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Pierre Lefebvre © Primo Europe
Article mis en ligne le 28 janvier 2006

La victoire du Hamas a exacerbé les rivalités sur le terrain avec les partisans du Fatah, dont certains ont affronté des militants de l’organisation islamiste devant le siège du parlement palestinien à Ramallah.

Si les affrontements de ce soir n’étaient les premiers du genre, il serait possible de mettre cela sur le compte de l’exaltation ou de la rancœur. Mais les haines sont installées durablement dans le camp palestinien.

Ce soir, le monde est sous le choc. Les Israéliens, bien entendu. Les Palestiniens tout autant. Même le Hamas ne s’attendait pas à une victoire aussi large.

Les commentateurs sélectionnés pour la circonstance - palestiniens responsables du Fatah - invités à s’exprimer sur nos ondes depuis ce matin expliquent aussi à qui mieux mieux que la défaite du Fatah est de la faute des Israéliens.

Il faut dire que les palestiniens interrogés, Leila Shahid en tête, vivaient largement et luxueusement des prébendes et privilèges de leurs fonctions au sein du Fatah. Leur amertume est perceptible, leur avenir incertain.

Omissions volontaires

A cause de cela peut-être, ils ont soigneusement omis de donner, dans leurs arguments, les véritables raisons de la victoire du Hamas.

Exit, dans leurs discours, les 30 années de règne sans partage de l’OLP, puis du Fatah. Exit les enseignements de la haine dans les manuels scolaires subventionnés par l’Union Européenne. Exit les milliards détournés par une Autorité Palestinienne corrompue jusqu’à la moelle.

Exit aussi l’islamisation forcenée de la population palestinienne pourtant l’une des plus attachée à la laïcité. Exit enfin l’atmosphère de terreur que fait régner le Hamas et affidés dans les Territoires, vis-à-vis des chrétiens notamment. Selon ces repus de tout, ces privés de rien, tout est de la faute d’Israël.

Comment voter la conscience apaisée lorsque quelques milliers de sbires surarmés imposent, par fatwas et intimidations interposées, leur conception de la gouvernance ?

Comment reconnaître le verdict des urnes comme démocratique alors que la société dont est issu ce verdict n’a jamais connu la démocratie ?

Si Arafat n’avait pas organisé d’élections depuis 96, c’était, à entendre Leila Shahid, de la faute des Israéliens. Aujourd’hui, si cette élection est perdue, c’est aussi de la faute des Israéliens.

Les Israéliens occupent Gaza. C’est une faute. Mais, s’ils s’en dégagent, c’est aussi une faute. Quoique fasse Israël, il restera toujours coupable, coupable de vivre, d’exister, de prospérer.

Ah, Leïla ! Le Hamas ayant gagné les élections, Leïla Shahid n’a plus aucune légitimité et devrait, en toute logique, abandonner toute représentation diplomatique. Certes, il lui faudrait pour cela renoncer aux privilèges de sa fonction. Mais ce serait l’un des dégâts collatéraux les plus réjouissants de ces calamiteuses élections.

Et maintenant

Le président palestinien Mahmoud Abbas devrait confier au Hamas la responsabilité de former le prochain gouvernement. Son mouvement, le Fatah, semble pour l’instant exclure de participer à un gouvernement de coalition.

Sans attendre cette confirmation officielle, le Premier ministre Ahmed Koreï avait auparavant annoncé la démission de son gouvernement. Gageons que, cette fois-ci, ce sera la bonne. Depuis quelques années, Ahmed Koreï avait la désagréable habitude de démissionner environ 6 fois par an pour des raisons diverses. La maturité politique n’était pas son fort.

Malgré ses appels du pied, la volonté du Hamas de former une large coalition s’est heurtée au refus du comité central du Fatah. Nabil Chaas, membre du comité, a déclaré que son mouvement souhaitait « être dans l’opposition. »

Les hypothèses

Si le Fatah tient parole et ne s’allie pas au Hamas, il resterait l’ultime recours en cas de désordres mettant en danger l’unité de la nation.

En analysant l’état de délabrement de la société palestinienne dans la bande de Gaza après le départ des Israéliens, le Hamas a tout à craindre maintenant qu’il est au pouvoir. Une chose est de protester. Une autre est de gérer. Les cadres du Hamas ne sont pas formés à cela.

En poussant le cynisme jusqu’au bout, on peut penser que le Fatah, mouvement politique, qui n’est pas non plus dépourvu de troupes armées n’hésitant pas à faire, à l’occasion, le coup de feu avec les factions opposées, aura tout intérêt à contribuer au désordre ambiant.

Les palestiniens auront, du même coup, beau jeu de se plaindre une nouvelle fois auprès de la communauté internationale. Mahmoud Abbas, qui restera président, pourra ainsi demander la continuité territoriale afin de rétablir l’ordre à Gaza et en Judée Samarie.

Nul n’aura assez de persuasion pour la lui refuser. Israël sera coupé en deux pour les meilleures raisons du monde et, partant, militairement affaibli.

Le Fatah pourrait ensuite récupérer la mise par un coup d’Etat salvateur. Les promesses électorales du Hamas ne pouvant être tenues, la population regretterait alors le bon vieux temps de l’Autorité, version post-Arafatienne.

Ce calcul n’est cependant pas sans danger. Lorsqu’un régime islamique s’installe aux rênes d’un pays, il est bien rare de le voir tomber de lui-même. S’ensuivrait, dans ce cas, une « guerre civile » dont le principal bouc émissaire serait, bien évidemment, l’état d’Israël.

Eperdument optimistes, les journalistes occidentaux tentent de croire en une conversion des modérés du Hamas aux valeurs démocratiques. C’est mal connaître la psychologie interne de ce mouvement islamiste sectaire.

C’est faire bien peu de cas des déclarations alambiquées de ses responsables qui n’ont cessé de clamer leur attachement à l’anéantissement pur et simple d’Israël et à la disparition de tout non-musulman d’une terre islamique.

Le principe de réalité n’a aucune prise sur les idéologues.

Sans vouloir faire preuve d’un pessimisme exagéré, il y a tout lieu de penser que les affrontements de ce soir à Ramallah entre partisans du Fatah et du Hamas ne sont que les prémices d’une plus grande déstabilisation.

Bien évidemment, le Hamas pourra compter sur le soutien sans faille de la Syrie et de l’Iran, ces pays étant tout heureux de se libérer de la pression internationale qui monte autour d’eux.

Et si, ce faisant, ils pouvaient contribuer à nuire, d’une manière ou d’une autre à Israël, il n’est pas certain qu’ils en soient bien fâchés.

A moins d’un miracle, l’embrasement de la région est prévu pour le mois prochain...si tout va bien.


le 26 janvier 2006



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