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Le cessez-le-feu entre en vigueur
Jerusalem Post
Article mis en ligne le 14 août 2006

Le cessez-le-feu au Proche-Orient imposé par les Nations unies a pris effet lundi au 34e jour de combats. Jusqu’à seulement deux heures avant la trêve, l’aviation de Tsahal a continué à pilonner plusieurs cibles dans le fief du Hezbollah à Balbek dans l’est du Liban ainsi qu’un camp de réfugiés palestiniens dans le Sud mais les soldats ont reçu l’ordre de stopper leur offensive à compter de 8 heures. Des doutes sur la viabilité de la trêve se font déjà ressentir.

Le gouvernement libanais a annulé dimanche soir 13 août une réunion destinée à examiner la mise en place du cessez-le-feu, avec notamment le déploiement de 15 000 soldats dans le Sud du pays au côté de 15 000 casques bleus de l’ONU. Selon les médias, cette réunion a été annulée par les ministres membres du Hezbollah qui refusent d’accepter le désarmement des miliciens de l’organisation chiite pro-iranienne, une demande clé de la communauté internationale.

De son côté, le Hezbollah par la voix de son porte-parole Hussein Rahal a annoncé lundi qu’il n’y a « rien de changé par rapport à ce qu’a déclaré cheikh Hassan Nasrallah ». Samedi, le chef religieux a affirmé que l’organisation chiite pro-iranienne se plierait à tout cessez-le-feu mais qu’elle continuerait à se battre tant que les soldats israéliens seront sur le sol libanais. Et le Hezbollah n’a pas ordonné publiquement à ses miliciens de faire taire leurs armes.

Le texte adopté vendredi par le Conseil de sécurité, avait déjà été accepté samedi par le Hezbollah et approuvé par le gouvernement libanais. Dimanche, le cabinet israélien l’a également approuvé par 24 voix pour et une abstention (Shaoul Mofaz). Le débat a été animé, le ministre Ofir Pines-Paz dénonçant l’offensive terrestre lancée par Tsahal au Sud Liban juste avant l’entrée en vigueur de la trêve.

« Le Hezbollah cessera d’exister comme un Etat dans l’Etat », a déclaré le Premier ministre Ehoud Olmert. « Le gouvernement libanais est notre interlocuteur pour chaque problème ou violation de cet accord. » Tsahal, qui compte actuellement environ 30 000 soldats dans la région située entre la Ligne bleue et le fleuve Litani, « ne se retirera que lorsque se déploieront l’armée libanaise et la force internationale », a rappelé dimanche la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. « La décision du Conseil de sécurité (de l’ONU) est bonne pour Israël et, si elle est appliquée, elle débouchera sur un changement significatif des règles du jeu au Liban », a-t-elle ajouté. Mais « je ne suis pas naïve (...) Je vis au Proche-Orient. Et je sais que toutes les décisions ne sont pas forcément appliquées ».

Pour Israël, la résolution 1701 des Nations unies n’est pas la panacée : les soldats libanais et les casques bleus qui doivent se déployer au Sud Liban auront du mal à tenir le Hezbollah en échec et à l’empêcher de se réarmer, estimaient ce week-end les commentateurs israéliens les plus critiques. Pour certains analystes militaires, comme pour l’ancien ministre des Affaires étrangères Silvan Shalom, la résolution 1701 n’assurera qu’une accalmie temporaire. Ils jugent inévitable une nouvelle guerre entre Tsahal et le Hezbollah pro-iranien. « Ça pose la question : à quoi tout cela a-t-il servi ? », s’interrogeait Silvan Shalom, l’une des voix du concert de critiques croissantes en Israël.

Au bout d’un mois d’offensive, Tsahal n’a pas réussi à écraser le Hezbollah. La milice chiite a, certes, essuyé de lourdes pertes mais a continué à faire pleuvoir des roquettes sur le Nord de l’Etat hébreu et s’est accrochée à certaines de ses positions près de la frontière.

Le Hezbollah a distribué lundi 14 août des tracts saluant la « grande victoire » du Liban et remerciant la population pour sa patience au cours de la guerre de 34 jours contre Israël. « Nos félicitations pour cette grande victoire, avec l’aide de Dieu, les moudjahidins et votre partience », peut-on lire sur ce tract.
Au cours des 34 jours de combats, l’aviation israélienne a largué des tracts sur une grande partie du Liban.

A l’approche d’un arrêt des combats, Tsahal a pénétré plus loin au Liban samedi, tentant de déloger le Hezbollah de la région s’étendant de la Ligne bleue au fleuve Litani. Des responsables israéliens ont expliqué qu’ils préparaient ainsi le déploiement des 30 000 hommes (15 000 soldats libanais et 15 000 casques bleus de l’ONU) dans cette zone tampon du Sud Liban prévue par la résolution. Cependant, certains jugeaient que cette opération de dernière minute présentait un intérêt militaire discutable et mettait inutilement en péril les hommes de Tsahal. Vingt-quatre soldats ont été tués samedi, la journée la plus meurtrière pour l’armée israélienne depuis le début du conflit.

Israël, qui demande depuis longtemps que l’armée libanaise reprenne le contrôle du Sud Liban, devrait se satisfaire de son déploiement. Mais, remarque Shlomo Brom, un ancien chef de la planification militaire, l’armée libanaise est composée à 50 % de chiites et, au mieux, n’aura qu’un rôle symbolique, au pire, sera bien disposée envers le Hezbollah. Si des combattants de la Résistance islamique défient l’armée régulière libanaise, elle risque de plier, avance Shlomo Brom en ajoutant : « c’est pour cela qu’une force multinationale est nécessaire ».

Cependant, les quelque 2 000 casques bleus de la force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) qui patrouillent le Sud Liban depuis 1978 n’ont pas fait le poids face au Hezbollah, qui s’est constitué un arsenal sophistiqué, sous le nez des troupes onusiennes. La Finul renforcée comptera plus d’hommes et son mandat sera plus musclé : elle pourra recourir à la force si le Hezbollah la défie. Mais cette formulation demeure vague, déplore Ehoud Yaari, un commentateur d ?Aroutz 2. « Quand on prend en compte le bilan des troupes de l’ONU », juge-t-il, « c’est difficile d’être optimiste ».

Le ministre israélien de la Défense Amir Peretz a admis qu’il aurait préféré une force sous l’égide de l’OTAN, plutôt que l’ONU, mais il a souligné que les casques bleus seraient plus nombreux qu’auparavant et auraient plus de pouvoirs.

Les détracteurs prévoient en outre des difficultés pour empêcher le Hezbollah de se réarmer. La résolution de l’ONU interdit toute « vente d’armes au Liban à l’exception de celles autorisées par le gouvernement ». Or le Hezbollah a deux ministres au sein du gouvernement libanais et un embargo sur les armes sera très difficile à faire respecter sur le terrain, remarque Ehoud Yaari.

Silvan Shalom (Likoud), pense qu’une nouvelle guerre est inévitable. « Ce n’était que la bande-annonce du film », a-t-il dit en faisant référence aux hostilités qui durent depuis un mois. Le Hezbollah « va maintenant se reconstruire. Nous pourrions alors voir des missiles longue portée, avec peut-être des ogives non conventionnelles ».



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