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Charb, directeur de Charlie Hebdo, « a été assassiné par des gens qui n’ont pas rendu service à la oumma » estime Zineb El Rhazaoui
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 2 février 2015

Une journaliste de Charlie Hebdo, parlant au nom de ce qui reste de son équipe après la tuerie du 7 janvier, défend la ligne éditoriale de l’hebdomadaire, plaide pour la laïcité outre-Atlantique, mais, bien plus discrètement, chante un Charb qui, selon elle, aurait été un défenseur de la Oumma et s’acharne sur un Premier ministre israélien qui serait « un criminel de guerre », ennemi de la liberté d’expression et de l’humanité, ne fustigeant aussi, mais brièvement, en passant, que l’Arabie saoudite.

Le témoignage de Luz

Le 31 janvier 2015 une interview exclusive du caricaturiste Luz réalisée par le media américain Vice News était mise en ligne. Un témoignage bouleversant, authentique, sans invectives, d’un collaborateur de longue date de Charlie Hebdo, parti ce jour-là en retard pour la réunion de rédaction de l’hebdomadaire satirique du 7 janvier 2015, première de l’année. Retard qui lui sauva la vie car il arriva tout juste après le départ des terroristes pour trouver ses collègues et amis assassinés...

Une tournée québecoise de Zineb El Rhazaoui organisée par des membres du Parti Québecois

On lit un peu partout d’autres témoignages de membres de la rédaction de Charlie Hebdo dont certains ont survécu à la tuerie, d’autres n’étaient pas présents mais s’expriment en son nom. Ainsi Zineb El Rhazaoui, notamment lors d’une tournée au Québec organisée par des membres du Parti Québecois qui, lorsqu’il était au pouvoir entendait mettre en place une Charte des Valeurs prônant le respect de la laïcité dans l’espace public. Ce qui avait provoqué des débats houleux dans un pays appliquant par ailleurs le multiculturalisme. Une Charte quelque temps reléguée au second plan lors de la défaite du Parti Québecois au printemps dernier.

Cette tournée très médiatisée de celle qui est présentée à tort comme « une survivante » de Charlie Hebdo, car elle n’était pas sur place lors de la tuerie, a été l’occasion au Québec de reparler de ces questions de manière insistante avec une Zineb El Rhazaoui intervenant dans un débat qui agite toujours la province francophone. Invitée par maint media elle a prôné inlassablement « le devoir de dénoncer l’intégrisme », mettant en garde contre « les accommodements raisonnables [qui] ouvrent grand la porte à la ghettoïsation, à des enclaves où vivraient des communautés considérées comme incapables de composer avec les valeurs occidentales « sacrées », telle l’égalité entre les sexes ».. « Les musulmans qui vivent en France et dans les sociétés occidentales devront accepter » répéta-t-elle, « le sens de l’humour et se plier à la laïcité s’ils souhaitent véritablement s’intégrer aux sociétés démocratiques au-delà du discours superficiel ». Et « il faut dénoncer l’intégrisme » affirma-t-elle en réponse à une déclaration du Premier ministre québecois, Philippe Couillard, y voyant simplement « une pratique religieuse poussée à l’extrême qui demeure un choix personnel acceptable tant qu’elle n’enfreint pas les droits des autres ».

Un antisionisme obsessionnel virulent derrière un plaidoyer pour la laïcité

Toutefois tout un pan de la pensée de cette journaliste qui s’exprime désormais au nom de la rédaction de Charlie Hebdo est bien moins connu. Par le passé elle a vilipendé Israël, qu’elle a qualifié « d’État colonial raciste ».

Plus récemment, après les tueries de Paris, celle de Charlie Hebdo puis celle de l’épicerie casher Porte de Vincennes, Zineb El Rhazaoui était interviewée à Paris par un journaliste tunisien, Samir El Wafi, pour son émission « Liman Yajro fakat » - Seulement pour celui qui ose – diffusée le 25 janvier dernier. La plus grande partie de leur échange portant sur le droit ou pas de dessiner Mahomet – ce qui n’est pas interdit dans le Coran ou la Sunna, dit-elle, et se fait chez les Chiites -, de le caricaturer, si la liberté d’expression ne se limite pas à la sensibilité religieuse des autres. Des musulmans en l’occurrence, Charlie Hebdo ayant moqué les trois religions monothéistes, mais aussi et sans doute surtout les hommes politiques français, entre autres thèmes très divers. D’où des procès intentés à l’hebdomadaire, une attaque au cocktail Molotov en 2011 à la veille de la parution d’un numéro spécial baptisé pour l’occasion « Charia Hebdo », avant la tuerie perpétrée par deux terroristes islamistes.

Mais cette interview a également été l’occasion d’aborder un autre aspect de cette affaire très peu évoqué. En réponse à Samir El Wafi qui l’interroge sur la connaissance de l’islam des autres journalistes de Charlie Hebdo Zineb El Rhazaoui répond : « Charb...ce qu’ignoraient ces tueurs ou ceux qui le critiquaient en tant que caricaturiste, était une des plumes françaises qui défend la cause palestinienne, c’était un ami très proche du peuple palestinien, il est allé dans les Territoires occupés, il avait beaucoup d’amis palestiniens et il avait beaucoup d’amis parmi les défenseurs du peuple palestinien ». Et de conclure : « il a été assassiné par des gens qui n’ont certainement pas rendu service à la oumma ». Surprenante cette utilisation d’un terme signifiant « la communauté des musulmans » par celle qui nuance pourtant par ailleurs, décrivant une diversité composée de « musulmans religieux, laïques ou athées »...Significatif aussi de voir souligner ce qui fait le ciment d’un groupe par ailleurs très fracturé jusqu’au massacre, comme en Syrie, en Irak ou au Yémen, à savoir « la cause palestinienne », comprendre un antisionisme virulent.

