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L’ambiance à la salle de presse du Quai d’Orsay
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 2 février 2006

Le point de presse du 31 janvier 2006 du porte-parole du Quai d’Orsay est particulièrement révélateur de l’ambiance qui règne en cette occasion.

A propos du Moyen-Orient, nous passerons rapidement sur le fait qu’un interlocuteur du porte-parole a essayé de le mettre en difficulté, à propos d’une déclaration faite par Vladimir Poutine, au lendemain de la réunion du Quartet à Londres.

Dans cette déclaration, le président russe a, selon le texte diffusé sur Proche-Orient.info, indiqué que la position de la Russie « est différente de celle des Etats-Unis et de l’Europe occidentale » et que la diplomatie russe « n’a jamais considéré le Hamas comme une organisation terroriste ».

Mais, il faut, préciser qu’il a immédiatement ajouté : « Cela ne signifie pas que nous acceptions et approuvions tout ce que fait le Hamas » et les déclarations qui ont été faites récemment.

Le diplomate français a répondu suivant son habitude, lorsqu’une question le gêne : « Je ne vois pas à quelle déclaration vous faites allusion, mais, je vous rappelle que la Russie fait partie du Quartet ».

L’interlocuteur ayant alors précisé : « Dans sa conférence de presse ce matin, M. Poutine a fait cette déclaration », le porte-parole de lui répondre : « J’avoue que je n’ai pas vu cette prise de position de M. Poutine ».

En revanche, sans savoir s’il s’agit - bien que ce soit vraisemblable - du même interlocuteur, nous pensons intéressant, pour ne pas dire inquiétant, de relever la suite des questions posées au diplomate français.

A propos des conditions posées pour une coopération avec le Hamas, invité (plus que sommé) à respecter trois conditions : renoncer à la violence, reconnaître Israël et respecter les engagements pris précédemment (Oslo et autres...), la « question » suivante, encore qu’il s’agisse plus d’une prise de position que d’une question, a été posée :

« Etes-vous conscients de la gravité et de l’injustice à l’égard des Palestiniens ou bien continuerez-vous à demander que les Palestiniens reconnaissent l’Etat d’Israël, malgré le fait que l’Etat palestinien n’a pas encore vu le jour et qu’Israël n’a pas honoré ses engagements ? »

La réponse du porte-parole est tout à fait révélatrice du « faux parallélisme » que les autorités françaises, quel que soit le ministre en charge des affaires étrangères, ont tenu et continuent à tenir à propos du conflit du Moyen-Orient :

« Nous n’allons pas nous lancer dans ce débat. Il faut d’abord lire intégralement la déclaration du Quartet et notamment le troisième paragraphe avant la fin. Il y est bien rappelé aux deux parties leurs obligations au titre de la Feuille de route et il leur est demandé d’éviter des actions unilatérales qui pourraient porter préjudice aux questions relevant du statut final. L’appel ne s’adresse donc pas seulement aux Palestiniens. Il s’adresse également à Israël ».

Et de poursuivre : « Nous sommes bien tous conscients que si nous voulons progresser pour ce qui est du processus de paix et de la mise en œuvre de la Feuille de route, il ne faut évidemment pas faire porter de façon unilatérale le poids sur les Palestiniens. Nous sommes tous conscients qu’il faudra également un engagement des Israéliens. C’est parfaitement évident et tout le monde en est d’accord ».

Et le porte-parole ayant précisé les attentes de la communauté internationale de la part du nouveau gouvernement que constituera Mahmoud Abbas, son interlocuteur de remonter au créneau : « Mais considérez-vous qu’il n’y a qu’aux Palestiniens qu’il faut ainsi poser des conditions ? Il y a un réel sentiment d’injustice dans les commentaires de la presse arabe ».

Aussi, pour « rassurer » cet interlocuteur, particulièrement « coriace », le diplomate français de répondre : « J’ai attiré votre attention sur les messages envoyés aux Israéliens dans le communiqué du Quartet. Nous sommes bien conscients de ce que, pour qu’il y ait un processus de paix, il faut que les deux parties soient engagées dans ce processus. Il y a des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies que vous connaissez, ainsi que nos positions sur les mesures prises de façon unilatérale par Israël. Il y a des choses que la communauté internationale ne reconnaît pas, c’est parfaitement clair ».

Nous relèverons, au passage, que la France se croit autorisée à parler pour le monde entier.

C’est sans doute cela que le président Chirac appelle l’« exception culturelle française »....

Et « notre » interlocuteur de brandir la menace du chantage au soutien financier : « Mais n’y a-t-il pas un risque de radicaliser les Palestiniens et de les pousser à chercher des soutiens ailleurs ? ».

Termes voilés pour désigner, vraisemblablement, un éventuel appel à l’aide de l’Iran.

Et c’est sans doute pour le rassurer que le porte-parole l’à renvoyé « à ce qu’a dit le ministre, à ce sujet, hier. Il a indiqué qu’il serait contre-productif de brandir, aujourd’hui, des menaces de sanctions ou de rupture de l’aide ».

C’est ce que « diplomatiquement » ou gentiment Proche-Orient.info a appelé « la position molle de Douste-Blazy ».

De fait, la France est toujours pusillanime face aux Palestiniens.

Le porte-parole du Quai d’Orsay de dire, en effet : « Nous sommes tout à fait conscients qu’il y a un risque de pousser la population palestinienne vers les extrêmes. Nous envoyons ce message maintenant et c’est aux Palestiniens de former le gouvernement en ayant en tête ce message de la communauté internationale. Notre souhait n’est pas de radicaliser les populations, ni de les pousser vers les extrêmes, mais bien de créer les conditions d’un dialogue et de préserver le processus de paix ».

Et pour bien montrer qu’il n’était pas seulement le porte-parole de la « partie palestinienne », l’interlocuteur insistant de poser sa dernière question :

« Un de nos confrères israélien, Antoine Chalhat, est frappé par une décision du gouvernement qui lui interdit de sortir du territoire. Avez-vous un commentaire ? ».

Et le porte-parole, décidément, au courant de peu de choses, de répliquer : « Je ne suis pas au courant de ce cas individuel. Nous allons nous informer et je vous répondrai un peu plus tard. De façon générale, nous sommes très soucieux de tout ce qui permet à la presse d’exercer son métier de façon libre. Nous vérifierons ce qu’il en est pour le cas que vous mentionnez ».

Toujours la France à la pointe de la défense des libertés.......



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