Le cheikh Youssef al-Qardawi, le plus influent dignitaire religieux sunnite, a appelé hier à faire de ce vendredi la « Journée d’al-Aqsa », au cours de laquelle tous les musulmans devront « protester contre les tentatives juives de s’en prendre à al-Aqsa et contre l’arrestation des fidèles ». Qardawi a tenu ces propos lors d’une rencontre avec des journalistes en Egypte.

Les Etats-Unis et la Jordanie essaient quant à eux d’apaiser la tension autour du mont du Temple qui se poursuit depuis dimanche. Le Haaretz a appris que la Jordanie a demandé à Israël d’empêcher l’accès de Juifs et de touristes au mont du Temple, jusqu’à ce que les esprits se calment. Hier, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se sont poursuivis, un soldat de Tsahal a été poignardé et un garde-frontière a été blessé. Au total, cinquante personnes ont été interpellées.

Depuis 2003, la police israélienne ouvre de temps en temps la porte des Maghrébins, sans concertation avec le Waqf, l’autorité musulmane contrôlée par la Jordanie, pour permettre l’entrée de groupes de touristes et de Juifs sur l’esplanade des mosquées. Avant le déclenchement de la deuxième Intifada, en septembre 2000, l’accès de touristes au mont du Temple ne pouvait se faire que sous surveillance du Waqf.

Selon une source jordanienne, la police doit aujourd’hui s’abstenir de pénétrer sur le mont, empêcher l’entrée de Juifs religieux extrémistes et fermer la porte des Maghrébins, « ainsi les esprits s’apaiseront et le rôle de la Jordanie sera respecté ». L’Autorité palestinienne et la Jordanie souhaitent qu’une fois les affrontements terminés, aient lieu des négociations sur les modalités de visite du site et que ces pourparlers mènent à un accord qui ne permettra l’entrée de touristes que sous contrôle du Waqf.

Ces derniers jours, des diplomates américains font eux aussi pression sur l’Autorité palestinienne et Israël afin qu’ils œuvrent à l’apaisement des esprits. Les Américains se sont même adressés à Hatam Abdel Kader, responsable de Jérusalem au sein du Fatah, pour demander que l’ensemble des protagonistes empêchent une dégradation de la situation. Un haut responsable du Fatah déclarait hier : « Nous ne souhaitons pas d’escalade ». Ce responsable s’est également félicité de la décision de la police israélienne qui a laissé la porte des Maghrébins fermée hier.

Hier, des affrontements ont eu lieu à divers endroits de Jérusalem : près du camp de réfugiés d’Anata, un jeune palestinien a poignardé un garde-frontière. Celui-ci a été légèrement blessé et l’assaillant a été interpellé. Dans la soirée, de jeunes Palestiniens ont jeté des pierres vers des policiers près de l’entrée du camp.

A Ras el-Amud, à l’est de la vieille ville, quatre policiers ont été blessés par des jets de pierres et dix jeunes Palestiniens ont été arrêtés. A Wadi Joz, une centaine de militants du Mouvement islamique-courant nord se sont opposés aux policiers et ont tenté de se diriger vers la vieille ville. La police est parvenue à les disperser presque sans violence.

A ce stade, et malgré les derniers affrontements, il semble que l’Autorité palestinienne, Israël, la Jordanie et les autres pays modérés souhaitent apaiser immédiatement la tension autour de Jérusalem et du mont du Temple. En revanche, le Hamas et le Mouvement islamique-courant nord poursuivront, comme d’habitude, leurs tentatives de mettre le feu au mont du Temple et à la région toute entière.