pas seulement envers les Juifs, mais au sens large vers tous ceux qui sont appelés les Croisés....

Les causes profondes de l’explosion antisémite de janvier 2009, c’est là qu’il faut les chercher, dans la poursuite d’un projet politique dément envers lequel nous n’avons pas le droit d’être complaisants. Le fanatisme est d’autant plus dangereux qu’il s’affuble des oripeaux de la modernité.

La branche française des Frères Musulmans, c’est l’UOIF. Ils sont très largement intervenus en janvier. Ils ont publié des communiqués accusant les Israéliens de génocide sans précédent et de génocide programmé. Nous serions donc des complices des génocidaires. Il ne sera pas question pour nous de reprendre de dialogue tant que ces mots inadmissibles ne seront pas retirés. Nous n’abandonnerons jamais contre les assassins de la vérité.

Williamson

Un autre assassin de la vérité s’appelle Richard Williamson, négationniste invétéré, dont l’excommunication a été levée récemment levée à notre stupéfaction. Vous vous êtes clairement exprimé, , et je vous en remercie. Sur cette affaire je ferai trois remarques.

La première est que les Juifs ont été pourchassés puis exterminés pendant la Guerre parce qu’il y avait un certain nombre de criminels et beaucoup, beaucoup d’indifférents. La mémoire de la Shoah va, si nous ne prenons pas garde, s’effacer non pas à cause des négationnistes, mais à cause des indifférents, comme il y en a eu dans la Commission instruisant le dossier de M.Williamson. Les militants de la mémoire ont encore beaucoup de travail devant eux.....

La seconde est qu’il ne suffira pas d’un Williamson pour briser les liens établis aujourd’hui entre l’Eglise catholique et ses fidèles avec les Juifs, liens dont nous éprouvons en France la solidité particulière.

La troisième est que je suis heureux que la Loi Gayssot existe...

Le négationnisme n’est pas une opinion, c’est une abjection criminelle. Mais la mémoire de la Shoah est aussi un baromètre moral : y être indifférent, c’est négliger les notions de bien et de mal, admettre le négationnisme comme une opinion c’est pervertir les notions de vérité et de mensonge, faire l’amalgame entre l’extermination planifiée et des morts au cours d’une action militaire c’est asservir son esprit à la propagande, pour laquelle la conquête des mots précède celle des lieux et celle des hommes.

Genève - Durban

Il y a une ville où dans quelques semaines une autre forme de révisionnisme recherchera une victoire, c’est Genève où du 20 au 24 avril aura lieu la Conférence appelée Durban 2, organisée par le Conseil des Droits de l’Homme à l’ONU. Le nom de cet organisme est prestigieux, son histoire l’est moins, surtout si on pense à la tristement célèbre Conférence de Durban de septembre 2001. Celle-ci avec son Forum des ONG où les Juifs devaient physiquement fuir sous les insultes a laissé un souvenir poignant.

Le Président de la République avait énoncé l’an dernier les lignes rouges qui conditionnaient la participation de la France à cette Conférence.

On discute à Genève le texte du texte de la résolution finale. Les propositions actuelles maintiennent l’interdiction de diffamer des religions, ce qui est une menace majeure sur la liberté d’expression, elles focalisent ses critiques sur les sociétés libérales et leur soi-disant racisme, et bien entendu réservent à Israël la part essentielle de la mise au pilori.

Au cours de la réunion de la semaine derrière, les négociations ont bloqué sur l’essentiel, d’autant que l’Iran, a conduit le jeu. Pour cette raison, les Etats-Unis, qui pour la première fois ont participé à ce type de rencontre, viennent de faire savoir officiellement qu’ils n’iraient pas à Genève.

Cette décision est capitale :l’administration américaine, sous les ordres d’un nouveau Président dont l’élection est un magnifique symbole, a abordé Durban 2 d’un oeil neuf et sans préjugé, et a décidé que trop c’était trop....

Je vous conjure, ne faites pas de compromis sur les lignes rouges de Genève ; si le blocage est tel, ne laissez pas la France dans cette mascarade, ne laissez pas l’Iran, la Libye et Cuba définir ce que doivent être les Droits de l’Homme, ou plutôt laissez-les et allez vous-en, partez avec l’Europe, partez avec tous les pays où les mots de liberté, de démocratie et d’égalité entre les sexes ont encore un sens....

Ces pays sont peut-être aujourd’hui minoritaires dans le nombre des votes, et alors ? Ils sont majoritaires, j’en suis sûr, dans l’espoir des hommes. De cela vous êtes, nous sommes tous responsables. Et organisez avec ces pays qui ont Å“uvré pour réduire les plaies de notre société, une authentique Conférence sur les Droits de l’Homme, le racisme et l’antisémitisme.

L’Iran

Parlant de Durban 2 et de ses dérives, on retrouve le régime iranien.

Malgré l’effondrement de la ressource pétrolière, malgré le désastre économique, malgré le rejet par de larges portions de la société, malgré la misère généralisée, Ahmadinedjad et son groupe n’en démordent pas : leur priorité c’est la bombe nucléaire, la bombe qui assouvira leur fantasmes de puissance. Les échéances sont maintenant très proches. Nous savons l’implication de la France dans ce dossier de la nucléarisation de l’Iran, l’un des plus inquiétants du monde d’aujourd’hui. Financier du Hamas et de l’Hezbollah, négationniste, marchand d’armes, de haine et d’apocalypse, Ahmadinedjad ne doit pas maintenir sous la menace nucléaire un groupe de pays dépendant du rayon qui est croissant de ses fusées et qui est bien plus étendu que le seul Etat d’Israël.

Un nouveau gouvernement en Israël

Israël dans quelques jours aura un nouveau gouvernement. Il sera comme toujours issu d’élections démocratiques. Benjamin Netanyahou sera son probable Premier Ministre. Nous souhaitons que son mandat accroisse les espoirs des peuples imbriqués, israélien et palestinien, pour que leur cohabitation pacifique se développe sur des bases sincères et qu’ils oeuvrent en commun pour faire pièce aux prêcheurs de haine.

Conclusion : René Cassin

Monsieur le Premier ministre,

Je voudrais pour terminer parler de René Cassin. Né à Nice d’une vieille famille juive du Comtat Venaissin, invalide de la guerre de 14/18, compagnon parmi les premiers du Général de Gaulle, juriste de la France libre, vice-Président du Conseil d’Etat, Président de la Cour européenne des Droits de l’Homme et de l’Alliance israélite Universelle, il fut, on le sait, le principal auteur de cette Déclaration des Droits de l’Homme, dont on a fêté les 60 ans il y a quelques mois et dont le caractère universel est aujourd’hui remis en cause de façon si criante.

A Oslo, recevant en 1968 son Prix Nobel de la Paix, citant le poète Sully Prudhomme, René Cassin a dit : « Je tiens de ma patrie un cÅ“ur qui la déborde. Et plus je suis français, plus je me sens humain.... ».

Que la fierté de René Cassin soit la nôtre et que son souvenir nous renforce......

Cette soirée est dédiée à la mémoire de notre chère Elisabeth Cohen Tanoudji...



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