Nicolas Sarkozy et George Bush demandent à la Syrie de se désolidariser de l’Iran dans sa recherche de l’arme nucléaire et ont invité Damas à devenir une force constructive au Moyen-Orient, notamment au Liban. Les présidents français et américain, qui avaient eu auparavant un entretien de plus d’une heure et demie à l’Elysée, se sont efforcés de gommer les divergences qui subsistent entre Paris et Washington sur l’attitude à adopter envers Damas.
Il faut que "la Syrie se désolidarise le plus possible de l’Iran dans sa quête de l’arme nucléaire", a dit Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse conjointe.
George Bush a pour sa part exhorté le président syrien Bachar al-Assad à "cesser d’être de connivence avec les Iraniens" et à leur dire que les pays occidentaux était "tout à fait sérieux" dans leur volonté d’amener l’Iran à mettre fin à son programme d’enrichissement d’uranium.
Dans une déclaration commune, Nicolas Sarkozy et George Bush ont par ailleurs réaffirmé que Paris et Washington entendaient coopérer à la promotion d’un "Liban pacifique, souverain, indépendant, uni et démocratique".
Ils appellent de leurs voeux la mise en oeuvre "totale" de l’accord de Doha, qui a permis l’élection, fin mai, du président libanais Michel Souleïmane, et souhaitent voir s’établir des "relations de bon voisinage" entre la Syrie et le Liban.
La Syrie est soupçonnée de ne pas avoir renoncé à imposer sa tutelle sur son voisin, d’avoir trempé ces dernières années dans une série d’attentats au Liban, dont celui qui a coûté la vie au Premier ministre Rafic Hariri, et d’avoir bloqué pendant des mois l’élection d’un nouveau président libanais.
Nicolas Sarkozy et George Bush jugent "important" que la Syrie et le Liban établissent rapidement des relations diplomatiques à part entière, en gage de rapports fondés sur "le respect, l’égalité, la sécurité et la souveraineté".
"Nous demandons instamment la mise en oeuvre de bonne foi de toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Liban et le soutien à l’enquête internationale et à la création d’un tribunal spécial" pour juger les assassins de Rafic Hariri, ajoutent-ils dans leur déclaration.
"CESSEZ D’ABRITER DES TERRORISTES"
Lors de la conférence de presse, le président américain a cependant complété sur le mode de la fermeté son message à Bachar al-Assad. "Cessez d’abriter des terroristes, soyez une force constructive au Moyen-Orient, contribuez à la création d’un Etat palestinien, faites comprendre au (mouvement palestinien) Hamas que la terreur doit cesser."
Il a également invité le président syrien à "faire comprendre" à ses "alliés iraniens" que le mouvement chiite libanais Hezbollah, soutenu par Téhéran, était une "force de déstabilisation au Liban et ailleurs".
George Bush a dit vouloir faire entendre à Bachar al-Assad qu’il y avait "une démarche différente pour la Syrie" - "Nicolas et moi-même avons parlé de ce sujet", a-t-il souligné.
Alors que la Syrie côtoie l’Iran sur la liste des Etats accusés par Washington de soutenir le terrorisme, le président français a repris contact avec Bachar al-Assad après l’élection de Michel Souleïmane au Liban fin mai.
Son conseiller diplomatique Jean-David Lévitte et le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant sont attendus à Damas très prochainement pour rencontrer le président syrien.
Nicolas Sarkozy a de nouveau justifié sa démarche et précisé qu’il avait évoqué avec son homologue américain la tenue le 13 juillet à Paris du sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée, auquel il a convié le président syrien.
"A ma connaissance la Syrie fait partie des pays méditerranéens", a-t-il déclaré. "Si on commence, quand on fait le tour de la Méditerranée, à n’inviter que ceux qui correspondent aux critères qui sont exactement les nôtres, on risque de faire une réunion ou il y a peu de monde."
Selon l’Elysée, Bachar al-Assad est également invité, comme tous les autres chefs d’Etat et de gouvernement concernés à rester le 14 juillet pour assister au traditionnel défilé militaire sur les Champs-Elysées, à Paris.
Six mois après la visite controversée du numéro un libyen Mouammar Kadhafi à Paris, cette invitation au président syrien fait de nouveau polémique en France.
Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, a déclaré samedi à Europe 1 qu’il n’était "pas du tout sûr" que Bachar al-Assad soit au défilé du 14 juillet.