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Chronique de Michaël Bar Zvi | Daleth be Chevat 5776 - 14 janvier 2016
Article mis en ligne le 14 janvier 2016

Boker tov amis auditeurs de Radio J. Quel est le sens de la polémique sur la Kippa qui émeut les médias et la communauté juive depuis quelques jours ? On aura tout entendu dans ce débat, y compris le couplet habituel des hommes politiques sur la laïcité, la tolérance et le vivre-ensemble. Pourtant ce qui est clairement en jeu ici ce ne sont pas les valeurs de la République, mais l’avenir des Juifs en France. On ne cesse de nous dire que sans les Juifs la France ne serait pas la France, mais en parallèle on fait les choux gras de la peur des Juifs, entretenant ainsi un inconscient collectif sur la précarité de la présence juive.

Pourquoi réitérer à longueur de journée des appels aux Juifs à rester en France et enchaîner les reportages sur l’Alya, en la qualifiant de toutes sortes de qualificatifs bizarres ? L’accumulation des agressions et attentats contre les Juifs est un fait objectif et la peur qui en découle est naturelle, avec ou sans kippa. On ne peut pas surveiller et protéger chaque personne qui porte une étoile de David, qui lit un livre en hébreu dans le métro ou qui se laisse pousser les papillotes.

Les Juifs, comme les autres Français, n’attendent pas des larmes de compassion ou des commémorations aussi émouvantes soient-elles, mais une action efficace pour arrêter la montée de la judéophobie dans les milieux musulmans. Il ne faut pas se leurrer, ce nouvel antisémitisme qui touche les jeunes musulmans s’est construit sur une toile de fond qu’une grande majorité de la classe politique française a tissé depuis des années, c’est-à-dire la haine d’Israël et l’identification à la cause palestinienne, au nom desquelles on a accepté les débordements dans les manifestations, les stades, les écoles et les réseaux sociaux.

L’indifférence de la classe politique française devant les drapeaux palestiniens ou les keffiehs « style Arafat » dans des rassemblements sans aucun rapport avec le conflit au Proche-Orient est consternante. Aucun signal d’alarme face à ces dérives. On les considérait, tout au plus, comme un exutoire pratique pour exprimer les colères et les frustrations « légitimes » d’une population marginalisée par les fléaux économiques et sociaux.

Au fond, déverser sa haine d’Israël dans la rue ou sur Internet ce n’était pas bien grave. Ce que l’on ne voyait pas ou ne voulait pas voir c’est que ce déferlement de violence verbale préparait le terrain d’une autre brutalité. En quelque sorte elle venait « cachériser » les attaques à venir contre les Juifs. Dans le judaïsme, la kippa n’est pas un uniforme, ni un signe de reconnaissance, mais le témoin de notre faillibilité, et elle nous rappelle à l’humilité.

Car l’important n’est pas seulement le port de la kippa, mais ce qu’il y a sous elle, à savoir une tête intelligente capable de décider en toute liberté de ses choix, de sa vie et de ses valeurs.

Ceux qui viennent poignarder un Juif, lui tirer dessus ou foncer sur lui avec un véhicule à Paris, Marseille, Jérusalem ou Tel Aviv n’ont sans doute pas compris que ce n’est pas ainsi qu’ils nous empêcheront de vivre notre judaïsme. En revanche ils réussissent parfois à faire douter certains de nos amis ou alliés de notre détermination et de notre courage.

Souvent le monde préfère les Juifs faibles, apeurés, inquiets à ceux qui se défendent et c’est sans doute ce sentiment qui a engendré l’émotion sur le port de la kippa. Excusez-moi, mais je n’ai aucune nostalgie d’une époque où les Juifs ne savaient ou ne pouvaient se défendre. Et cette fierté retrouvée, sans être politiquement correct, nous la devons à l’existence d’un Etat juif souverain et fort.



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