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La décision d’Ariel Sharon d’évacuer Gaza est courageuse et décisive. Pour autant, sera-t-elle prise par les Arabes comme un pas vers la Paix ?
Par Alain Rajchman
Article mis en ligne le 8 juin 2004

L’annonce faite par le Premier Ministre Ariel Sharon qu’à la fin de 2005, plus aucun Juif n’habitera la bande de Gaza est une décision majeure et qu’il fallait prendre. Pourtant, par le passé, de telles décisions n’ont malheureusement jamais été comprises par les Arabes comme un pas vers la Paix.

Cette question doit être posée en dehors de tout contexte politicien. Il ne s’agit pas de remettre en question une avancée majeure faite par Israël en faveur de la paix dans la région. Pourtant, un débat s’amorce pour s’interroger sur l’accueil qui sera fait de ce geste israélien. Comme toujours en pareil cas, on se tourne vers le passé pour tenter de trouver dans les précédents historiques matière à répondre à cette question.

Le Jerusalem Post du 4 juin ouvre des pistes intéressantes à partir d’une mise en perspective des 70 dernières années. Dans les années 30, les autorités du Mandat britannique ont demandé au nouveau roi Abdullah I, qu’ils mettaient en place en Transjordanie, d’interdire aux juifs de s’installer sur ses terres, alors que celui-ci pensait très justement que l’accueil de paysans juifs serait bénéfique à toute la région. Ce sont les événements sanglants de la révolte arabe de 1929 qui ont engagé les Britanniques à interdire la Transjordanie aux juifs au nom de l’ordre public. Cette volonté de séparation des populations à dominance arabe en Transjordanie (l’Est du Jourdain) et à dominance juive sur la rive Ouest du Jourdain n’a pas pour autant calmer la volonté des arabes de « chasser » également les juifs de cette partie occidentale de la Palestine que les Anglais leur attribuaient. Les révoltes de 1936 et de 1939 montrent que cette première tentative de séparation ethnique a échoué en raison du refus arabe d’accepter tout partage de fait.

En 1940, la mise en œuvre du Livre Blanc Britannique était la réponse des anglais à la pression guerrière du Mufti de Jérusalem, proche du régime nazi, Haj Amin El Husseini. Il en a résulté une politique d’exclusion ethnique menée par les autorités britanniques à l’encontre des juifs, qu’ils ont ainsi étendue à l’ensemble de la Palestine (toujours la partie occidentale), bien qu’ils aient déjà accordé aux palestiniens arabes la Transjordanie comme territoire. La conséquence de cette politique ethnique du Mandat britannique est que 70% des palestiniens vivent aujourd’hui dans l’actuelle Jordanie.

Quand les autorités britanniques décident de quitter la Palestine en 1947, l’ONU a poursuivi cette politique de partage en réduisant encore l’espace de territoire dévolu aux juifs. A nouveau, l’idée sous-jacente était de limiter la part accordée à Israël pour mieux faire accepter le partage aux arabes. A nouveau, cette idée a été battue en brèche avec le déclenchement de la guerre de 1948 par les cinq nations arabes voisines de l’Etat Juif qui n’acceptaient pas le partage proposé par l’ONU. La limitation de territoire imposée à Israël n’a pas conduit à une plus grande acceptation du partage de la partie occidentale de la Palestine avec Israël. L’absence de présence juive en Cisjordanie et à Gaza entre 1949 et 1967, n’a pas réduit la haine, ni la volonté guerrière des armées arabes, contre l’Etat d’Israël.

Aujourd’hui, le fait palestinien est exploité pour remettre en question les partages anciens et les situations créées depuis 1930. Les efforts d’Israël pour offrir de nouvelles concessions territoriales en échange de l’acceptation d’un partage ont toujours été suivis d’un refus. Même les accords favorables de Camp David ont été rejetés par Arafat de peur d’avoir à prendre la responsabilité historique d’abandonner un pouce du territoire palestinien aux juifs.

En résumé, l’idée d’un quelconque partage, même au prix de sacrifices territoriaux d’Israël, n’a jamais réellement progressé dans l’opinion arabe. C’est dans ce contexte que la décision unilatérale d’Ariel Sharon doit être comprise. Sans illusions.



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