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L’ONU et la fin d’un rêve
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 21 décembre 2005

Il ne suffit pas de répéter à l’envi que le règlement du conflit isarélo-arabe est proche, pour que ce rêve se réalise. L’ONU vient de s’en rendre compte.

Lors de la dernière réunion qu’il consacre, chaque mois, à l’examen de la situation au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité a entendu, le 20 décembre, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Ibrahim Gambari.

Cet ancien diplomate nigérian n’a pu que constater qu’ « à dix jours de la date fixée par la Feuille de route pour le règlement du conflit israélo-palestinien, il est évident qu’en dépit de progrès nous n’atteindrons pas notre destination dans les temps ».

Rappelons que la « Feuille de route », se fixait comme « destination » le règlement définitif et général du conflit israélo-palestinien d’ici 2005 , selon un plan approuvé, en avril 2003, par le « Quatuor » (ou « Quartet ») pour le Moyen-Orient, composé des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de l’ONU et de l’Union européenne (http://www.un.org/french/newscentre/infocus/middle_east/roadmapF2003.pdf).

Exit, donc, le rêve d’un véritable Etat palestinien à l’aube de 2006.

Il est intéressant de constater qu’à nouveau, mais ceci est relativement récent, la responsabilité en incombe aussi, selon l’ONU, à la partie palestinienne, alors qu’autrefois c’était Israël qui était seul « diabolisé » (lors de sa dernière session, comme à l’accoutumée, l’Assemblée générale a, toutefois, voté de nombreuses résolutions mettant en cause uniquement Israël)

Déjà, au mois de novembre, à propos des incidents à la frontière libanaise, ce même haut fonctionnaire international n’avait pas hésité à reconnaître que les échanges de tirs avaient « commencé du côté libanais » (qu’en termes diplomatiques, ces choses-là sont dites).

Certes, le même jour, les autorités israéliennes étaient appelées à accroître la liberté de circulation dans les Territoires (www.desinfos.com/article.php?id_article=4003).

Dans son dernier communiqué, Ibrahim Gambari pratique, toujours, la même « fausse symétrie ».

Il commence par affirmer que "l’incapacité de l’Autorité palestinienne (AP) à exercer le plein contrôle sur son territoire reste très préoccupante » (toujours cette même prudence diplomatique).

Il rappelle certes, mais sans préciser de quelle manière, que « le Quatuor soutenait les efforts de l’AP pour empêcher les groupes armés d’agir illégalement et d’entraver ses propres politiques ».

Signalons au passage que, de son côté, Mr Javier Solana, Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité, vient de déclarer qu’une victoire du Hamas aux prochaines élections législatives palestiniennes pourrait amener l’Union européenne à mettre fin à l’aide financière que l’Union apporte à l’Autorité palestinienne.

Moyennant quoi certains milieux politiques palestiniens protestent contre une telle « ingérence » dans les affaires intérieures palestinienne.

Mais, pour en revenir à la dernière déclaration du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques des Nations unies, « la poursuite par Israël de sa politique d’expansion des colonies de peuplement et de construction de la barrière - le mur de sécurité qui isole une partie de Jérusalem et qui coupe son territoire de la Cisjordanie — entrave les efforts des dirigeants palestiniens qui font campagne électorale sur un programme pacifique » (relevons le savant mélange barrière/mur...).

Ainsi, les Nations unies persistent à lier les attentats terroristes, même à l’intérieur d’Israël, avec la présence israélienne au delà de la Ligne verte de 1967, ignorant, en cela, qu’Israël était attaqué avant même la guerre de 6 jours.

Il faut dire que les espoirs nés avec la disparition, fin 2004, du chef terroriste que fut Yasser Arafat avait laissé entrevoir la possibilité d’un progrès, sinon d’un règlement, du conflit.

Sans doute, la date de 2005 était-elle présomptueuse, mais, pratiquement, malgré le geste de bonne volonté accompli par Israël en procédant au désengagement de la Bande de Gaza, rien de très concret n’est intervenu.

Non seulement, les actions terroristes, même si elles ont diminué, se sont poursuivies, à l’intérieur d’Israël et dans les Territoires, mais de plus, les tirs de roquettes, depuis la Bande de Gaza, « libérée », n’ont pas cessé.

Certaines informations ont même laissé entendre que Mahmoud Abbas avait décidé de verser des subsides aux familles des « shahids » (martyrs), euphémisme pour désigner de vulgaires tueurs.

Et pourtant l’aide financière internationale aux Palestiniens n’a pas cessé de s’accroître.

La Banque européenne d’investissement, institution de l’Union européenne, vient de faire savoir qu’elle avait, pour sa part, accordé un prêt important à l’Autorité palestinienne pour soutenir un investissement destiné à moderniser l’approvisionnement électrique.

Ce projet est d’ailleurs également soutenu par plusieurs Etats européens.

Et Ibrahim Gambari rappelait que le dernier sommet du G8 (qui regroupe les principales puissances économiques du monde) avait, lors du dernier sommet d’octobre 2005, avait décidé de rassembler la somme de 3 milliards de dollars en faveur des Palestiniens.

Mais, en même temps, il constatait que la pauvreté augmentait dans les Territoires (sans évoquer pour autant la paupérisation croissante d’une partie, non négligeable, de la population israélienne).

Il est vrai que l’Autorité palestinienne, qui soutient notamment le Fatah, continue à être gangrené par la corruption, comme du temps de Yasser Arafat.

C’est d’ailleurs ce qui explique le succès du Hamas, au détriment du Fatah, lors des récentes élections municipales.

Le Hamas, indépendamment de ses activités terroristes, a su capter la confiance des Palestiniens par son apparence de rigueur financière et l’efficacité des services sociaux qu’il a mis en place.

Outre ses racines idéologiques, le terrorisme palestinien est également alimenté par la misère croissante des populations, misère qui tranche avec l’opulence des dirigeants palestiniens.

La misère a, de tous temps, fait la litière des régimes dictatoriaux (cf. la montée du nazisme, dans les années 30).

Espérons que les menaces lancées par l’Union européenne face à un éventuel succès du Hamas aux élections législatives de janvier prochain feront de l’effet.

Mais, rien n’est moins sûr.



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