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Sadiq Kahn, le nouveau Maire de Londres, se rend à une commémoration de la Shoah pour sa première sortie officielle
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 9 mai 2016

Élu le 7 mai 2016 à la Mairie de Londres, Sadiq Khan a fait l’objet d’attaques concernant ses liens passés avec des islamistes. Des questions demeurent. Toutefois, sa première sortie officielle très symbolique, au lendemain de son élection, à de quoi rassurer sur un point : contrairement à un grand nombre de ses pairs du Parti travailliste britannique, il n’est pas antisémite. En ce 8 mai, en effet, il se rendait à une commémoration de la Shoah et rencontrait, notamment, le Grand rabbin Ephraim Mirvis. Ses positions concernant Israël restent pour l’heure une zone d’ombre.

Un geste très symbolique

L’élection du travailliste Sadiq Khan, face au conservateur Zac Goldsmith, à la Mairie de Londres a suscité bien des interrogations, notamment en raison de ses liens passés avec des islamistes ou sa défense du prédicateur des Frères musulmans, notoirement antisémite, Qaradawi. On pouvait donc se demander s’il serait effectivement, comme il l’avait annoncé, « le « Maire de tous les Londoniens ».. D’autant que le parti travailliste britannique s’est distingué ces derniers temps par des manifestations d’antisémitisme de nombre de ses dirigeants ou élus, dont Ken Livingston, ancien maire de LondresSadiq Khan avait été parmi les premiers à demander sa suspension du parti.

Sadiq Khan vient de montrer qu’il entend bien être le maire de tous dans un geste très symbolique : au lendemain de son élection il s’est rendu à une cérémonie de commémoration de la Shoah où il a rencontré, notamment, le grand rabbin de Grande-Bretagne, Ephraim Mirvis. Ce dernier s’était exprimé sur la crise que traverse le parti travailliste quelques jours plus tôt, déclarant qu’il y a, au sein de ce parti, « un antisémitisme grave » et espérant que l’enquête diligentée par le chef du parti, Corbyn – qui, lui-même a manifesté ses sympathies pour...le Hamas – ne serait pas qu’un simple pansement sur une jambe de bois... », faute de quoi, avertissait-il, la situation ne pourrait que s’aggraver...->http://www.thejc.com/news/uk-news/1...]. On notera que Sadiq Khan a aussi attaqué Jeremy Corbyn, lui faisant remarquer comment il avait remporté la mairie de Londres alors que les candidats travaillistes ont connu des défaites lors d’autres élections récentes...Le chef du parti travailliste n’a d’ailleurs pas assisté à sa prise de pouvoir...

Lors de cette cérémonie en souvenir de la Shoah, le Maire de Londres est allé à la rencontre de la foule. On l’a vu montrer de la compassion pour l’une des personnes présentes

Il donnait l’accolade au grand rabbin de Grande-Bretagne

On l’a vu également prendre la pose près du nouvel Ambassadeur d’Israël en Grande-Bretagne et ancien porte-parole du Premier ministre israélien, Marc Reguev.

Le Daily Mail, qui rapporte l’événement, souligne que tout ceci se passe sur fond de perte de vitesse du parti travailliste et de remise en question de ses dirigeants. Sadiq Khan verrait-il plus loin que la mairie de Londres ? Sans doute, mais si tel est le cas, cela est parfaitement légitime.

Sionisme et judaïsme

Si Sadiq Khan a démontré aujourd’hui qu’il ne saurait être taxé d’antisémitisme, reste toutefois une interrogation. Comme le note le Grand rabbin Mirvis avec force dans son article publié dans The Telegraph, ce n’est que « fiction » que de « prétendre que le Sionisme est distinct du judaïsme en tant que foi » comme viennent de le faire Ken Livingston et Malia Bouattia, qui défend l’État islamique, prône la « résistance violente » pour les Palestiniens et vient d’être élue à la présidence du syndicat national des étudiants britanniques. Une fiction et un mythe qui, dit-il, « empoisonnent le discours public sur l’antisémitisme et Israël depuis des décennies...le Sionisme est le fait de croire au droit à l’auto-détermination des Juifs dans un pays qui est au centre du monde juif depuis plus de trois mille ans. On ne peut pas plus le séparer du judaïsme que Londres de la Grande-Bretagne. »

Sadiq Khan a dû prendre connaissance des déclarations du grand rabbin. Peut-on voir cette visite, la première de son mandat de maire, une approbation ?

« Un inoubliable voyage en Palestine »

Si l’on reprend un texte publié en 2011 sous le titre « Un inoubliable voyage en Palestine », on y voit, certes, que celui qui était alors député « aspire à un avenir paisible pour un Israël et une Palestine viables et prospères. » C’était à l’issue d’un voyage qu’il a fait avec des députés britanniques, organisé par « Les amis travaillistes de la Palestine et du Moyen-Orient – qui veulent une reconnaissance immédiate de « l’État palestinien avec Jérusalem Est », accusent Israël d’annexer des territoires avec ses « colonies », pourfendent le « mur », etc. - et le Conseil pour la Compréhension entre Arabes et Britanniques -qui se préoccupe surtout des « droits des Palestiniens », bafoués par Israël, selon eux, ». Des organisateurs pour le moins tendancieux aux intentions évidentes...

Guère étonnant, dans ce cas, que Sadiq Khan, alors ministre de la Justice du gouvernement fantôme britannique, donne une vision très orientée de rencontres « avec des commerçants et ouvriers palestiniens qui sont confrontés à des attentes énormes aux points de contrôle le long du mur qui coupe les bourgades et les villes palestiniennes, les séparant entre elles et les séparant d’Israël, empêchant de faire du commerce ou de construire des routes d’accès. Nous avons aussi des écoliers dont la vie est coupée de leurs voisins israéliens depuis la naissance et des fermiers qui peinent à irriguer et à cultiver leur terre à cause du mur de séparation... »

S’il parle de leur rencontre avec le Premier ministre palestinien et de « mauvaise conditions en Cisjordanie », il ne dit rien de ses rencontres avec des officiels israéliens si ce n’est que le retard du groupe à un rendez-vous avec eux illustrait les désagréments causés par les attentes aux points de passage.

Une partie importante de son texte est consacrée à sa visite à la Mosquée Al-Aqsa et au Dôme du Rocher. Lui qui a fait le pèlerinage de La Mecque, dit-il, a été particulièrement heureux de pouvoir expliquer à ses collègues parlementaires, la signification de ces lieux pour la foi musulmane. On relève pourtant plusieurs erreurs par rapport à la tradition. Comme le fait de dire que le « voyage nocturne » de Mahomet serait parti du Dôme du Rocher, qui ne fut construit qu’après la mort de Mahomet ou que celui-ci conduisit une prière avec tous les prophètes dans la mosquée al-Aqsa, construite elle aussi après sa mort, et alors que la tradition musulmane place cette prière collective « dans les cieux »...

La réalité de l’histoire de Jérusalem est d’ailleurs toute autre.....

Ce qui importe ici est de voir l’importance que revêtent pour lui cette mosquée, le Dôme du Rocher et Jérusalem. Toutefois, il mentionne, leur « proximité avec le Mur Occidental, le site le plus sacré du judaïsme et l’Église du Saint Sépulcre, le site vénéré comme étant la Colline de la Cavalerie, où les Chrétiens pensent que le Christ a été crucifié » et conclut que l’on comprend « pourquoi cela a été l’un des sites religieux les plus contestés au monde »...

Les mois à venir nous diront comment Sadiq Khan se positionne vraiment en tant que maire de Londres face à toutes ces questions...



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