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Le vote des israéliens résidant à l’étranger ...avant celui des israélites de diaspora
Par Bertrand Ramas-Muhlbach. Pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 21 février 2010

Ce 21 février 2010, la commission ministérielle en charge de la législation a commencé l’examen d’un projet de loi visant à permettre aux israéliens séjournant à l’étranger, de voter. Le Premier Ministre Benjamin Netanyahou en a effectivement émis le souhait le 8 février 2010, en prenant soin de tenir compte des conditions qui seraient dictées par les partis politiques membres de la coalition. Selon lui, un tel vote « mettrait fin à une longue discrimination, renforcerait le lien entre les Israéliens expatriés et leur pays, et contribuerait à renforcer l’identité du pays ».

Pour la Présidente du parti d’opposition Kadima Tsipi Livni, une telle loi n’est pas sioniste. Aussi, a-t-elle confirmé y être hostile. Il en est de même du député Kadima Ronnie Bar-On, pour qui le principe doit rester celui du vote des seules personnes résidant en Israël. Il a ainsi avancé : « celui qui participe à l’effort national peut voter contrairement à celui qui s’en dégage », fondant son propos sur le fait que les israéliens qui résident en Eretz Israël font la guerre alors que les israéliens ne résidant pas en Israël ne la font pas ; qu’ainsi les premiers ils en payent le prix alors que les seconds en sont dispensés. Plus nuancé, Avi Dichter n’est pas opposé à une telle participation électorale des israéliens non résidant en Israël à condition que le passage à l’étranger soit de courte durée.

Actuellement, la règle est celle de la participation aux scrutins des israéliens résidant sur le territoire, exception faite pour les israéliens membres du corps diplomatique, les personnels des ambassades, de l’agence juive, ainsi que leur famille. Inversement, les israéliens généralement cadres, hommes d’affaires, ou étudiants, qui demeurent à l’étranger, soit près de 775 000 personnes (environ 680 000 aux Etats-Unis, et 95 000 en Europe), ne peuvent participer aux élections qu’à la condition de retourner en Israël, ce qui est particulièrement contraignant et coûteux.

Ce système électoral discriminatoire qui pénalise non seulement les israéliens mais encore le pays lui-même est en fait une conséquence de l’absence d’institution d’une « nationalité israélienne » en Israël. Pour voter en Israël, il faut être non pas « national » mais citoyen, c’est-à-dire vivre dans la cité. C’est cette citoyenneté qui fonde le lien entre les israéliens et leur pays, non pas la « nationalité israélienne » symbole d’une appartenance à la communauté humaine implantée en terre d’Israël.

Or, ce critère de résidence en Israël pour participer aux scrutins électoraux, favorise surtout les personnes qui résident en Eretz Israël, qui bénéficient des prérogatives comme la perception des allocations familiales ou les avantages procurés par le système social, médical... en attendant calmement le jour de sa disparition. En effet, avec le système actuel, il en sera ainsi lorsque le nombre d’israéliens juifs résidant localement sera inférieur aux israéliens non juifs.

Notons que ce mécanisme institutionnel tout à fait pervers est d’ailleurs unique dans l’ensemble des pays dans lesquels il est permis de voter. Dans tous ces pays, c’est l’appartenance nationale qui confère le droit de voter, y compris pour les personnes résidant à l’étranger, qu’il s’agisse des scrutins présidentiels, législatifs, fédéraux, Sénatoriaux. Aussi, dans tous les pays où il est possible de voter, la participation au scrutin s’effectue dans les Consulats ou les Ambassades lorsqu’il n’est pas mis en place des votes par procuration ou par correspondance (parfois électronique).

Il est également intéressant de rappeler que le principe vaut aussi dans les Etats de type dictatorial comme l’Algérie, où les personnes qui résident à l’étranger jouissent de cette prérogative même si elles ont une double nationalité : en aucun cas elles ne sont tenues de retourner dans leur pays d’origine pour voter. Un autre exemple caractéristique est celui des personnes de nationalité libanaise. Les trois quarts d’entre elles vivent en dehors du Liban (environ 13 millions de personnes) alors que les libanais résidant à l’intérieur des frontières ne sont que 4 millions et demi. Pour autant, l’ensemble des libanais participe aux élections.

Israël doit donc sortir de cette logique qui conditionne la possession des droits civiques à la résidence en Israël. En effet, ce principe non démocratique contrevient tout d’abord à l’esprit des fondateurs de l’Etat d’Israël puisque la déclaration de Ben Gourion de 1948 promet « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ». En outre, il constitue une menace pour Israël.

En réalité, et tout en réservant une égalité de traitement aux non juifs qui résident en Israël, il est temps pour les responsables politiques israéliens qu’ils figent le principe selon lequel Israël est un Etat juif, créé par les juifs, pour les juifs. Les personnes à la tête d’Israël doivent ainsi devenir les mandataires locaux du peuple juif dans sa globalité, la terre d’Israël doit être la propriété collective du peuple d’Israël, et les juifs (qui le souhaitent et sous des conditions à déterminer) doivent pouvoir bénéficier de la nationalité israélienne.

Pour mémoire, la Déclaration portant fondation de l’Etat d’Israël rappelle qu’« ERETZ-ISRAEL est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il réalisa son indépendance, créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle et fit don de la Bible au monde entier ». Ce texte rappelle également : « C’est de plus, le droit naturel du peuple juif d’être une nation comme les autres nations et de devenir maître de son destin dans son propre Etat souverain ». Cette déclaration lance également un appel « au peuple juif de par le monde à se rallier à nous dans la tâche d’immigration et de mise en valeur, et à nous assister dans le grand combat que nous livrons pour réaliser le rêve poursuivi de génération en génération : la rédemption d’Israël ».

Or, cette rédemption d’Israël n’exige peut être pas le retour de tous les juifs en Israël. Le peuple juif a déjà retrouvé sa terre, sa langue, son armée, sa capitale et son État. Israël doit donc maintenant offrir une nationalité israélienne aux juifs qui veulent sceller leur lien spirituel à la terre, donner un droit de vote égal pour les israéliens résidant à l’étranger, et instituer un mécanisme de représentation en Israël des juifs de diaspora qui souhaitent acquérir la nationalité israélienne. Rappelons que dans toutes les communautés de diaspora, lorsque l’on chante « Am Israël Hai » à l’occasion des fêtes, il n’est pas fait de distinction entre les communautés juives américaine, française, italienne, belge, hollandaise...

Dans un univers mondialisé, le principe de citoyenneté n’a plus vraiment de sens. Les peuples ne cherchent plus à organiser politiquement leur Etat de résidence. Au contraire, les individus qui ne se plaisent pas dans leur Etat d’origine viennent s’établir dans celui de leur choix et obtenir un « passeport », en fonction des avantages procurés par l’Etat qui les leur fournit. La notion de passeport est tellement vidée de son sens qu’il suffit de se procurer des passeports anonymes pour éliminer le principal fournisseur d’armes du Hamas dans un hôtel de Dubai.

La déclaration portant création de l’Etat « laïc » d’Israël en 1948 termine de la manière suivante : « Confiants en l’Eternel tout puissant, nous signons cette déclaration ».... Cette confiance sera toutefois insuffisante si elle ne s’accompagne pas d’une petite touche humaine.



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