Thème qui sera abordé vers la fin de l’entretien quand Samir El Wafi lance la journaliste sur la présence douteuse, dit-il, de certains dirigeants lors de la grande manifestation qui eut lieu à Paris – et partout en province - dans la foulée des deux attentats sanglants du début de l’année 2015. Parmi ces dirigeants il ne cite que Benyamin Netanyahou « qui a commis des crimes, tué des enfants, des femmes, des milliers et milliers et malgré tout était en première ligne de ceux qui défendent la liberté d’expression et les valeurs de la vie »....

Discours de mise dans les pays arabo-musulmans, perche tendue que s’empresse de saisir celle qui se présente comme porte-parole de Charlie Hebdo. Déclarant avec véhémence et la seule fois où, en 45 minutes, elle évoquera les victimes juives de la seconde tuerie : « C’est moi qui l’ai amené Netanyahou ? Coulibaly qui a tué les Juifs, c’est lui qui l’a amené...la presse française dit qu’il s’est imposé à François Hollande quand les Juifs ont été tués et que Hollande a alors invité Abbas ». Elle s’emporte « je me fous de leur présence, que ce soit les Israéliens ou la délégation saoudienne...une chose que nous avons regrettée en tant qu’équipe de la rédaction c’est de ne pas avoir pris des caricatures de Netanyahou et des dictatures présentes en première ligne et tous ces pays qui ne respectent pas la liberté d’expression et interdisent la vente de Charlie Hebdo chez eux »...

En Israël une chaîne de librairies renonce à distribuer Charlie Hebdo suite aux pressions de responsables arabes israéliens, censure contournée par Avigdor Lieberman

Pourtant, et elle l’ignore sans doute, en Israël, pays qui pourrait donner à plus d’un des leçons en matière de liberté d’expression, une chaîne de librairies a dû annuler la vente du premier numéro de Charlie Hebdo paru après les tueries suite aux menaces d’un député arabe israélien et de représentants d’Arabes israéliens... . Elle ignore sans doute tout autant que le ministre des Affaires étrangères israélien a alors demandé aux membres de son parti d’acheter des centaines d’exemplaires de ce numéro pour les distribuer gratuitement au nom, justement de la liberté d’expression. Il déclarait que « l’on ne peut transformer l’État d’Israël en l’État Islamique » ni « céder au terrorisme ».

Jusqu’au bout de l’entretien cette journaliste attaque le Premier ministre israélien

Puis, en fin d’interview, Zineb El Rhazaoui revient à sa « tête de Turc » préférée, même si elle prononce en passant le nom d’Erdogan. « On rigolait que Netanyahou soit là, prétende être notre ami comme le Pape aussi. Depuis quand Netanyahou est un humaniste, aime la paix et l’humanité ? C’est un criminel de guerre et personne ne l’ignore ». Elle poursuit : « François Hollande est venu. On lui a tendu la main. Il n’a pas de sang sur les mains », revenant encore à la charge contre le Premier ministre israélien pour dire au nom de « toute l’équipe » : « nous aurions refusé de tendre la main à Netanyahou ou même d’être à côté de lui.... »

Un antisionisme ne datant pas d’hier...

Il faut dire que son acharnement anti-israélien est une constante...En juillet 2014 dans un journal marocain – Maroc où elle avait cessé d’écrire après la fermeture du journal auquel elle collaborait en janvier 2010, puisqu’elle quitta dans la foulée d’une interpellation musclée en juin 2010 mais où elle peut travailler et séjourner à nouveau, semble-t-il, - elle indiquait ni plus ni moins que l’enlèvement des trois adolescents israéliens – Naftali Fraenkel, 16 ans (également citoyen américain), Gil-Ad Shaer, 16 ans, et Eyal Yifrah, 19 ans assassinés peu après leur enlèvement – était « une mise en scène » destinée à justifier une attaque contre Gaza et à détruire l’unité nationale entre Fatah et Hamas – fraîchement établie et qui n’a d’unité que de nom...-. S’est-elle seulement excusée après la découverte de leur corps ?

En janvier 2009 elle se rendait à Gaza avec une délégation de journalistes arabes pour soutenir la population locale. Dans le journal saoudien Alryihad elle accusait Israël d’avoir ciblé un centre de presse et les journalistes pour leur faire peur et les empêcher de faire savoir ce qui se passait. Mais il n’existe pas grand chose des reportages de celle qui, selon Wikipedia, aurait été « reporter de guerre...de 2008 à 2009 » dans l’enclave gouvernée par le Hamas. Aurait-elle alors écrit sur la piteuse condition féminine dans ce fief des Frères Musulmans, elle qui se déclare féministe et militante des Droits de l’Homme ? On n’en trouve en tout cas pas la trace...



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