Une délégation de notre rassemblement, qui regroupe aujourd’hui plus de 800 signataires de l’Appel aux dirigeants européens, exigeant une plus grande fermeté face à la politique iranienne actuelle, a été reçue, lundi 30 octobre, par M. Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères.

Le ministre nous a paru très attentif à nos préoccupations, partageant notre conviction que la politique iranienne représente un danger pour la paix mondiale. Il a insisté sur la nécessité de maintenir l’équilibre entre fermeté et unanimité internationale à propos des sanctions envisagées, et nous a garanti que la France ne mènerait pas de négociation séparée, et en particulier ne s’associerait pas au projet d’une unité pilote d’enrichissement d’uranium proposé par l’ Iran.

Dans ses propos, la principale nouveauté nous semble être l’affirmation qu’une solution pourrait exister dans la constitution d’un consortium pour l’enrichissement d’uranium placé sous contrôle international, à la condition impérative que l’Iran suspende tout activité dans ce domaine. Il n’a pas précisé, ce qui est pour nous un point capital, que cet éventuel consortium, s’il était mis sur pied, devrait impérativement être situé hors du territoire iranien comme hors de la zone d’influence de l’Iran.

Nous avons été rassurés d’entendre Philippe Douste-Blazy préciser qu’ il est favorable au contrôle des relations entre certaines entreprises françaises et iraniennes susceptibles de favoriser l’accélération du processus d’enrichissement d’uranium, contrôle prévu dans le projet de sanctions actuellement déposé à l’ONU.

L’impression d’ensemble que la délégation a retiré de cette entrevue est celle d’une réelle préoccupation du ministre, d’une fermeté affichée dans les discours mais aussi d’une impuissance à peu près totale dans les actes.

Interrogé sur cette situation d’impuissance, Philippe Douste-Blazy en attribue la raison à l’attitude des Russes et des Chinois, qui refusent les sanctions, et plus généralement aux limites de la politique multilatérale. Comme il exclut toute décision de sanctions unilatérales de la part de la France et même de l’Europe et affirme d’autre part que personne ne veut actuellement aller vers un affrontement militaire, on ne peut qu’avoir le sentiment d’une impasse.

Le ministre ayant précisé à la fin de cette entrevue qu’il désirait garder le contact avec les représentants de notre Appel et demeurait disposé à d’autres dialogues éventuels, nous suivrons l’évolution du dossier comme nous le ferons également avec les autres ministres européens chargés du dossier.

Iran-nucléaire-ONU-France - Des intellectuels dénoncent l’« impuissance » de la diplomatie face à l’Iran

Dans leur appel lancé fin septembre, les signataires, parmi lesquels les
philosophes André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy ou le prix Nobel de la paix
Elie Wiesel, ont demandé aux pays européens de "tirer les conséquences du
marché de dupes de négociations reconduites indéfiniment, sans résultat".