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Nasrallah à Damas : la centralité du Hezbollah dans le conflit, entre iranisation paramilitaire et libanisation politique.
Par Marc Brzustowski. Pour aschkel.info et lessakele
Article mis en ligne le 7 mars 2010

[Between the lines of the Der Spiegel report]
La présence de Nasrallah à Damas, entre Ahmadinedjad et Assad, était impérative : il s’agissait d’irriter l’Amérique, après sa nomination d’un ambassadeur à Damas ; mais surtout de mettre en lumière le rôle central du groupe chi’ite libanais, dans le chaos organisé au Moyen-Orient.

Hassan Nasrallah s’est vanté d’avoir déjoué la vigilance israélienne. Il a proclamé que cette sortie de son bunker à Dahiyah constituait une « nouvelle victoire de la Résistance ». Un résumé de son escapade, diffusé par un contact des renseignements israéliens, dans la presse libre de Winnipeg, devrait, pourtant, modérer son sentiment d’autosatisfaction : Hassan Nasrallah s’est vanté d’avoir déjoué la vigilance israélienne. Il a proclamé que cette sortie de son bunker à Dahiyah constituait une « nouvelle victoire de la Résistance ». Un résumé de son escapade, diffusé par un contact des renseignements israéliens, dans la presse libre de Winnipeg, devrait, pourtant, modérer son sentiment d’autosatisfaction :

Nasrallah a avancé son départ d’une journée, en utilisant une vieille voiture afin d’être moins repérable. Il a été pris en charge par un officier de la Moukhabarat à la frontière et conduit au Palais présidentiel de Bachar al-Assad. Il s’y est réfugié durant deux jours. La source ajoute qu’il aurait été simple de l’éliminer, mais qu’il n’existait aucune volonté de le faire. Ceci ne peut qu’accentuer l’inquiétude des trois compères, persuadés qu’Israël a infiltré leurs systèmes de sécurité.

Plus le Hezbollah renforce sa visibilité politique, plus il s’affiche comme un partenaire à part entière de l’axe irano-syrien.

La Syrie a fait savoir que, la prochaine fois, elle ne laissera pas le Hezbollah aller seul au charbon. La rencontre avait pour objectif de redistribuer les rôles, dans la perspective d’un prochain conflit :

  • Toute provocation unilatérale du Hezbollah entraînerait une réaction forte de la part d’Israël.

  • Quelles que soient les critiques de la stratégie employée par Israël, en 2006, le Hezbollah a dû concéder une profondeur stratégique de 50 kms au Sud du Litani, en gérance partielle avec une force internationale.

  • En juillet et septembre 2009, deux dépôts d’armes ont explosé, au sud du Litani. Un mois, plus tard, la marine israélienne saisissait 55 tonnes d’armes lourdes sur un navire en provenance d’Iran. En janvier 2010, les forces de la FINUL ont découvert 3 tonnes d’explosifs pré- positionnés sur la frontière.

  • Le mouvement chi’ite n’a pas bronché durant « Plomb Durci », déléguant au seul Hamas de donner du fil à retordre à Israël. Son réseau de 49 comploteurs et fournisseurs d’armement au Sinaï a été démantelé par l’Egypte.

  • Il est, d’abord, contraint de réparer les dégâts causés à sa propre image : le Parti de Dieu est critiqué, au Liban et dans le monde arabe, pour le déclenchement de la guerre de 2006 et son assaut des quartiers sunnites à Beyrouth en 2008. Il a échoué à emporter les élections de juin 2009, et doit composer avec toutes les tendances. Il a aussi dû faire face à un scandale financier de type Madoff, en septembre 2009, perdant un peu de sa superbe et pas mal d’argent.

  • Depuis les troubles postélectoraux en Iran, l’exportation de la Révolution est devenu un produit marketing moins vendeur. En novembre 2009, il a dû modifier sa charte de 1985, et mettre un sérieux bémol à l’allégeance au Velayat e-Faqih, c’est-à-dire au Guide Suprême iranien. Il n’appelle plus les Chrétiens à se convertir, mais à faire alliance politique.

  • Les livraisons d’armes en sa direction n’ont, pourtant, cessé de proliférer. Depuis 2006, Le groupe a acquis 45 000 roquettes, par l’intermédiaire de la Syrie, dont la qualité n’a fait que s’améliorer. C’est le cas des systèmes anti-aériens russes Igla-S, capables de détruire un F-16 volant à basse altitude. Ses troupes s’entraînent en Syrie et à des opérations-commandos sur la Galilée, dans les camps Pasdaran de Téhéran.

  • La stratégie hezbollahnie est de rendre coup pour coup et de viser les installations portuaires et aéroportuaires, les bases militaires, en portant le feu de l’autre côté de la frontière, plus précisément qu’il ne l’avait fait en 2006.

  • Mais il se verra opposer le « dôme de fer », opérationnel d’ici quelques mois. Tsahal a accentué sa coordination inter-armes, par le système « Matrix » qui renseigne toute sa flotte aérienne ou le trophy protégeant les merkavim contre les missiles anti-chars.

  • L’Iran a un intérêt vital à ouvrir de nouveaux fronts, en cas de frappe aérienne sur ses installations nucléaires ; sur le plan intérieur, il reste en proie à de nouvelles crises, à cause des sanctions et de l’abandon de sa politique de subvention sur les produits courants.

    En conclusion :

  • L’opportunité privilégiée, en vue de provoquer un nouvel embrasement, serait de créer un incident majeur pour venger l’élimination d’Imad Moughniyeh.

  • Ses groupes à l’étranger s’y sont essayés à une dizaine de reprises : à Bakou, en 2008 ; en Turquie, où six tentatives ont échoué, malgré le renfort d’agents iraniens ; en Jordanie récemment, avec le même insuccès, contre un convoi de diplomates.

  • La question n’est pas seulement celle de la maîtrise technologique des armements, mais aussi de soulever l’enthousiasme des populations, prêtes à se sacrifier pour une cause considérée juste.
  • le combat asymétrique est un ensemble de tactiques bien rôdées, qui permet d’infliger des coûts parfois sévères à l’adversaire, jusqu’au retrait de ses troupes. Mais, à lui seul, il est peu probable qu’il parvienne à renverser le cours stratégique d’une guerre, au point d’envahir et de tenir un territoire adverse.
  • C’est pourtant à ce genre d’exploit qu’Ahmadinedjad semble vouer le destin du Hezbollah, en annonçant un « Moyen-Orient sans Sionistes ». Il n’est pas certain que le Liban et la Syrie soient prêts à acquitter le prix d’une telle ambition en voyant leurs bases arrières pilonnées.

  • Ces milices restent un substitut à des armées conventionnelles, comme l’armée syrienne ou iranienne, qui ont perdu le goût de vaincre. Des conflits internes fragilisent ces régimes totalitaires. Ils sont peu à même de recruter des masses de volontaires déterminés et aguerris sur leur propre sol par les seules vertus de la rhétorique et de la répression.

  • Leur reste la terreur par les missiles et la menace d’y adapter des têtes nucléaires, chimiques et biologiques. Et la certitude de s’attirer les répliques aériennes, balistiques et sous-marines en conséquence, probablement avant même d’avoir déclenché la première frappe.

©Aschkel&Gad



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